Il y a presque 30 ans, en octobre 1983, les 1 000 délégués du Sommet de la jeunesse du Québec ont voté 45 résolutions, dont la transformation des industries militaires en industries civiles, le retrait du Canada de l’OTAN et du NORAD ainsi qu’une résolution visant à promouvoir la paix mondiale. À l’occasion de la semaine du désarmement (du 22 au 30 octobre 2012) et des élections présidentielles, voici où nous en sommes, une génération plus tard, avec un regard sur nos gentils voisins.
Le monde est toujours en guerre. L’axe Russie/États-Unis s’est maintenant déplacé sur le Moyen-Orient et la planète entière a les yeux rivés sur la Corée du Nord, l’Irak, le Liban, la Syrie ou l’Iran. Pendant ce temps, les gouvernements continuent de développer leur armement et leurs techniques militaires.
Le G20, créé en novembre 2008, est composé des pays industriels membres du G8 ainsi que d’économies émergentes. Collectivement, ces pays représentent 90% du produit national brut mondial et 80% du commerce international. Selon le quotidien La Presse, nous savons également que 80 à 90% des armes vendues dans le monde proviennent du G8, ce qui représente un budget de 646 milliards de dollars par année.
De plus, ce qui est troublant, c’est que dans les huit états possédant l’arme nucléaire (États-Unis, Chine, France, Russie, Israël, Grande-Bretagne, Inde et Pakistan), on compte au moins 31 000 ogives actives, et nos voisins du sud en détiennent presque les deux tiers! Évidemment, si l’on creuse dans la microsociologie, les États-Unis sont un foyer d’aberrations morales en ce qui concerne l’amour des armes. Voici quelques exemples :
- Au Missouri, les clients de Max Motors, un concessionnaire automobile, pouvaient choisir en mai 2008 un cadeau gratuit d’une valeur de 250$; soit une arme à feu, soit du carburant. Selon le directeur Walter Moore, l’arme l’emportait la plupart du temps.
- Dans le sud, il existe une ville nommée Kennesaw (dans la grande banlieue d’Atlanta) où il est normal et même obligatoire pour les citoyens de garder une arme à feu et des munitions à la maison! Cela grâce à un règlement écrit par l’avocat Fred Bentley et datant de 1982… en réaction spontanée à une loi pour interdire les armes dans une petite ville de l’Illinois.
- L’État de la Géorgie vient d’ailleurs d’autoriser le port d’armes dans les bars et les restaurants si les propriétaires sont d’accord, une nouvelle permissivité inquiétante selon la police locale. En Utah, les étudiants peuvent même depuis deux ans les porter sur les campus universitaires.
Comment peut-on croire que la prolifération des armes à feu peut véritablement favoriser la baisse de la criminalité? Après au moins 350 milliards de dollars investis par les États-Unis dans «la guerre au terrorisme», «une somme qui aurait pu sauver le monde mais qui n’a servi qu’à le détruire», selon l’expression d’un citoyen, tout porte à croire que les politiques mondiales sont en faveur de la guerre, nerf du capitalisme.
80 à 90% des armes vendues dans le monde proviennent du G8, ce qui représente un budget de 646 milliards de dollars par année.
En fait, avec plus de 400 milliards de dollars par an, les États-Unis consacrent autant d’argent que l’ensemble du reste du monde pour les dépenses militaires. De plus, entre 1966 et 2003, les États-Unis ont vendu pour 19 milliards de dollars US annuellement en armes conventionnelles/légères et en munitions. Leurs principaux clients ont été l’Arabie Saoudite, Israël, l’Égypte, la Turquie, Taiwan, la Corée du Sud, le Japon et le Royaume-Uni.
L’ONU préconise pourtant un équilibre raisonnable et la recherche constante de la paix par des consensus entre les grandes puissances mondiales et les pays émergents. Cependant, de nos jours, il se trouve que les rapports entre les nations du monde semblent davantage se régler «par la violence et la ruse et que les traités de paix ne sont guère que des trêves».
«J’estime que cette dynamique positive va se poursuivre et se renforcer», proclamait le président russe Vladimir Poutine, se félicitant du fait que son pays a vendu pour plus de 6 milliards d’armes dans le monde en 2005… Comment peut-on espérer à des solutions définitives et efficaces en faveur de la paix quand nos politiciens affirment de tels discours honteux?! Est-il encore permis d’espérer la paix en ce monde?
D’ailleurs, si l’on s’arrête sur le pourcentage du PIB réservé à l’aide au développement – c’est-à-dire moins de un pourcent – seuls cinq pays de l’ONU ont récemment atteint cette cible. Chose encore plus curieuse et effrayante à la fois, la plupart des pays dits civilisés dépensent davantage dans la sphère militaire qu’en éducation et en culture.
Alors, où en sommes-nous trente ans après les désirs pacifistes du Sommet de la jeunesse québécoise? À l’orée d’une nouvelle croisade entre l’islam et la chrétienté, alimentée par les tensions politiques de l’Occident contre des pays ultra-islamiques comme l’Iran, il semble que l’humanité soit toujours aussi puérile et immature dans la gestion de son agressivité et de ses conflits.