Étudier à Trois-Ri: On jase de sexualité avec une sexologue

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Le 14 février dernier, j’ai eu la chance de recevoir et d’interviewer une sexologue au parcours exceptionnel. Cette semaine, après un petit retour sur notre conférence, je propose quelques-unes de ses perspectives sur la santé sexuelle et relationnelle qui sont particulièrement pertinentes pour la population étudiante. Je terminerai en mentionnant les ressources en la matière dans notre région.

Isabelle Cossette (à gauche) et Camille Cossette (à droite) lors de la conférence – Crédits photo : Véronique Durocher

Retour sur la conférence

Nous nous trouvions sur la scène de la Chasse-Galerie devant un public, on se l’avouera, épars. Assise avec une veste fleurie et sur un tabouret, micro à la main, Camille Cossette attendait mes questions. Camille Cossette, c’est une sexologue. Elle est membre de l’Ordre des sexologues du Québec ; vice-présidente de l’Association des sexologues du Québec ; étudiante à la maîtrise en intervention féministe de l’Université de Montréal ; et, surtout, cofondatrice de la Maison la Grande Ourse Montérégie, la toute première maison de thérapie pour survivantes de violences sexuelles au Québec. Celle-ci est située à Saint-Ours (un village près de Sorel), en Montérégie, et a ouvert ses portes il y a un an. Camille travaille dans cette maison de thérapie, mais a aussi une pratique privée à la maison. Elle reçoit donc ses clients (majoritairement des clientes, en fait) dans son bureau ou par Zoom.

J’étais particulièrement ravie d’interviewer Camille, une personne que je trouve objectivement et subjectivement formidable et fascinante. Subjectivement parce que, en toute transparence, c’est ma sœur.

Nous avons discuté pendant près d’une heure de divers sujets. Elle a commencé par expliquer ce qu’est une sexologue avant de parler de sa spécialité, c’est-à-dire la relation d’aide auprès des survivantes de violences à caractère sexuel et de violence conjugale, pour qui elle s’est acharnée pendant près de deux ans à créer une maison offrant des séjours thérapeutiques de deux semaines permettant aux survivantes de se concentrer sur la guérison des maux psychologiques causés par la violence sexuelle. Camille a parlé avec fierté du fait que, puisque la Maison est un fournisseur de services pour l’IVAC (l’indemnisation des victimes d’actes criminels), un organisme du gouvernement du Québec, tous les séjours sont gratuits.

Mission de la Maison la Grande Ourse Montérégie – Crédits photo: Site Web de la Maison

Plus tard, Camille a aussi donné des recommandations très pertinentes. Cependant, j’ai voulu la recontacter pour obtenir des conseils visant encore plus la population étudiante. Je vous présente les résultats de nos échanges.

Suite de l’entrevue

Que font les sexologues et comment peuvent-elles aider les étudiants et étudiantes?

Elles peuvent les aider dans leurs relations avec les autres et contribuer à ce qu’ils aient des relations amoureuses saines, sécuritaires et nourrissantes. Elles peuvent les aider à vivre positivement ces relations, à réduire les conflits, à travailler sur eux-mêmes et à voir comment vivre positivement leur sexualité, entre autres.

Que font les sexologues?

On aide les gens dans leurs interactions sociales, plus spécifiquement parfois liées aux relations amoureuses, certes, mais avec des techniques qu’on peut donner et qui peuvent être appliquées dans d’autres cadres de relations sociales.

Quels sont des problèmes fréquents que tu observes chez ta clientèle étudiante ou ta clientèle de jeunes adultes?

J’observe des difficultés d’affirmation de soi, d’estime de soi, de confiance en soi et en les autres. Il arrive aussi parfois que les gens se demandent comment profiter d’une sexualité saine, comment pouvoir communiquer, nommer clairement les choses et se faire confiance pour bien nommer les choses. Je constate aussi beaucoup d’anxiété et de difficulté d’interprétation. Nos programmations sont influencées par notre vécu, notre éducation, nos valeurs, etc. Certains ont de la difficulté à se rappeler que nos perceptions peuvent être biaisées par cela et que c’est toujours mieux de les valider avec les autres, de vérifier leurs intentions. Je constate aussi que les jeunes adultes doivent apprendre à s’autovalider et se valoriser, à être bienveillants envers eux-mêmes, à prendre du temps pour eux et leur bien-être, à relaxer. Ils doivent apprendre à ne pas toujours être dans la performance.

