Publié en novembre 2021 et paru aux éditions du remue-ménage, le livre Grève des stages, grève des femmes est une anthologie d’une lutte féministe pour un salaire étudiant entre 2016 et 2019. Il retrace les moments forts d’une revendication étudiante pour la rémunération des stages au Québec.
Annabelle Berthiaume, Amélie Poirier, Valérie Simard, Camille Tremblay-Fournier et Étienne Simard, rassemblèrent et réunirent les textes phares de cette mobilisation afin d’en préserver les traces et d’en inspirer les mouvements à venir.
Après l’avoir lu, j’ai tout de suite voulu vous faire découvrir cette véritable mine d’or, aussi riche qu’inspirante !
Aussi bien le dire d’emblée, la clarté du langage ainsi que la fluidité et la structure des textes rendent l’ouvrage plus que captivant. De plus, l’utilisation des affiches et des images de la campagne donnent vie aux textes. Touffue et dense, on parvient cependant à comprendre la pensée véhiculée dès les premières pages du livre.
La grève des stages est surtout une lutte des femmes !
Pour donner suite à mon introduction, l’ouvrage retrace les moments forts d’une lutte étudiante pour la reconnaissance des droits de rémunération des stages.
Plus particulièrement, dans le but de rejoindre des stagiaires dans des programmes composés majoritairement de femmes. Notamment : dans le domaine de l’éducation, du travail social, de la culture et de la santé (sages-femmes et soins infirmiers), etc.
De plus, cette mobilisation fut aussi un moyen pour les militant.e.s de mettre en lumière la dévalorisation du travail des femmes non rémunérées. Faisant ainsi référence au travail reproductif et à l’ensemble des travailleuses invisibles : les ménagères, les travailleuses du sexe, les personnes migrantes, etc.
« Cesser de donner au capitalisme un nombre incalculable d’heures de travail est une condition essentielle à l’éradication de toute discrimination sur le genre. Le poids du travail reproductif non rémunéré suit les femmes, comme une lourde dette… », s’expriment les militan.e.s.
Ainsi, la grève des stages a été un moyen efficace de faire pression au gouvernement en faveur des femmes.
CUTE : Un mouvement de vision et d’influence
En effet, la mobilisation fut initiée par la CUTE (Comité unitaire sur le travail étudiant). Ce fut un groupe composé majoritairement d’étudiantes qui s’organisèrent pour la reconnaissance et la valorisation des stages dans différentes régions au Québec. Parmi elles, on retrouve les auteures de ce livre.
La fin de la grève, pour la reconnaissance des stages en 2019, a marqué le début de la dissolution de ce comité.
Cependant, les militant.e.s sont loin d’abandonner leur vision. Ils et elles le font comprendre dans cet extrait :
« La lutte est loin d’être terminée, car l’objectif le plus crucial est d’obtenir la reconnaissance des études en tant que travail, et surtout un salaire pour les études ».
Eh ben, tout comme moi, vous l’avez certainement compris !
À côté de la reconnaissance des stages en tant que travail, les membres de la CUTE ont dû traverser le voile derrière lequel se cachait une réalité qui nous échappait : celle de la reconnaissance des études en tant que travail. En effet, elles et ils les perçoivent comme étant « une branche de production capitaliste. »
Ainsi, à travers cet ouvrage, les grévistes poursuivent leur objectif derrière l’esprit des textes.
De plus, ce livre « fournit aux mouvements étudiants, mais aussi aux autres mouvements sociaux, une mine d’idées sur le mode d’organisation le plus apte à mobiliser des milliers des personnes et à les maintenir engagés à long terme », laisse savoir les auteur.e.s.
Une grève porteuse de gain
Plus loin, les auteur.e.s, ex-militant.e.s de la CUTE, répondent enfin à ma préoccupation. La grève avait-elle porté ses fruits ?
Après deux ans de lutte et de mobilisation dans tout le Québec, faisant pression sur le gouvernement par des rassemblements des grandes envergures, les grévistes obtinrent gain de cause.
Quand bien que la satisfaction n’ait pas été totale pour certain.e.s, néanmoins la grève n’est pas demeurée stérile.
Car, il eut l’annonce officielle de « la création de bourses dans 16 programmes d’études liés aux domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux, au sein d’écoles de formation professionnelle, de cégeps et d’universités », laisse savoir les auteur.e.s.
Aussi, « en automne 2019, 17 000 stagiaires ont reçu une bourse dont le montant varie entre 900 $ et 4000 $. » Rajoutent-ils/elles.
Cependant, ce fut une longue période de mobilisation et d’actions pour les étudiantes. Des sanctions et des mentions d’échec n’excusèrent pas celles qui ne se présentèrent pas à leurs stages au profit d’une cause collective.