Je me souviens… Au pouvoir, citoyens! : L’athéisme, une religion humaniste…

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Au moment d’écrire ces lignes, le controversé Sommet de l’éducation n’a pas encore eu lieu, ni le premier véritable congrès tant attendu d’Option nationale (2-3 mars). En attendant de revenir sur ces évènements historiques, voici une courte réflexion philosophique sur l’incroyance en Dieu.

Depuis des millénaires, la religion a trop souvent dominé la population principalement par trois outils: la peur, l’ignorance et la manipulation. La première rend stupide, la deuxième ne permet pas de développer l’autonomie des individus et la troisième est carrément révoltante, car les diverses Églises abusent trop souvent de leur pouvoir sur les masses. Et cela, que ce soit les trois grandes religions monothéistes (chrétienté, islam, judaïsme) ou encore les sectes comme le mouvement raëlien ou la scientologie.

De récents sondages indiquent que 33% des Québécois ne croient pas à la vie après la mort (2005) et que 45% des gens de 30 ans et moins ne croient pas en Dieu (2008). Claude Braun, auteur du fabuleux ouvrage Québec Athée (Éditions Michel Brûlé, 2010), précise : «Aujourd’hui, même si les églises catholiques québécoises sont vides, la proportion de la population québécoise qui se déclare sans religion (environ 12% selon plusieurs sondages sociologiques) est anormalement faible compte tenu des autres indicateurs du degré d’avancement de sa civilisation.»

L’athée n’est pas celui qui ne croit en rien. Au contraire, il croit d’abord en l’inexistence de Dieu, surtout celui des soi-disant livres saints. Car disons-le tout de suite, la Bible, le Coran et autres écrits sacrés ont été créés par des humains, au nom de Dieu, notamment pour contrôler les mœurs des autres humains.

Selon le professeur Georges Minois, auteur de L’histoire de l’athéisme (1998), ce mouvement philosophique qui reproche aux religions leurs obstructions à la liberté de conscience serait effectivement une «croyance – non pas en Dieu, mais en l’homme, en la matière, en la raison». Ainsi, l’athéisme fait la promotion de la croyance en soi, source de tout pouvoir et de liberté. Né libre et condamné à l’être selon Jean-Paul Sartre, père de l’existentialisme, l’homme est donc entièrement responsable de ses actions.

«L’humanisme – ce mouvement philosophique qui postule que l’humain est la valeur suprême ainsi que la valeur suffisante pour justifier notre vie – est l’éthique naturelles des athées.» – Yves Lever, jésuite québécois défroqué

Claude Braun a d’ailleurs élaboré les douze principales croyances des athées : «1- Le monde existe par lui-même, sans support extérieur; il n’a pas besoin d’avoir été créé délibérément. 2- La morale est immanente et naturelle; elle provient seulement et exclusivement du fait que nous sommes une seule espèce sociale. 3- La mort est une finalité absolue, c’est-à-dire que rien ne la transcende; notre âme (ou esprit) s’éteint complètement avec le dernier relais de nos synapses. 4- L’apparition de la vie est le fruit du hasard; la matière s’est empreinte par elle-même de propriétés particulières. 5- L’humain est le résultat de l’évolution des espèces, qui se réalise par une dialectique du hasard et de l’impératif de la survie du plus apte. 6- L’esprit n’est rien d’autre qu’une propriété particulière d’agencements subatomiques, atomiques, moléculaires et cellulaires; plus spécifiquement, l’esprit est l’activité des réseaux neuronaux. 7- La Terre est un astre comme tant d’autres, qui a réuni par hasard les conditions de la vie telle que nous la connaissons; d’autres astres pourraient réunir ces mêmes conditions. 8- L’univers est passé par une phase de compression extrême suivie d’une explosion, il y a environ 15 milliards d’années. 9- Il vaut mieux et il sera plus efficace de viser la bonne vie pour soi-même et son prochain ainsi que les générations futures en faisant œuvre humaniste plutôt qu’en implorant le(s) dieu(x) ou en multipliant les incantations. 10- L’homme et la femme sont égaux parce que la femme n’a pas été créée pour servir l’homme. 11- La vie a un sens; c’est celui que nous lui donnons. 12- Les formes que doivent prendre l’orientation et l’identité sexuelle n’ont pas été prescrites par un diktat moral et, par conséquence, tant que la sexualité se passe entre adultes consentants, elle doit être tolérée.»

Vous pouvez aussi consulter l’excellent livre L’esprit de l’athéisme, introduction à une spiritualité sans Dieu, du philosophe André Comte-Sponville (Albin Michel, 2006) pour une meilleure perspective des valeurs athées.

