Jusqu’au 23 mars prochain, le Centre culturel Pauline-Julien présente l’exposition Thébaïde: solitude numérique de Yannick Nolin. Avec son appareil photo, l’artiste a saisi un mal mondial: celui de la dépendance aux téléphones intelligents.
Voyage, voyage
L’artiste Yannick Nolin n’est pas à sa première expérience artistique. Cinéaste de profession, il habite Québec où il dirige Kinomada, un organisme à but non lucratif qui encourage la création de courts-métrages à travers le monde. L’artiste adore voyager et c’est un périple au Pérou qui l’a rendu passionné de l’art de la photographie. Et c’est à nouveau durant un voyage qu’il a eu l’idée de Thébaïde: solitude numérique.
En effet, lors d’un séjour à Paris, il a fait face au constat que les appareils intelligents étaient dans toutes les photos qu’il prenait. En mode voyeur, il s’est donc mis à prendre en photo des personnes avec leurs téléphones, toujours à leur insu, n’arrêtant jamais quelqu’un pour l’avertir. Il souhaite ainsi saisir la réalité présente et y donner un aspect poétique. Loin de faire une critique de cette dépendance ou de tenter de trouver une solution à ce problème, Yannick Nolin dresse plutôt un portrait qui se veut anthropologique.
Bel isolement
L’exposition présente 24 photographies en noir et blanc sur lesquelles, parfois subtilement, une personne tient son téléphone dans ses mains. Plusieurs photos se situent à Paris, mais l’artiste a poussé sa recherche plus loin, puisque l’on peut voir des photos prisent au Chili, au Mexique, en Syrie, en Algérie, à Rouen, à Barcelone, à Istanbul et bien d’autres. Effectivement, Yannick Nolin ne s’est pas arrêté à la Ville lumière puisqu’il s’est servi de son projet pour voyager.
Plusieurs constats se font lors de la visite de cette exposition, entre autres que le phénomène de l’isolement de l’humain avec l’électronique n’est pas qu’occidental. Que l’on soit en Algérie, au Mexique ou en Turquie, le téléphone cellulaire brime les contacts humains. Le contraste est d’ailleurs frappant, puisque l’on peut voir autant une femme voilée textant que des jeunes Parisiens déambulant dans la rue.
En mode voyeur, Yannick Nolin s’est donc mis à prendre en photo des personnes avec leurs téléphones, toujours à leur insu, n’arrêtant jamais quelqu’un pour l’avertir.
Le plus remarquable est que ces portraits, bien que cela ne soit pas le but, montrent à quel point nous sommes dépendants de cette technologie et que de l’être est un peu absurde. Une photographie illustre bien cette pensée, car nous pouvons voir deux amies attendant le métro, mais elles ne se parlent pas, puisqu’elles ont toutes deux les yeux rivés sur leur téléphone portable. Les appareils passent maintenant avant les relations humaines.
Malgré la triste réalité que Yannick Nolin nous montre, il est facile de trouver l’exposition belle et sereine. L’impression en noir et blanc en est pour beaucoup, mais l’angle duquel sont prises les photos est aussi très artistique. Les différentes personnes capturées par l’appareil ne sont pas centrales dans les photos. Parfois en retrait, l’effet accentue cette solitude moderne. L’exposition Thébaïde: solitude numérique est présentée jusqu’au 23 mars 2014.
Pour plus d’information sur la programmation du Centre culturel Pauline-Julien, visitez le www.ccpj.ca.