Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: 2015 ⎯ Année mémorable à prévoir

0

jfveilleux2Notre État non indépendant possède une histoire peu commune, autant par ses heures de gloire que par ses échecs et ce, jusqu’à nos jours. Afin d’honorer notre devise nationale, voici un pas dans cette direction, soit une tentative d’actualiser notre devoir de mémoire.

2 juin 1615: 400e anniversaire de l’arrivée des Récollets dans la vallée du Saint-Laurent. L’une de leurs plus grandes contributions a été de grandement faciliter nos premiers contacts avec les Amérindiens. Ensuite, il faut souligner toute leur œuvre d’éducation puis évidemment leur important soutien moral (religieux) aux colons.

19 juin 1665: 350e de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières. Soldats français venus pour protéger la Nouvelle-France alors en pleine expansion, la moitié va demeurer ici pour se marier et fonder d’immenses arbres généalogiques à travers l’Amérique du Nord.

12 septembre 1665: 350e anniversaire de l’arrivée dans la colonie royale de l’intendant Jean Talon. Il amorce alors un important rééquilibre démographique toutefois insuffisant pour concurrencer les colonies américaines. Gestionnaire habile, un des meilleurs que la Nouvelle-France a connu, il manque cependant d’appuis solides de sa métropole.

Juillet 1755, il y a exactement 260 ans: Craignant la rébellion des Acadiens qui refusaient obstinément de prêter le serment d’allégeance au roi d’Angleterre, imposé de façon inconditionnelle, Lawrence et Monckton décident de commencer la déportation sauvage – désormais reconnue comme un génocide – entre 7000 et 10 000 Acadiens par les autorités britanniques (sur une totalité de 14 000 habitants). Les descendants de ce peuple chassé brutalement de leur terre (Nouvelle-Écosse), qu’ils habitaient depuis plus de cent cinquante ans, parlent pudiquement de cet évènement comme le «Grand dérangement».

Ceux qui ne sont pas remplacés par des colons anglais voient leurs maisons brûlées pour éviter qu’ils y reviennent. Plusieurs Acadiens vont fuir vers l’actuel Québec alors que d’autres, environ 2000, vont retourner en France, surtout vers 1758, mais ils ne seront pas très bien accueillis. La plupart choisirent donc la Nouvelle-Orléans pour remplacer la «patrie perdue» comme disait le Premier ministre français, Valéry Giscard, en visite chez les Cajuns (qui vient du terme cadien, de «la cadie»). Désormais, peu importe leur pays, les Acadiens fêtent le 15 août de chaque année un pays qui n’existe plus. Être Acadien, ce n’est pas occuper un territoire, c’est être descendant de quelqu’un. – Antonine Maillet.

13 juillet 1855: 160e de l’arrivée au port de Québec de La Capricieuse, premier navire de la marine française à venir au Canada depuis la capitulation de 1760, soit presqu’un siècle auparavant. Ce bateau de guerre en mission commerciale suscite un véritable élan de patriotisme chez les francophones pour qui l’événement est synonyme de premières retrouvailles de la France avec son ancienne colonie. Faisant don aux Canadiens-français de plusieurs livres, journaux et magazines français, c’était un véritable baume après la perte en avril 1849 de la bibliothèque du Parlement de Montréal, alors la plus grande en Amérique du Nord, où était conservées les archives de la Nouvelle-France (25 000 livres).

Selon mes recherches, le poète-patriote trifluvien Joseph-Guillaume Barthe (1818-1893) serait en partie responsable de la venue de la corvette française La Capricieuse. En effet, deux ans plus tôt, alors âgé de 37 ans, il avait été envoyé en France par l’Institut canadien pour renouer des liens avec les Français. Après cette visite, les rapports sont beaucoup plus confiants entre le Canada (et l’Angleterre) et la France. Les liens se sont resserrés pacifiquement. La France ouvre trois légations, deux dans les Maritimes, une à Québec qui allait devenir en 1859 le premier Consulat de France au Canada. Le drapeau tricolore de la France est alors utilisé de plus en plus par les Canadiens français qui s’en servent comme emblème, alors que le «tricolore canadien» des Patriotes était proscrit et tabou.

