Le chanvre, plante-mère du cannabis, est une herbe extraordinaire et la population en général est complètement ignorante à son sujet. Constatant la désinformation ou encore le silence de certains médias, voici une brève histoire de sa criminalisation et quelques tabous qui l’entourent.
Saviez-vous que le premier modèle automobile de Henry Ford marchait à l’huile de cannabis, elle-même construite avec ce matériau? En effet, il s’agissait d’un plastique à base de cannabis, semble-t-il, dix fois plus résistant que le métal. Rappelons que pendant des milliers d’années, 90% des voiles et des cordes de bateau étaient en cannabis tout comme 80% des vêtements et textiles (linge, drap, draperie), jusqu’en 1820. En 1840, le Kentucky battait des records avec une production de 40 000 tonnes! C’était la culture la plus prolifique jusqu’au début du 20e siècle dans de nombreux états, surtout au nord.
Certains affirment que les plus vieux manuscrits à propos du cannabis datent de 5 000 ans avant notre ère et proviennent de la Chine (où le chanvre est considéré comme l’une des cinq céréales nationales), passant ensuite par l’Égypte qui en a fait une production industrielle. On raconte aussi que George Washington, Thomas Jefferson et d’autres pères fondateurs des États-Unis d’Amérique faisaient pousser du cannabis… tout comme Benjamin Franklin possédait l’un des premiers moulins à papier à base de cette plante.
Sur ce matériau qu’est le papier de chanvre a été imprimé les premières bibles, chartres, cartes et même le premier drapeau, la Déclaration d’indépendance et la Constitution des États-Unis! Jusqu’en 1880, tous les livres d’école étaient fabriqués à partir de cannabis ou de lin. Même l’Encyclopédie Britannica a été imprimée sur du papier à base de cannabis pendant plus de 150 ans, tout comme les toiles de la plupart des grands peintres connus tels que Rembrandt ou Van Gogh.
La première loi d’interdiction du cannabis aux États-Unis a été votée en Utah en 1915. Pourtant, de 1631 jusqu’au début des années 1800, il était légal en Amérique de payer ses taxes en chanvre. D’ailleurs, refuser de cultiver cette plante aux États-Unis durant le 17e et le 18e siècle était contre la loi! En Virginie, entre 1763 et 1769, un citoyen pouvait notamment être enfermé à ce sujet.
Pire encore: lorsque le cannabis a été ajouté au Canada à l’annexe de la Loi sur l’opium en 1923, il n’y a eu aucun débat, aucune justification, et plusieurs parlementaires ne savaient même pas de quoi il s’agissait!
Au milieu des années 1930, on donna le nom de « marijuana » (marihuana en anglais, originaire du joual mexicain) au cannabis pour diaboliser cette plante aux propriétés extrêmement variables : isolation, nourriture, textile, inhalation thérapeutique, papier, huile, essence, carburant, etc. S’il avait été légal, le cannabis aurait pu sortir l’Amérique de la crise financière de 1929 en créant des milliers, voire des millions d’emplois. Déjà en 1916, le gouvernement états-unien prédisait que vers 1940, tout le papier proviendrait du cannabis, car un acre de cette plante équivaut à 4,1 acres d’arbres.
Lorsque le cannabis a été ajouté au Canada à l’annexe de la Loi sur l’opium en 1923, il n’y a eu aucun débat, aucune justification, et plusieurs parlementaires ne savaient même pas de quoi il s’agissait!
Or, dès 1937, une ère de diabolisation et de mensonges médiatiques concernant l’usage du cannabis a commené, dirigée par les industries du bois, du papier et du pétrole. En septembre de la même année, la plante la plus utilisée au monde est devenue alors officiellement une drogue illégale en Amérique.
Encore de nos jours, le cannabis ne cesse de subir des pressions politiques illégitimes. En novembre 2009, l’expert David Nutt, psychiatre et pharmacologue, a été congédié de son rôle de conseiller gouvernemental en Angleterre pour avoir suggéré que le chanvre est moins nocif que l’alcool et le tabac, suggérant que le gouvernement se moquait des preuves scientifiques sur les effets bénins du chanvre. Selon lui, l’équitation est effectivement «plus dangereuse que la consommation d’ecstasy»!
Ces lois anti-marijuana sont moralement injustifiées, car elles privent les individus de droits personnels, soit de cultiver et d’absorber une plante naturelle, curative et utilitaire. Nous l’avons vu dans mon précédent article, l’usage du cannabis, en dehors du contexte médical, est principalement conçu comme une source de plaisir, voire comme un moyen d’augmenter la conscience et les sens, des raisons ayant trait à l’émancipation de soi et aucunement nocif pour la santé.
Actuellement, «le chanvre vit une renaissance comme bio-matériau composite, à cause de son bas prix, de sa légèreté et de son faible impact environnemental. La fibre de la plante psychotrope était couramment utilisée dans diverses industries avant que la lutte contre la drogue ne la rende suspecte. Déjà, en 2003, 3 250 tonnes de chanvre (moulé comme de la fibre de verre) ont servi dans la fabrication d’automobiles en Europe. Et bien avant cela, Henry Ford lui-même avait fait des prototypes en fibre de chanvre.»
«Que son expérience soit risquée ne signifie pas nécessairement qu’elle soit malsaine. Il ne faut pas confondre danger et nuisance.» – Francis Métivier, philosophe français.