Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: Brève histoire du groupe armé État islamique

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Lors de ma dernière chronique – sur la montée malheureuse des attentats terroristes dans le monde, ce qui déstabilise la géopolitique mondiale actuelle – je vous ai promis d’en dire davantage sur l’origine de l’État islamique et des solutions possibles à ce conflit mondial.

Tout d’abord, souvenons-nous du constat d’échec flagrant des États-Unis dans leur guerre en Irak (mars 2003), sans avoir reçu l’autorisation de l’ONU. Avec un bilan de 134 000 civils irakiens morts et environ 17 000 milliards dépensés par le Pentagone (sans oublier 490 milliards de pensions pour les vétérans), il faut convenir que depuis plus de dix ans, la guerre au «terrorisme» est un fiasco total. Et nous vivons tous les conséquences de ces affronts. Le chaos s’est désormais étendu à toute la région sous de multiples mouvements.

Celui qui revendique la plupart des attentats est un groupe armé connu sous l’acronyme arabe de D.a.e.s.h. (ISIS en anglais) ou l’État islamique (ÉI) en français. Des médias affirment que 17 des 25 dirigeants actuels se sont rencontrés dans les prisons américaines…

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Qu’est-ce que l’État islamique?

En comparaison, l’ÉI est semblable au Ku Klux Klan (KKK), c’est-à-dire un groupuscule de radicaux ou encore de fanatiques, minoritaires en réalité, qui fondent leur action de répression à l’égard de minorités par des actes de terreur appuyés par des messages religieux. Toutefois, il s’agit ici d’un groupe armé rassemblant des adeptes de l’islam rigoriste s’appuyant sur le djihad (la guerre sainte) plutôt que des fidèles du Christ.

Ces marginaux endoctrinés par d’autres extrémistes religieux au salafisme ou wahhabisme (radicalisme messianique né au 18e siècle) souhaitent un retour au califat, aboli il y a plus d’un siècle, autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine.

Pour simplifier, ces ultra-radicaux sunnites traumatisés avec raisons par les abus de l’Oncle Sam rêvent d’un retour pur à l’islam dominant du Moyen-âge! Comment? Par exemple, l’ÉI procède à des châtiments publics pour assujettir les populations par la peur et la terreur.

Mais aussi en faisant face à l’impérialisme américano-occidental qui les a envahis, a ruiné leur pays, puis les a poussés vers cette perte de sens au profit de cette volonté d’imposer la charia (loi islamique). Pour eux, la puissance de destruction ainsi que leur politique sectaire et barbare à l’égard des minorités, devenues ces fameux réfugiés, est plus grande que leur force de construction. Désormais, recrutant partout dans le monde, la terreur se mondialise.

Selon l’ONU, 110 pays fournissent des combattants à l’État islamique. Parmi ceux-ci, d’après Adnan Khan du Maclean’s, «c’est la France qui, en Europe, a fourni le plus gros contingent de recrues étrangères à l’EI.» Pour sa part, le Canada en aurait fourni au moins 175 selon un rapport du SCRS paru en avril dernier, un chiffre alors en hausse de 50%.

Rejeté par Al-Qaïda dès février 2014, l’État islamique proclamait quelques mois plus tard, le 29 juin, la naissance d’un califat à cheval sur la Syrie et l’Irak, un territoire grand comme la moitié de la France et qui abrite aujourd’hui encore près de dix-millions de personnes. En réalité, Daesh prospère là où les États sont fragilisés (Irak, Syrie, Égypte, Libye, Sinaï).

Ce groupuscule d’intégristes certes marginal – passant de 5000 hommes en Irak au départ des troupes américaines en décembre 2011 à environ 40 000 combattants aujourd’hui – est rendu assez efficace pour exercer sa gouvernance par la terreur. Il publie des rapports annuels de leurs attentats et crée des clips de propagandes (Flames or War) sur Internet!