Pourquoi est-il important d’avoir une sexualité épanouie?

Parce que ça fait partie de l’expérience humaine ! Ce n’est pas pour rien qu’on a autant de terminaisons nerveuses sur le clitoris. La sexualité, c’est fait pour le plaisir, c’est supposé être agréable. On est des êtres sexués, on naît par la sexualité. Avoir une sexualité épanouie fait partie du fait d’être bien avec soi-même. La sexualité, et pas seulement les relations sexuelles, c’est aussi son image corporelle, c’est être bien dans son corps, c’est apprécier le plaisir qu’on peut se donner avec son corps, c’est pouvoir profiter au maximum positivement de l’expérience humaine sans avoir de risques de coercition, de menaces, etc.

Si tu avais à donner de grands conseils relationnels ou sexuels, qu’est-ce que ce serait?

Communiquer, communiquer et communiquer. Non mais sans blague, je dirais de prendre du temps pour soi et de favoriser son bien-être. Il y a une seule personne avec qui on est 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et c’est soi-même. On est la personne la plus importante au monde. Je dirais qu’il faut redéfinir c’est quoi, être égoïste, et qu’il faut apprendre que ce n’est pas égoïste de prendre du temps pour soi. Procrastiner de temps en temps fait du bien aussi. Au niveau de la sexualité, il faut respecter quand on n’a pas envie de faire quoi que ce soit et enlever de son cerveau le concept de normalité dans la sexualité. La normalité est propre à chaque personne, elle n’existe pas pour un groupe entier. Tout ce qui est nécessaire, c’est d’être bien avec ce qu’on fait, avec soi-même, et avoir du plaisir là-dedans.

Quels sont des ressources et services incontournables en matière de santé sexuelle que la population étudiante devrait connaître?

Tout d’abord, il faut dire que les personnes qui sont sexuellement actives avec plus d’un partenaire devraient faire des dépistages aux six mois. Elles devraient utiliser le condom puisqu’il prévient la grossesse et les ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang), mais devraient aussi passer des tests.

Pour mieux comprendre les différents aspects de la sexualité, Les3sex est un très, très bon site. Le site de On SEXplique ça aussi. Pour la contraception, on parle beaucoup des médecins, mais poser des questions à son pharmacien, c’est vraiment une bonne chose puisqu’ils sont probablement les professionnels les plus accessibles. En matière de santé sexuelle LGBT, il peut être intéressant d’aller voir le regroupement des organismes LGBT au Québec pour avoir des informations sur les ressources existantes. Ensuite, je dirais que généralement, il y a souvent maintenant dans les universités, une sexologue – il y avait un poste affiché à l’UQTR, je ne sais pas si quelqu’un a été trouvé. Pour les services pour personnes survivantes, les CAVACS (centres d’aide aux victimes d’actes criminels) et les CALACS (centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel). D’ailleurs, il y a un excellent CALACS à Trois-Rivières.

Ensuite, l’IVAC est indispensable et incontournable, c’est ce qui donne accès à un suivi individuel en sexologie et paie aussi pour la Grande Ourse. Si on a vécu un acte criminel, même s’il n’y a pas eu de plainte déposée à la police, on peut faire une demande d’IVAC en remplissant un formulaire en ligne. La personne responsable du dossier a seulement besoin d’être certaine à 51 % que le crime a vraiment eu lieu et, une fois le dossier accepté (ce qui peut prendre quelques mois), la victime peut avoir accès à divers services psychologiques, notamment aux services d’une sexologue. Étant donné ma spécialité, une grande partie de ma clientèle est composée de personnes qui ont un dossier accepté de l’IVAC.

Site Web de Camille Cossette, sexologue – Crédits photo : Site Web de Camille Cossette

Les services à Trois-Rivières

Le CALACS de Trois-Rivières est actif et franchement formidable. J’encourage les personnes survivantes qui sont disposées à le faire à communiquer avec ce centre.

Pour les dépistages, à Trois-Rivières, vous pouvez prendre rendez-vous auprès d’une clinique de santé sexuelle ou de l’organisme Tandem, qui offre des rendez-vous plus rapidement. Il est aussi possible de communiquer à ce sujet avec le Service de santé des Services aux étudiants à l’UQTR.

Pour en savoir plus sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels, consultez le site de l’IVAC. Si vous êtes intéressés à en savoir plus sur la Maison la Grande Ourse Montérégie, vous pouvez consulter son site Web ou la suivre sur Facebook, Instagram ou LinkedIn!

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