Les 11 et 12 octobre prochains, la bâtisse industrielle (en arrière du Salon de jeux) accueillera la 13e édition du célèbre Trois-Rivières Métalfest, sans doute le plus vieux festival de ce genre musical au Québec! Oui oui, à Trois-Rivières. Afin de mieux comprendre la réalité des métalleux, voici un regard sincère sur leur univers.
Organisé annuellement par Jeff «Godasse» Houle, Sam Landry et sa conjointe Annie Richard, la première édition avait eu lieu au Maquisart (RIP) en 2000, ainsi que toutes les autres jusqu’à sa fermeture en 2007. Depuis, ce sont les gymnases de la bâtisse industrielle qui permettent aux poilus de ce monde de se rencontrer chaque automne.
Depuis plus de 40 ans, la musique métal rassemble une communauté non seulement universelle, mais aussi de plus en plus intergénérationnelle. En effet, des milliers d’individus de chez nous et plusieurs millions d’à travers le monde se parlent, se rencontrent, se comprennent – parfois à des kilomètres de distance – et sont métamorphosés effectivement dans leur existence, dans leur quête d’une vie réussie, en pratiquant ce type de musique ou en assistant à sa mise en œuvre, telle une communication artistique collective grandiose, vitale et régénératrice.
Malgré tout, la musique métal est trop souvent négligée par les médias, ou même souvent censurée, puis accusée à tort par plusieurs mouvements religieux de la même chose que Socrate, soit de «corrompre la jeunesse». Il est vrai que nombreux sont les symboles, les icônes et surtout les tragédies (assassinats, suicides, accidents, overdoses) qui ont traversé cet univers pour s’inscrire durablement dans l’histoire, du damné «club des 27» dans le rock anglais des années 1960 au «Black Inner Circle» du black métal norvégien dans les années 1990.
Un festival de plus en plus populaire
Alors que la salle du Maquisart accueillait une quantité limitée de gens (600 personnes), les locaux de la bâtisse industrielle ont permis de connaitre des records d’achalandage, notamment en 2010 avec plus de 900 participants pour voir le concert de Cannibal Corpse. Cette année, pour 60$, vous aurez l’occasion d’entendre 15 groupes talentueux sur deux soirs, avec en prime une compilation double (quantité limitée aux mille premiers). Et pas n’importe quel groupe!
Parmi eux, il y a d’abord Voivod, le premier groupe dans la grande histoire du métal québécois. Fondé à Jonquière en 1982, il va rapidement s’imposer sur la scène internationale en signant sur le grand label Metal Blade Record (Slayer, Cannibal Corpse, Behemoth) dès 1984. Depuis la mort du guitariste fondateur Denis «Piggy» d’Amour en 2006, c’est l’excellent Daniel Mongrain (Martyr, ex-Gorguts) qui le remplace. Mongrain est également connu pour être le guitariste de Dan Bigras! Comme quoi le monde métallique est loin d’être refermé sur lui-même.
Cette 13e édition démontre également la grande ouverture de la scène québécoise à ses voisins et la reconnaissance internationale attachée à la réputation du festival et l’équipe de Trois-Rivières Métal. En effet, nous aurons l’occasion d’accueillir plusieurs vedettes des États-Unis, notamment Suffocation (fondé en 1990), Hatebreed (1994), Shadows Fall (1996) et Obituary (1988). Le festival accueillera aussi d’excellents groupes québécois de la relève, c’est-à-dire de ma génération, notamment des montréalais: Unhuman, Blackguard, Hollow et Insurrection.
Plusieurs d’entre vous se demanderont ce qui se passe dans un spectacle de type métal? Et bien, c’est très simple: la grande famille des métalleux se rassemble pour célébrer la vie, pour faire la fête et chacun y va à son rythme. On y manifeste sa joie par des cris ou des applaudissements, ainsi que différentes sortes de danses typiquement métal: thrash ou pogo, circle-pit, mosh-pit, wall of death, stage diving, body surfing, etc. Chacune de ces pratiques est accompagnée d’un protocole de respect envers les autres adeptes du culte. Si quelqu’un tombe, il y a toujours cinq personnes pour le relever.
Pour 60$, vous aurez l’occasion d’entendre 15 groupes talentueux sur deux soirs, avec en prime une compilation double (quantité limitée).
Pour certains, l’évènement sera l’occasion de refaire leur garde-robe, ayant économisé toute l’année pour cela. Car loin d’être un simple gout musical, le métal est surtout un mode de vie. Pour la plupart, ce sera un temps de retrouvailles entre amis, car la famille métal est assez unie sur le plan des amitiés qu’elle développe.
Désormais, ce mouvement musical est vraiment vaste en ce qui concerne son aptitude d’innovation, les différentes catégories qui la composent (plus d’une trentaine) ainsi que de la fusion des genres musicaux depuis l’émergence du type heavy au début des années 1970. Je vais développer cela dans le cadre de mon mémoire en philosophie qui porte sur l’esthétique métal, sorte de regard sociologique sur ces pratiques culturelles marginales, mais mondiales.
En conclusion, la musique métal s’adresse à tout le monde, de 7 à 77 ans, mais on y observe généralement dans les spectacles une moyenne d’âge d’environ 25 à 30 ans. Par contre, il est de moins en moins rare de voir des enfants accompagner leurs parents aux concerts, car ceux qui écoutaient déjà Black Sabbath ou d’autres groupes dans les années 1970-80 transmettent ou inculquent leur musique, telle une valeur familiale, à leurs enfants.
Alors c’est un rendez-vous les 11 et 12 octobre prochains! Le phénomène métal est une expérience qui se vit et se comprend en concert, où chacun est traversé par la puissance de la musique. Petit conseil, n’oubliez pas vos bouchons à oreilles!