
Publié dans le premier trimestre de l’année 2021, Il n’y a pas que Beyoncé est un recueil de poésie qui allie la culture pop au black féminisme et à la sexualité féminine.
Bien ancrée dans la réalité américaine, la poésie de Morgan Parker, icône du black féminisme, se lit comme on lit un journal intime; le lectorat, trop conscient de son accès privilégié dans l’intimité de la poétesse, se voit aspirer dans un univers où être femme est synonyme de vulnérabilité, où être noire est synonyme de protestation.
Reconnue pour ses écrits qui rappellent les traditions orales, Morgan Parker se positionne à quelque part entre le désir et le dégoût, entre la fragilité et la performance. Âgée de 34 ans, la poétesse fait également partie de The Other Black Girl Collective, un duo de poésie qui s’enregistre dans la mouvance black féministe.
Dieu est une femme noire
À mi-chemin entre narration idiosyncratique et commentaire social, la poésie de Parker traite de la complexité qui serait propre à l’existence des femmes noires en Amérique à une époque où les corps sont victimes d’oppression.
« La seule chose qui est plus belle que Beyoncé est Dieu, et Dieu est une femme noire qui sirote du vin rosé » est-il écrit sur la quatrième de couverture de la version originale du livre.
Parfois heureux, parfois tristes, les poèmes mis de l’avant dans le recueil montrent une très grande habileté stylistique de la part de Parker qui n’hésite pas à jouer avec la forme: des vers en prose côtoient tout naturellement des poèmes en liste d’épicerie.

Poésie brutale et actuelle
La notion de race, celle de la femme noire, est centrale à l’oeuvre de Parker. Dans le poème intitulé Le Livre des N****s, Parker dit que « On émerge toujours./On chante contre la chaleur qui nous écrase./On porte noir./Contre la chaleur qui nous écrase./On n’appelle pas les flics./On remplit nos baignoires/de carillons à vent qu’on n’accrochera jamais./Nous Ne sommes rien. » Un peu plus loin, dans Gospel de Madame Jésus, la poétesse continue sur le thème de la chair en écrivant que « Jésus m’aime oui/Oui et mon corps/Mon temple au clocher/Mon Dieu ta chaire est une parole/Ma chair pour la grâce de toi/Je crois en tout ».
« And also, there’s an urgency: I don’t have time to entertain, I just need to get this out before I die. There’s so much fear that motivates a lot of those poems. » – Morgan Parker
En plus de son expérience personnelle, Parker s’inspire non seulement de Beyoncé, mais aussi de diverses femmes noires qui ont marqué l’histoire américaine; de Toni Morrison à Erykah Badu en passant par Michelle Obama, les références culturelles sont omniprésentes à travers le recueil. Pertinente et poignante, la lecture de la traduction française de There Are More Beautiful Things Than Beyoncé nous force à nous remettre en question et à ouvrir nos horizons aux réalités d’autrui; c’est avec un talent poétique indéniable que Parker réussit à convaincre son lectorat qu’en Amérique, « Rien n’a changé ».
Cette critique a été réalisée grâce à la collaboration de Coopsco Trois-Rivières. Coopsco Trois-Rivières est une coopérative qui offre à ses membres et clientèle tous les produits et services pour répondre à leurs besoins. Le titre a donc été recommandé par leur libraire et a fait l’objet d’un service de presse.