
C’est dans le cadre de la journée mondiale de la philosophie de l’Unesco du jeudi 19 novembre dernier que le département de philosophie de l’UQTR a reçu la philosophe Magali Bessone pour la conférence portant le même nom que son dernier livre : Faire justice de l’irréparable. La conférence avait lieu via Zoom et ce sont plus d’une soixantaine de personnes qui se sont postées devant leur écran pour l’écouter.
La conférence était organisée avec la Société de philosophie des régions au cœur du Québec et en collaboration avec la série de conférences en éthique féministe du Centre de recherche en Éthique.
Philosophe, professeure et auteure
Magali Bessone est professeure de philosophie politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ancienne élève de l’ENS Paris, agrégée et docteure en philosophie, elle travaille entre autres sur les théories de la justice et de la démocratie et les théories des races et du racisme. Elle s’intéresse plus particulièrement aux réparations, soit les réparations des injustices passées.
Elle débute sa conférence en expliquant que son livre comporte deux enjeux croisés : un épistémique et un pratique. Le premier enjeu consiste à donner véritablement ses chances à une pratique philosophique. Le second enjeu consiste à chercher à examiner comment les demandes de réparation, au titre de la traite et de l’esclavage colonial en France, peuvent être formalisés en théorie de la justice.
Comment régler le passé?
À travers sa conférence, elle présente les thèmes de son livre dans l’ordre inversé. Elle commence en parlant de la polémique telle qu’elle existe en France. En effet, les demandes de réparation au titre de la traite et de l’esclavage colonial suscitent des débats houleux.
Selon certains historienNes, anthropologues et philosophes, il est possible de dater l’apparition du problème public des réparations entre 1998 et 2001. Entre ces années, on observe un passage des réparations comme objet de commémoration des mémoires à des réparations qui pourraient exister politiquement.
Ce passage a immédiatement posé un problème dû au fait que si le temps semblait venu de rendre compte des crimes du passé, comment régler le passé? Comment réparer les crimes dont tous les protagonistes et victimes sont disparuEs?
Ce qu'[elle] suggère, c’est de prendre au sérieux l’exigence de justice s’exprimant dans les demandes de réparations.
Réparation de l’histoire
Les demandes de réparations, lorsqu’elles ont pris une tournure juridique et matérielle, ont été considérées comme ayant pour objectif d’attiser la haine sociale et de précipiter la division du corps politique.
On parle plus particulièrement de quatre sources de malentendus : la difficulté d’appréhender la nature exacte de l’injustice, l’erreur qui consiste à penser la réparation uniquement sous l’aspect de la compensation financière, la conviction que des politiques de justice distributive pourraient répondre aux demandes de réparation tout en évitant le risque de division du corps social et finalement, la tendance à identifier à tort culpabilité causale et morale et responsabilité de réparation pour les agents contemporains.
Vers la justice transitionnelle
Ce que Magali Bessone suggère, c’est de prendre au sérieux l’exigence de justice s’exprimant dans les demandes de réparations. Elle considère qu’il faut laisser de côté la théorie de la justice corrective et la théorie de la justice distributive pour se tourner vers une justice transitionnelle.
Pour vous procurer le livre de Magali Bessone, Faire justice de l’irréparable, vous pouvez visiter le site de Coopsco Trois-Rivières.