Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: La musique: un art supérieur

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jfveilleux

Peu d’entre vous savent que je termine – en plus de mon second baccalauréat en histoire – une maîtrise en philosophie, sous la direction de Claude Thérien, sur l’esthétique rock et la catharsis dans le concert métal comme expérience dionysiaque. Mais je m’intéresse fondamentalement à la puissance et au potentiel de la musique! Voici donc un aperçu de ce qui me fait «vibrer».

D’emblée, la musique agit sur le cerveau de multiples façons, elle renforce la mémoire et la coordination motrice. Chez l’enfant, elle facilite l’apprentissage de la lecture et la concentration. Parce qu’elle active un réseau complexe d’aires cérébrales, la musique améliore surtout la mémoire et la concentration, et favorise aussi l’intelligence émotionnelle. Ceci explique qu’elle influe sur de nombreuses fonctions, cognitives et mnésiques, ou bien encore sur le langage.

En effet, même si la musique n’est perceptible que par un seul des sens humains, l’ouïe, on acquiert notre goût de la musique de façon tout aussi spontanée que l’on apprend à parler. Quoique le cerveau des aveugles se consacre pleinement à l’univers des sons (pour différentes raisons), l’exposition à la musique est susceptible d’augmenter les capacités langagières. La musique facilite d’ailleurs la lecture ou l’apprentissage des langues. Toutefois, les locuteurs de langue tonale, tel le mandarin, ont plus souvent l’oreille absolue (1 personne sur 10 000)!

Sur l’immense pouvoir de l’art musical

Ensuite, la musique stimule diverses compétences chez celui qui la pratique. Non seulement l’apprentissage d’un instrument permet de développer la coordination motrice, la mémoire et la concentration, mais elle améliore également l’humeur, car la musique est un lien social privilégié. Ainsi, la musique permet de renforcer les liens entre les humains. Elle possède aussi une valeur adaptative, car elle favorise notamment la cohésion sociale, influe sur notre état d’esprit et ouvre sur un monde sensible où émotions, expressions et sentiments se côtoient. La musique peut d’ailleurs faire naître une riche variété d’émotions dont voici les quatre fondamentales : colère, sérénité, désespoir, gaieté.

Nos émotions sont en fait suffisamment fortes pour entraîner de nombreuses modifications physiologiques, telles que le rythme cardiaque, le rythme respiratoire ou encore la conductance de la peau (une émotion fait transpirer, ce qui modifie la capacité que présente la peau de conduire un infime courant électrique). Le frisson dans le dos ou la chair de poule seraient une traduction physiologique spécifique (mais non exclusive) de l’émotion musicale.

Pour beaucoup de compositeurs et pour la plupart des auditeurs, le propre de la musique est d’être expressive. Selon plusieurs spécialistes, la musique renvoie à autre chose qu’aux sons et aux architectures sonores qui la composent: elle nous plonge dans un état psychologique et physiologique spécifique, que n’entraînent pas les sons non musicaux, et qui ne se confond pas avec l’excitation sensorielle produite par les signaux acoustiques. Elle se différencie clairement de l’état psychologique déclenché par les autres stimulations sonores de l’environnement.

Vive la musicothérapie!

Même si elle est invisible, en dehors de ses ondes acoustiques et vibrations subtiles, la musique peut influencer notre corps. Par exemple, elle réduit les concentrations sanguines en hormones du stress (le cortisol – indispensable et bénéfique, car il permet à l’organisme de réagir correctement), et fait disparaître les tensions accumulées. À ce sujet, il faut absolument s’intéresser davantage au système limbique, le centre des émotions, et le complexe amygdalien.

En ce sens, les neurosciences cognitives actuelles ont déjà confirmé que la musique agirait comme un neurostimulateur et un neuroprotecteur. Grâce à ces recherches, il s’agit de montrer bel et bien que la musique stimule la plasticité cérébrale et contribue, par la réorganisation des circuits neuronaux affectés, à améliorer la récupération de la motricité ou de la parole.