Soyons réalistes, l’athéisme peut aisément mener à une société organisée sur des bases et des valeurs réelles et pragmatiques, sur la compréhension philosophique de l’humanité en soi en dehors du carcan rétrograde qu’imposent les dogmes religieux. Comme le dit si bien Yves Lever, un jésuite québécois défroqué : «L’athéisme, donc, comme premier fondement d’une culture moderne.» Pourquoi? Tout simplement parce que «l’humanisme – ce mouvement philosophique qui postule que l’humain est la valeur suprême ainsi que la valeur suffisante pour justifier notre vie – est l’éthique naturelle des athées.»

En conclusion, même si j’ai un penchant favorable et un intérêt nationaliste à promouvoir l’idée d’un pape québécois, cela n’empêche pas que l’homme devra passer un jour vers sa maturité intellectuelle et prendre conscience qu’aucun messie ne va venir le sortir des différentes crises qui le menacent (climatique, écologique, économique, alimentaire, etc.). Espérons que l’être humain saura replacer son espèce au centre de ses valeurs, non au détriment des autres formes de vie, mais dans l’idée d’être responsable envers son avenir, car il est faux de croire que l’absence de foi est équivalente à l’absence de lois.

2 COMMENTAIRES

  1. Bonjour , j’ai lu votre article avec intérêt.
    Cher ami, il faudrait relire Albert Camus et faire l’expérience existentielle de vraiment de vivre selon les implications d’une philosophie athée. Dans un tel système, rien de ce que nous pouvons faire n’a de véritable valeur puisque ça ne sert strictement à rien: l’aboutissement ultime est nécessairement le néant.
    L’athéisme, ainsi que le christianisme, le judaïsme et les quelques autres …ismes, sont tous des prétentions à la vérité. Ainsi, affirmer que Dieu n’existe pas est l’expression d’une croyance et non d’un fait scientifique. Il en va de même pour déclarer que l’univers a 15 milliards d’années (théorie basée sur des suppositions non mesurables-vérifiables-observables) ou que la vie est apparue par des processus strictement aléatoires. Il s’agit d’autant d’actes de foi. En d’autres mots, ce sont des choses que vous croyez et que vous ne pouvez pas démontrer absolument. Ainsi, la foi demeure nécessairement bien campée même dans le coeur de l’athée.
    Par contre, faire de l’humain le centre de toute validation de l’existence ne peut dépasser le piètre résultat du gâchis et du bain de sang de l’histoire de cette même humanité. Le voilà le potentiel humain, prouvé et démontré à outrance. L’homme est fondamentalement bon? Impossible à soutenir! Au contraire, l’évidence est prépondérante qu’il soit désespérément enclin au mal. Le débat doit sortir de cette subjectivité aveugle et commencer à poser la question: où est la vérité.
    Personne ne nie que la Bible ait été écrite par des hommes, qui d’autre aurait dû l’écrire? Ce qu’il faut déterminer est la crédibilité de ses affirmations. Il faut expliquer le phénomène des prophéties accomplies. Il faut expliquer le témoignage d’un peuple entier qui affirme avoir été en contact avec le surnaturel. Il faut expliquer le témoignage de 11 hommes qui affirment qu’un homme du nom de Jésus de Nazareth soit mort et ressuscité. Les explications concoctées pour nier ces témoignages sont encore plus irrecevables que les simples événement relatés. Pour nier le Christianisme, il ne suffit pas d’invoquer les abus de ceux qui se sont réclamés lui appartenir, ni d’articuler une croyance contraire, mais il faut examiner avec soin ses prétentions et arriver à les prouver fausses. L’homme sincère examine l’évidence, puis tire ses conclusions.
    Je préfère recevoir le témoignage crédible d’un pécheur juif qui a entendu les paroles de Jésus, qui a mangé avec lui et qui a témoigné, au prix de sa vie, qu’il la vu crucifié à mort et ressuscité que de croire une fable théorique de 15 milliards d’années qu’absolument personne n’a vu, ni ne peut vérifier.
    Enfin, le christianisme véritable, biblique, historique et orthodoxe est une réponse qui répond parfaitement aux aspirations les plus profondes de la réalité du coeur humain. Évidemment, s’il est faux, il s’agit d’un faux réconfort, et c’est ce qu’il vaut bien la peine de vérifier à fond, sans laisser une seule pierre qui ne soit retournée.
    Salutations amicales
    Frédéric Colella

    • Je vous remercie de votre réflexion !!! Je suis d’accord avec cette foi au coeur de l’athée, bien différente de la foi évangélique, évidemment. Toutefois, vous devriez savoir que ceux qui ont écrit l’évangile n’ont pas vraiment connu le fameux « Jésus » de leur vivant !!! (la bible a été écrite dans le siècle suivant sa mort). Alors s’il faut accorder de l’importance à l’évidence, c’est que les livres saints sont plus près de la supercherie que de la véritable révélation…

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