Fa que de Patrice Desbiens : de poèmes et de science

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À ma plus grande joie, en ce mercredi 5 avril, Patrice Desbiens fait paraitre un nouveau recueil. Après 60 poèmes, alors qu’on croyait qu’il n’avait plus d’inspiration pour les titres, il nous surprend avec : Fa que. On retrouve encore une fois sa poésie de la quotidienneté. Parfois éblouissante par sa beauté simple et sa précision, mais aussi cynique et même simpliste, Desbiens navigue entre la nuit et la lumière.

Couverture du recueil. Crédits : Éditions Mains libres

Tentacules de lumière

Le recueil s’ouvre sur une citation d’Hector de St-Denys de Garneau : « Quand on est / réduit à ses os / Assis sur ses os / avec la nuit devant soi ». Et donc, d’entrée de jeu, on s’imagine qu’il n’y en aura pas de facile.  Mais Desbiens nous surprend tout de même avec un peu de lumière. On la trouve dans la poésie comme manière d’être dans le monde : « une chicane / de moineaux / déchire le silence / du soleil //un poète passe / sous l’arbre / avec sa pluie / et ses poèmes / et // les moineaux / se mettent / à // chanter. » C’est pour cette beauté simple qui nous accompagne dans les moments les plus banals de la vie que je lis la poésie de Desbiens.

Selon moi, le poète excelle également dans le domaine de l’empathie : « Tu te réveilles dans / le milieu de la nuit et / c’est la guerre partout / à la TV / tu éteins la TV / mais la guerre continue / dans ton lit / et // dans ton ventre ». Il prend le parti des gens qui souffrent dans ce monde où partout, ça « flambe ».

C’est pour cette beauté simple qui nous accompagne dans les moments les plus banals de la vie que je lis la poésie de Desbiens.

Patrice Desbiens, le poète derrière Fa que. Crédits : LireEnOntario.ca

La nuit

La nuit s’impose rapidement dans le recueil comme une figure clé. Cette nuit, « ce n’est pas / la vraie nuit // c’est la nuit / de l’homme ». Fa que dresse un portrait sombre de notre époque où la science règne en maitre et fait remettre en question la valeur de l’humain : « on lui arrache la peau et /on fait des portefeuilles avec / pour mettre l’argent qu’on fera / avec le don de son sang et /de ses organes » Ces passages sont parfois si justes qu’ils en sont déprimants. La référence à St-Denys-de Garneau en est évocatrice : le poète ne se reconnait pas dans cette société calculatrice. Elle le lui rend bien d’ailleurs puisqu’elle ne semble pas voir l’utilité de son travail : « Verlaine / c’est // facile / dit-elle / sous / un ciel bleu / comme un beau / cinq piasses neuf ».

Face à ce monde qui le refuse, le poète a de la difficulté à écrire, il tourne en rond : « je rêve au poème / qui rève à moi // et quand / je me réveille / mon lit est vide / page blanche / froissée / de // rêves raturées ». Ces poèmes, même s’ils servent la logique du recueil, tournent parfois un peu à vide. Le poète a parfois pour réponse la noirceur plutôt que poésie et lumière. Il donne alors un peu raison à l’esprit de notre époque en soulignant le caractère dérisoire de nos existences : « où on est // qu’un mauvais croquis / dessiné par un étranger / pour des étrangers ».

En somme, Fa que est un recueil qui continue d’aimer l’humain même après avoir décrit toutes ses plus grandes bêtises, même en le détestant parfois.

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