1915: En plus du 100e anniversaire de la création du cercle des fermières, il faut souligner le 100e anniversaire du premier cours universitaire d’histoire nationale au Québec, donné par le chanoine Lionel Groulx, un grand historien. En 1920, il va déclarer fièrement une phrase qui va devenir très célèbre dans les milieux nationalistes: «Notre État français nous l’aurons, à l’intérieur de la confédération si possible, ou à l’extérieur s’il le faut.»

30 octobre: 20e anniversaire du référendum de 1995. Seconde tentative quasi-victorieuse du peuple québécois d’obtenir, enfin, après mai 1980, leur souveraineté étatique assortie d’un partenariat avec le Canada. 91,55 % (ou 93,2% selon les sources) des électeurs exercent leur droit de vote – 49,4% pour, 50,6% contre, une différence de 52 000 voix.

C’est en sachant d’où l’on vient que l’on sait vraiment où l’on veut aller.

Les francophones votent OUI dans une proportion de 60% environ; les anglophones votent NON à plus de 90%. Le lendemain, le Premier ministre Parizeau, chef du camp du OUI, se retire de la vie politique en démissionnant, considérant avoir failli à sa mission.

Pourtant, avec ce résultat, c’était clairement un «match nul» entre le Québec et le Canada. La commémoration du dernier plus grand évènement politique dans la vie québécoise s’accompagne aussi, vingt ans plus tard, des démarches malhonnêtes du fédéral qu’on a pu découvrir, et qui donna raison à Jacques Parizeau au moins sur l’argent. Parmi ces magouilles politiques, on retrouve le love in du 26 août 1995, les 75 000 voteurs ayant une origine douteuse, le Scandale des Commandites du PLC de 1997 à 2003 révélé par la Commission Gomery (2004), les secrets et les tentacules d’Option Canada (lire à ce sujet l’ouvrage conjoint des journalistes Robin Philpot et Normand Lester en 2006), alouette!

J.-F. Lisée est clair à ce sujet: «Confrontée aux révélations montrant que l’émission de certificats de citoyenneté avait augmenté de 440 % dans le mois précédent le référendum au mépris des règles normales, quel remords fut exprimé par la ministre [libérale fédérale] Lucienne Robillard? Aucun.» Oui oui, celle qui préside actuellement la fumeuse Commission de révision permanente des programmes instituée comme artifice par le gouvernement Couillard pour justifier l’austérité à l’aune de la rigueur budgétaire…

Il faut également se rappeler des évènements plus récents tels que le suicide de notre héros national André «Dédé» Fortin, chanteur et leader des Colocs, le 8 mai 2000. Par ailleurs, il y a dix ans, le 26 mai 2005 : Fatima Houda-Pepin, alors député libérale depuis 1994, d’origine marocaine, fait adopter une motion à l’unanimité à l’Assemblée nationale s’opposant à l’implantation des tribunaux islamiques au Québec et au Canada. (Celle-ci a perdu son emploi le 7 avril dernier dans la circonscription du pont Champlain, contre le controversé docteur Gaétan Barrette, nommé sinistre de la santé. Devenue indépendante, elle avait quitté son parti à cause de son appui à la Charte de laïcité du PQ). La même année, deux célèbres manifestes politiques exprimant les visions réalistes de la gauche et de la droite s’affrontaient dans l’espace médiatique, les Lucides et les Solidaires.

*

Si la commémoration du référendum de 1995 coïncide miraculeusement ou par chance avec la prochaine élection fédérale (ce que je souhaite, car c’est le prochain rendez-vous électoral des indépendantistes du Québec), ça risque de faire monter le ton avec vigueur.

Je vous souhaite une excellente rentrée scolaire à tous, profitez de la vie et soyez créatifs! Dans les arts et l’écriture se retrouvent l’espoir de demain et les remèdes d’aujourd’hui. Souvenez-vous de qui vous êtes et prenez le temps de chercher par où les Québécois(es) sont passés, car c’est en sachant d’où l’on vient que l’on sait vraiment où l’on veut aller.

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here