En dehors de la propagande fédérale à laquelle nous assisterons l’an prochain pour le «150e du Canada», l’année 2017 me semble d’abord l’occasion de se rappeler des moments forts de l’histoire de la nation québécoise. En conséquence, voici un calendrier des évènements à commémorer afin de rendre au Québec la fierté nationale de sa mémoire collective.
Dès janvier 2017, célébrons le glorieux centenaire de la plus vieille revue politique au Canada, soit L’Action nationale, organe de la Ligue d’Action nationale, fondée en 1913. D’avant-garde, et toujours active, L’Action nationale analyse les problèmes vitaux de la nation canadienne-française et explore la question nationale avec beaucoup de profondeur ().
De mars à septembre, il sera impossible de négliger les cinq ans de la révolte étudiante dite «Printemps érable» en 2012, véritable conscientisation politique d’abord de la jeunesse, mais aussi d’une bonne partie de la population. Cet évènement laisse un héritage très lourd de conséquences, il sera donc le temps de dresser un bilan de cette belle expérience sociale.
Soulignons aussi un départ dont nous n’avons pas encore mesuré toute l’ampleur, soit les vingt ans de la mort de Fernand Dumont le 1er mai 1997. Sociologue, philosophe, théoricien de la culture, il est l’auteur de plusieurs ouvrages fondamentaux dont Le lieu de l’homme: la culture comme distance et mémoire (1968) et Genèse de la société québécoise (1993).
En 2017, c’est évidemment le 375e anniversaire de la fondation par Paul de Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, le 17 mai 1642, de Montréal, la troisième plus vieille ville française en Amérique du Nord après Trois-Rivières (4 juillet 1634) et Québec (3 juillet 1608).
Au lieu du «Canada» – d’ailleurs nommé par Jacques Cartier dès 1534 – honorons plutôt les racines de la Nouvelle-France et le 400e anniversaire de l’établissement à Québec, le 14 juin 1617, du premier colon, Louis Hébert (1575-1627), considéré comme le premier agriculteur de la colonie, avec sa femme Marie Rollet et leurs trois jeunes enfants.
Rappelons-nous, il y a 50 ans, du rayonnement de l’exposition universelle de Montréal, soit l’Expo 67 (28 avril au 27 octobre), sous l’ère du maire Jean Drapeau. À cette occasion retentit le célèbre «Vive le Québec Libre!» lancé le 24 juillet 1967 par le général Charles de Gaulle, une acclamation qui va placer le Québec sur la scène géopolitique mondiale.
Enfin, 2017 sera l’occasion de célébrer le 180e anniversaire de la première rébellion des Patriotes (1837), les 100 ans de la Ligue nationale de hockey, fondée à Montréal le 26 novembre 1917, les 40 ans de la loi 101 (1977) puis la fondation, la même année, de la Ligue nationale d’improvisation (LNI). C’est aussi les 30 ans de la mort de René Lévesque et l’adoption du harfang des neiges comme emblème aviaire national du Québec (1987).
En 2017, fêtons tout sauf la Confédération canadienne!
Dans la région, soulignons également que 2017 sera le 50e anniversaire de «Ciné-Campus» du Séminaire de Trois-Rivières, le 50e de la fondation de la Société d’étude et de conférences, dédiée à la littérature, ainsi que les 50 ans de la tenue du premier Grand Prix de Trois-Rivières. Il est temps de renouveler la fierté au sujet de notre histoire régionale.
Bref – et j’aurai l’occasion d’y revenir en 2017 – fêtons tout sauf la Confédération de 1867!
L’envers de la médaille
Si le gouvernement fédéral d’Ottawa tient tant à célébrer dans l’enthousiasme les 150 ans de la Confédération canadienne (1867-2017), il faudra aussi insister sur les zones d’ombre de ce partenariat imposé par Londres et une poignée de députés conservateurs orangistes.
Pensons à toutes les fois que le Québec – voire le Canada français tout entier – a perdu du pouvoir politique à cause de son appartenance à ce système dit confédératif: l’usurpation d’une identité nationale et quelques mariages forcés (1763, 1840, 1867), l’incendie du parlement du Canada-Uni alors situé à Montréal (25 avril 1849), l’écrasement des Métis et la pendaison de Louis Riel par John A. McDonald (1885), les deux crises de la Conscription qui ont fait au moins cinq morts au Québec (1917-18, 1942), le règlement 17 qui bannissait l’enseignement du français en Ontario (1912), l’amputation du Labrador du territoire québécois à la suite d’une décision du Conseil privé de Londres (1927), le coup de la Brink’s, la loi des mesures de guerre et la Crise d’octobre (1970), l’appropriation du chant national canadien-français «Ô Canada» (1980), la «nuit des longs couteaux» (1981), l’imposition par Trudeau père de la Constitution canadienne (1982) où la signature du Québec y brille par son absence, l’échec de l’accord du Lac Meech (1990), le scandale des commandites et les fameuses minutes du patrimoine, alouette!
Bref, si le Canada actuel tient tant à festoyer la naissance en 1867 d’une nouvelle identité nationale, qui reste d’ailleurs toujours à définir, je souhaite que la majorité des historiens, des nationalistes et des indépendantistes soit au rendez-vous en 2017 pour rappeler à Ottawa les 150 fois que le Québec, ce «peuple fondateur», s’est fait avoir.