Le 7 janvier dernier, le ministère de la Culture et des Communications du gouvernement Marois a nommé l’artiste Félix Leclerc «personnage historique» au même titre que Samuel de Champlain, Louis Cyr et René Lévesque. Ces festivités atteindront leur apogée le 2 aout prochain avec le 100e anniversaire de sa naissance.
Né au «pays de La Tuque» le 2 aout 1914, moins d’une semaine après le déclenchement de la Première Guerre mondiale en Europe, il est le sixième des onze enfants de Léo Leclerc et de Fabiola Parrot. Sa mère est musicienne et le piano de la maison familiale l’attire beaucoup.
En 1931, alors qu’il fait ses études à l’Université d’Ottawa en Belles Lettres et Rhétorique, Félix fait «naitre» sa première chanson: Notre sentier. Ensuite, la famille Leclerc déménage à Trois-Rivières et son père achète une ferme près du Cap-de-la-Madeleine, à Sainte-Marthe. Sa belle voix l’amène à devenir annonceur radio à CHRC de 1934 à 1937, à Québec et à Trois-Rivières.
Toutefois, il retourne vivre chez ses parents pour se rapprocher de la terre. Félix aime le silence et la voix de la nature; il est convaincu qu’il faut apprivoiser la solitude, qui n’est ni de l’ennui ni du désespoir, mais un cadre qui nous permet de découvrir, de créer. Stimulé par sa passion profonde pour le théâtre, il revient à CHLN pour écrire et réaliser ses premiers numéros radiophoniques.
En 1939, âgé de 25 ans, Radio-Canada l’embauche. À cette époque, il est aussi comédien et aide-embaumeur. En 1940, il publie sa première nouvelle, Michaud, dans l’hebdomadaire de Trois-Rivières Le Bien public. Dès 1941, la radio lui apporte une certaine notoriété et lui permet de rejoindre la troupe de théâtre Les Compagnons de Saint-Laurent, avec qui il prépare Maluron.
Félix écrit des chansons destinées à servir d’intermèdes lors des changements de décor de ses pièces. Il faut attendre 1950 pour que Jacques Canetti, un important chercheur de talent français, de passage au Québec, décide de l’auditionner. Dès le 22 décembre, Félix «Le Canadien» chante à l’ABC de Paris où on l’acclame. C’est le début de sa conquête de la France où il reste pendant deux ans. Lors de son retour triomphal au Québec, il est couronné comme le «premier chansonnier de langue française au Canada».
En décembre 1968, il fait l’acquisition d’une terre dans son paradis québécois, l’Ile d’Orléans. Témoin des évènements politiques de la Crise d’octobre 1970, il compose la chanson L’Alouette en colère qui exprime publiquement pour la première fois ses opinions politiques. En 1971, il est reçu membre de l’Ordre du Canada. En 1975, il reçoit pour son œuvre musicale le prix Calixa-Lavallée (auteur en 1880 de l’hymne national Ô Canada) donné par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
En 1977, il entreprend sa dernière tournée française. De retour au Québec pour le gala du 25e anniversaire de Radio-Canada, il prend position en faveur de l’indépendance du Québec. Il devient aussi le premier lauréat du prix Denise-Pelletier que lui décerne le gouvernement du Québec pour l’ensemble de son œuvre théâtrale. De retour au Québec en 1978, la «journée Félix Leclerc» est créée par le Mouvement national des Québécois (MNQ). En 1979, il accepte de prêter son nom aux trophées du gala de l’ADISQ (Association du Disque et de l’Industrie du Spectacle québécois) pour la première édition, où il reçoit le premier trophée Témoignages.
En 1980, Félix reçoit la Médaille d’argent du MNQ et se prononce en faveur du OUI au référendum de mai 1980. Les paroles de Félix restent encore pertinentes de nos jours: «L’indépendance, c’est comme un pont: avant, personne n’en veut, après, tout le monde le prend». En décembre, l’Association internationale des parlementaires de langue française lui accorde la décoration de la Pléiade. Au fil de sa carrière, Félix Leclerc a toujours été un exceptionnel ambassadeur de la culture québécoise, particulièrement en Europe francophone.
Au fil de sa carrière, il a toujours été un exceptionnel ambassadeur de la culture québécoise.
En 1984, il est nommé membre à vie de l’Union des écrivains québécois. Au cours de sa carrière et même après sa mort, il reçoit entre 1951 et 2000 près d’une vingtaine d’honneurs prestigieux, dont un doctorat honorifique de l’Université du Québec (1982), le prix du Grand officier de l’Ordre national du Québec (1985) et fait Chevalier de la Légion d’honneur (1986) en France.
En 1987, il est hospitalisé pour des complications cardiaques. Félix Leclerc s’éteint subitement chez lui le lundi 8 aout à 8 h, six jours après son 74e anniversaire. Les funérailles ont lieu dans la simplicité à l’église Saint-Pierre de l’Ile d’Orléans. Sa guitare cesse de vibrer entre ses mains, mais pour le Québec entier, ses mélodies, ses rimes et toute sa poésie feront toujours partie de notre trésor patrimonial, car ses thèmes racontent notre histoire nationale. Et comme l’art et la politique sont pour lui inséparables, il croit que le Québec, face à l’empire anglo-saxon, doit préserver la langue, la polir.
Au cours de sa vie, Félix a été animateur de radio, acteur, écrivain, auteur-compositeur-interprète, poète et chansonnier. À ses 150 chansons s’ajoutent contes, fables, romans, maximes, pièces de théâtre, une multitude de films à l’ONF et une quarantaine de disques et de compilations de musique. Toute sa vie, proclamant partout le bonheur de vivre, Félix Leclerc aura su incarner la voix du peuple québécois et, grâce à sa raison et à son cœur, proclamer haut et fort la fierté de vivre dans son beau pays, le Québec.
Cette chronique doit beaucoup au livre «Filou, le troubadour» de Marguerite Paulin (1998, Éditeur XYZ) ainsi qu’au documentaire de Jean-Claude Labrecque intitulé «Félix» (2009).
Bonjour,
Quoique très intéressant, votre article ne mentionne pas que Félix Leclerc a habité 20 ans à Vaudreuil.
C’est à Vaudreuil qu’ont été écrites les chansons Moi, mes souliers, Hymne au printemps, Le p’tit bonheur, Attend-moi ti-gars, Bozo, etc.
Si vous aimez Félix Leclerc, venez visiter la seule maison qu’il a habité ouverte au public.
186, chemin de l’Anse, Vaudreuil-Dorion
http://www.maisonfelixleclerc.org