L’écrivaine Francine Ruel a présenté son tout dernier roman « Le promeneur de chèvres » lors d’une entrevue, jeudi le 15 septembre, avec la journaliste Patricia Powers de Radio Canada. L’autrice, qui n’en est pas du reste à son premier coup d’essai, compte 17 publications à son actif.

« Le promeneur de chèvres« , paru en 2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, raconte l’histoire d’un vieux monsieur qui fait la passation du savoir à la jeune génération. Tout est parti du climat d’angoisse, de peur et de décompte macabre qui a prévalu au plus fort de la pandémie de la COVID-19, a-t-elle fait observer.

« J’ai écrit ce roman au moment de la pandémie. Au début de la pandémie, je voyais tout le monde qui faisait des affaires, des créations formidables, mais moi, je n’avais pas d’idées, je disais : il faut que j’écrive quelque chose…. Moi, ça me dérangeait d’entendre des chiffres sur les morts. Et il y a du monde qui ne pouvait même pas assister à la mort (ndlr : aux funérailles) de ces gens-là, qui ont des noms et des prénoms. Ces gens-là ont eu des métiers, ont eu une vie« , a expliqué Francine Ruel.
Si le climat durant la pandémie était déjà particulier, c’est l’évaluation du nombre de morts en termes de pourcentage qui a encore renforcé la conviction de l’autrice à se lancer finalement dans « Le promeneur de chèvres », une oeuvre de 273 pages, subdivisée en quatre parties et parue aux éditions Libre Expression.
« En plus, lorsqu’on évaluait les morts en pourcentage, je me suis dit : on n’aura plus de vie ! Et je me suis dit, il faut que je trouve l’histoire d’une personne âgée, pourquoi pas », a poursuivi Francine dans ses explications.
Passation du savoir
Simple coïncidence ou hasard du calendrier, en allant voir son agent littéraire pour lui parler de son projet de roman, Francine Ruel découvre que ce dernier élevait un troupeau de chèvres. « Par moment, il se promenait avec ses bêtes, accompagné de ses voisins et quelques curieux, jusqu’à faire de cette promenade une activité touristique« , se rappelle Francine Fuel qui n’a pas voulu laisser passer cette illustration.
« Ah mon Dieu ! J’ai dit : quelle belle idée ! Juste faire une histoire sur le promeneur de chèvres. Et j’ai jumelé ça avec ce vieux monsieur qui fait la passation du savoir », a encore dit Francine, heureuse de trouver une histoire qu’elle allait dérouler avec conviction. Un récit de simulation dans lequel un vieillard au soir de sa vie, ne voulait pas partir sans transmettre à la jeunesse ce qu’il avait de plus précieux en lui: le savoir.
Le temps de l’émotion
Faisant d’une pierre deux coups, l’autrice en avait également profité pour décortiquer les contours de son autre livre « Anna et l’enfant-vieillard ». Une histoire vraie qui parle, cette fois-ci, d’un jeune homme, son propre fils, du reste équilibré, mais dont la vie a tout d’un coup basculé dans la rue. Le tout, sous les regards hébétés et impuisants de sa mère. Ce très populaire roman est d’ailleurs porté au petit écran sous la forme de la série Anna et Arnaud. Sa diffusion a débuté depuis le 13 septembre sur la chaîne TVA.
L’émotion était vive et palpable à l’intérieur de la librairie Poirier où a eu lieu cette entrevue, lorsque Francine Ruel s’est mise d’entrée de jeu à raconter l’histoire émouvante de son fils, comme si c’était celle de quelqu’un d’autre. Le courage de Francine Ruel a suscité l’émoi dans la salle composée majoritairement de femmes. Silence de cathédrale, on se croirait dans une messe de requiem.
Et pourtant, c’était un exercice difficile auquel elle était en train de se livrer à cœur ouvert, jusqu’à même scruter les moindres détails de la vie que mène actuellement son fils d’une quarantaine d’années. Même si la mère semble perdre tout espoir du retour à la vie normale de son fils, elle a néanmoins l’opportunité de le rencontrer par moment.
Parce que le savoir n’a pas d’âge
Le temps de l’émotion passé, l’autrice un peu emballée dans une entrevue à bâtons rompus, s’est quand même rendu compte de la nécessité de parler de ses autres livres.
Mme Francine n’en est pas au reste à son premier coup d’essai. Elle a dans son escarcelle un total de 17 publications dont les deux susmentionnés et une série de quatre numéros sur le bonheur, vendue à plus de 150 000 exemplaires. Qui est, sans doute, l’une de ses meilleures ventes.
Après plus de 50 ans dans la littérature, l’autrice n’a rien perdu de sa finesse et ne compte pas s’arrêter là. Elle se nourrit encore de nouvelles idées qui feront l’objet de sa prochaine publication, la dix-huitième, nous avait-elle confié lors des échanges informels qui ont précédé le début de l’entrevue.
Également impliquée dans la formation et la promotion des femmes, Francine Ruel enseigne l’écriture aux femmes âgées à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), dans le cadre d’un programme spécifique de l’Université du troisième âge avec un slogan bien trouvé: « Parce que le savoir n’a pas d’âge ».