En réalité, la musique a aussi un effet thérapeutique dans certaines pathologies: elle améliore la récupération de la parole chez les personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral ou reste l’un des derniers liens qui relient au monde les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

La pratique musicale serait un stimulant qui permettrait de lutter contre les effets du vieillissement cérébral.

Dans certains cas, elle peut prévenir la maladie, car «pratiquer la musique stimule les circuits neuronaux de la mémoire et suggère que la pratique musicale serait un stimulant qui permettrait de lutter contre les effets du vieillissement cérébral; c’est aussi ce que suggèrent diverses études épidémiologiques, montrant que les sujets âgés ayant une pratique musicale ont moins de risque de présenter une pathologie neurodégénérative. L’expérience musicale est particulièrement riche parce qu’elle combine des informations sensorielles, mnésiques, émotionnelles et motrices, qui produisent dans notre cerveau une «symphonie» neuronale unique et persistante.» En conséquence, la musique favorise notamment la rééducation cognitive et émotionnelle d’individus présentant des lésions cérébrales. Dans certains cas, elle permet au sujet de synchroniser son mouvement, d’où une marche plus naturelle, régulière.

Au final, son effet antistress sur les récepteurs ne dépend pas tellement du goût personnel pour la musique. Elle peut aussi bien nous agiter, si sa structure rythmique est nerveuse et si elle comporte des dissonances. Rappelons-nous l’adage écrit par le philosophe Platon il y a 2300 ans: Pour contrôler un peuple, contrôle sa musique!

La recherche québécoise sur la musique

Quelques organisations de chez nous ont réellement réussi à se faire une place sur la scène internationale grâce à leurs recherches sur la musique. Par exemple, nous savons que la musique peut réduire l’activation des zones cérébrales impliquées dans les émotions négatives. Ces études ont été menées par Ann Blood et Robert Zatorre de l’Université McGill à Montréal.

Il existe aussi deux autres institutions à vocation internationale, dont voici un bref résumé. Il y a d’abord le BRAMS, qui est le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son. Situé à Montréal et conjointement affilié à McGill et à l’Université de Montréal, ce centre unique regroupe depuis août 2003 environ 35 chercheurs de renommée internationale et une centaine d’étudiants qui s’intéressent à la neurocognition et à la perception de la musique. Leurs travaux portent surtout sur l’amusie (Isabelle Peretz, codirectrice) qui affecte entre 2,5 et 4 % de la population, les acouphènes (Sylvie Hébert) qui en affectent 15%, ou bien sur la façon dont le cerveau s’adapte aux changements du système auditif à la suite d’une perte d’audition.

Puis, l’OICRM (Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique), créé en 2004, regroupe 70 chercheurs en musique d’universités québécoises canadiennes et étrangères, près de 90 étudiants actifs, puis accueille des stagiaires postdoctoraux et des professionnels de la recherche au sein de sept unités de recherche (laboratoires).

Finalement, je vous invite à vous procurer le numéro spécial de Cerveau & Psycho (juillet 2012) consacré à la musique d’où j’ai tiré la plupart des informations de cette chronique.

Considérant tout l’apport que la musique peut procurer aux vivants, il est malheureux, voire très déplorable que le C.A. de l’UQTR ait décidé en 2002 de fermer son propre département de musique, au lieu de revitaliser son approche envers ce programme essentiel. Néanmoins, certains chercheurs de Trois-Rivières continuent heureusement de s’intéresser à un art présent dans toutes les civilisations et qui touche presque tous les domaines. Parmi ces chercheurs, il y a notamment Nathalie Gosselin, Ph. D., professeure au département de psychologie, qui a récemment présenté une conférence de deux heures à l’UQTR, en mars dernier, intitulée La musique et ses effets sur le cerveau et la santé. Enfin, je vous invite à la visionner sur le blogue de l’UQTR!

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