Il faut convenir que depuis dix ans, la guerre au «terrorisme» est un fiasco total.

Financement

L’ÉI s’autofinance à 95%. C’est d’abord par la vente des richesses naturelles que Daesh s’enrichit (pétrole, gaz, ciment, céréales et produits des exploitations agricoles), possédant la deuxième réserve mondiale de phosphate. Par exemple, l’été dernier, la vente clandestine de pétrole leur rapportait entre 500 000 et un million d’euros par jour. À 30$ ou 32$ le baril de pétrole, selon certains délateurs, on parle d’environ dix-millions de dollars par acheteur!

Le reste de la planète s’inquiète aussi de cette fameuse drogue, le Captagon, qui inonde le Moyen-Orient, et que ma collègue a souligné dans sa chronique de notre dernier numéro. À lui seul, ce marché basé en Syrie depuis 2011 possède une valeur estimée à un milliard de dollars. Au total, le budget annuel de l’ÉI se situe entre deux et trois milliards de dollars, puisqu’il continue de diversifier ses sources: racket, pillages, taxes, impôts, extorsion, contrebande de pétrole, trafic humain, trafic illégal d’œuvres d’art et de pièces archéologiques.

Pour Naser Khader, ancien membre du Parlement danois d’origine syrienne, «les islamistes radicaux sont les nazis de l’islam». Or, il convient de souligner qu’au moins les nazis allemands avaient un gout pour la culture plurimillénaire et un certain respect pour les antiquités. Rappelons que depuis quatre ans, par divers actes criminels, l’ÉI détruit l’héritage du berceau de l’humanité, du site assyrien de Nimroud au musée de Mossoul en Irak en passant par Hatra (une cité vieille de 2000 ans). En fait, la valeur de ce patrimoine de l’humanité approprié par la force est estimée à 2 260 milliards de dollars!

Selon l’ONU, «plus de 300 sites historiques syriens ont été endommagés, détruits ou pillés au cours du conflit qui a éclaté en 2011 et qui est devenu, au fil des ans, de plus en plus complexe, opposant désormais régime, rebelles, djihadistes et Kurdes.» En aout dernier, l’ÉI a fait exploser en Syrie les plus beaux temples de la cité antique de Palmyre, un «crime de guerre» et une «perte considérable» pour l’humanité selon l’UNESCO, un «acte barbare» pour l’ONU. Les djihadistes ont aussi brutalement décapité un ancien chef des Antiquités, Khaled al-Assaad, âgé de 82 ans…

De plus, Naser Khader estime également que les musulmans sont à même de les combattre. Déjà en décembre 2014, le Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR) avait établi que «plus de 80% des victimes du djihadisme mondial sont des musulmans»!

Pas étonnant que ceux-ci rétorquent désormais à gorge déployée que l’État islamique va à l’encontre des principes de l’Islam et propage sur les réseaux sociaux une image erronée de cette religion. Un millier de religieux musulmans indiens ont d’ailleurs lancé, dès le 15 novembre, une fatwa (un avis juridique) également envoyée aux leadeurs de cinquante autres pays musulmans, car «les agissements de Daesh sont inhumains et non islamiques. L’Islam n’autorise même pas le meurtre d’un animal. Ce que fait Daesh abime l’image de l’Islam.»

Je souhaite que tous les autres musulmans du monde se lèvent avec la même conviction! Si on veut en finir avec l’islamophobie, il faut reconnaitre cela et le dénoncer au plus tôt.

*

Le philosophe français Michel Onfray, de gauche, a dit sur les réseaux publics de négocier avec le groupe armé État islamique, mais il s’est fait traiter de fou, d’idéaliste, d’utopiste.

J’ai aussi lu quelque part qu’«avec des armes, vous pouvez tuer des terroristes. Mais avec l’éducation, vous pouvez tuer le terrorisme.» Alors, bombardons-les de livres, que la culture universelle de l’humanisme et du pacifisme puissent triompher de ces obscurantistes!!!

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