Je me souviens… Au pouvoir, citoyens! : 20 mai 2013, 10e journée nationale des Patriotes

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En novembre 2002, le gouvernement péquiste de Bernard Landry a opéré un changement de nom en faveur de la «Journée nationale des Patriotes» au lieu de la «Fête de la Reine» (Victoria Day) ou «Fête de Dollard», pour nommer le lundi qui précède le 25 mai de chaque année, «dans le but d’honorer la mémoire des Patriotes qui ont lutté pour la reconnaissance nationale de notre peuple, pour sa liberté politique et pour l’obtention d’un gouvernement démocratique.» En vous souhaitant un été richement créatif et pleinement réjouissant, rappelons-nous ces héros de notre passé.

Le lundi 20 mai prochain à midi, dans le parc Victoria du quartier Saint-Philippe à Trois-Rivières (coin Royale et La Vérendrye), sera inauguré une «Place des patriotes» où trônent déjà quelques mâts dont le tricolore vert-blanc-rouge – qui, dès 1832, symbolise l’union des citoyens du Bas-Canada (Irlandais, Canadiens et même certains Anglais) contre l’Angleterre –, ainsi qu’une plaque dévoilée en 2009 par la SSJB de la Mauricie à propos du poète Joseph-Guillaume Barthe qui avait écrit en 1839 : «Je n’ai point de défaut dans le cœur / Qui soit plus fort que l’amour de ma patrie».

Pour l’occasion, il sera également dévoilé un premier panneau d’une série de trois, que j’ai co-écrit avec le professeur d’histoire Benoît Dugré, concernant les activités patriotiques dans la Mauricie en regard des Rébellions de 1837-38. Tout d’abord, la vie du député de Trois-Rivières, René-Joseph Kimber (1786-1843), sera mise à l’honneur. Promu capitaine lors de la guerre de 1812, il devient juge de paix dans le district de Trois-Rivières en 1815 et obtient divers autres postes de commissaire, notamment pour l’entretien des hôpitaux de la ville et autres institutions de charité (1826) et la création d’une Société d’éducation à Trois-Rivières en août 1830.

En 1836, le Conseil législatif refusa d’approuver les crédits scolaires et du coup, selon l’historien Hervé Biron (1910-1976), 1 665 écoles fermèrent leurs portes, dont 227 seulement dans la région de Trois-Rivières! Cette décision était défendue notamment par le conseiller législatif Peter McGill, fondateur de la célèbre université montréalaise. En conséquence, à l’été, un caucus réunit Papineau et ses lieutenants chez le docteur Kimber (élu en décembre 1832). On y décida notamment de créer une association de jeunes patriotes qui prit le nom des Fils de la Liberté.

Au même titre que la plupart des notables de sa région, le docteur Kimber s’oppose dès le début à l’usage des armes. Le 22 juin 1837, sentant venir le mouvement de contestation radicale, il écrivit une lettre au gouverneur Gosford dans laquelle il le mit en garde contre les évènements probables qui s’approchaient : «Si je n’approuve pas les excès dans lesquels se donnent quelques-uns de mes compatriotes, j’approuve néanmoins la partie constitutionnelle de leurs démarches et je demande autant qu’eux que justice soit rendue à mon pays.» On ne sait si Gosford a vraiment eu connaissance de cette lettre, ou si l’oligarchie qui l’entourait lui a caché, mais il ne répondit point et convoqua tout de même les chambres sans avoir donné la moindre preuve qu’il désirait réellement apaiser la population.

Les combats que les Patriotes du 19e siècle ont menés sont toujours d’actualité et il est primordial de faire connaître davantage leurs projets, leur vie et leurs rêves.

Ensuite, au verso du panneau, sera inscrite une description de l’assemblée populaire du 26 juillet 1837, organisée par Kimber à Yamachiche, un village de 4 000 âmes, alors le centre géographique de la région trifluvienne et la plus grosse seigneurie de l’époque du comté de Saint-Maurice qui comptait 21 000 habitants. Selon les sources de l’époque, entre 3 000 et 8 000 personnes étaient présentes. Le défilé, parti de Trois-Rivières, s’arrêta chez le magistrat Dupont près de l’hôtel de Joseph Carrier, où attendait une foule immense qui scandait des cris comme «Vive la Patrie!», «Coupons la tête à l’hydre des abus!», «Pas de coercition!» et «Vive notre Chambre d’Assemblée»!

Ce jour-là, à Yamachiche, neuf résolutions sont votées par la foule afin de dénoncer le contenu antidémocratique des 10 Résolutions Russell (contre les 92 Résolutions des Patriotes), la mauvaise gestion des fonds publics, la corruption et la collusion qui régnaient au sein de l’administration coloniale. La journée s’achève sans aucune violence ni intervention de la police. C’est la plus grosse assemblée populaire sur la rive nord en appui aux idées patriotes après l’interdit de tels rassemblements par Gosford le 15 juin 1837.

De nos jours, plusieurs paliers gouvernementaux – surtout municipal – semblent gaspiller les fonds publics, suspectés de favoriser les amis du pouvoir dans la construction, les garderies, l’exploitation des ressources naturelles et dans de nombreux autres domaines. Les combats que les Patriotes du 19e siècle ont menés sont toujours d’actualité et il est primordial de faire connaître davantage leurs projets, leur vie et leurs rêves.

De plus, à l’heure où l’enseignement de l’histoire souffre de plus en plus d’une carence de subventions gouvernementales, il est temps, voire urgent, d’appliquer en communauté notre devise «Je me souviens» avec ardeur et conviction en créant des lieux de mémoire sur nos places publiques. Agissons avec courage, détermination, fierté et persévérance.

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