Il y a 600 millions d’années, la vie sortait de l’eau. Voilà 65 millions d’années, les dinosaures disparaissaient lors de la cinquième extinction de masse. La mort des reptiles géants a permis l’évolution profiteuse des mammifères qui étaient chassés des endroits fertiles et abondants en nourriture. Puis, il y a seulement deux millions d’années, certains mammifères ont commencé à être bipèdes, maîtrisant le feu il y a environ 400 000 ans.
Un siècle plus tôt
Lorsque mon grand-père paternel Clément Veilleux est né, vers 1923, il n’y avait pas de toilette ni d’eau courante dans sa maison, mais surtout pas d’électricité. Quand je dis sans électricité, cela veut dire sans appareils ménagers (laveuse, sécheuse, aspirateur, lave-vaisselle, bouilloire, grille-pain, chauffe-eau, réfrigérateur, micro-onde, four, congélateur) et encore moins de télévision.
Cela veut aussi dire un monde presque sans transports au pétrole (voiture, avion, bateau, moto), sans téléphones ni satellites, sans radio ni télévision, ni cellulaires, ni GPS, sans briquets et autre feu à main, sans marché d’alimentation ni fast food, sans Canadian Tire, Walmart, Rona ou Costco, sans ordinateurs ni mp3, scan, fax, VHS, DVD, écran plasma, sans barrage électrique ni aréna de hockey ou patinoire intérieure permanente, alouette!
Rajoutons-y les éléments militaires liés au «progrès» de la technique et de l’électronique (armes, machines de guerres, chars d’assaut, avions de chasse, laboratoires chimiques de bactéries, usines nucléaires) ou médical (radiologie, neurologie, cardiologie). Comment pourrions-nous vivre aujourd’hui sans ces technologies? Cela parait invraisemblable, voire impossible. Alors maintenant imaginez un monde sans kleenex ni papier de toilette ni couches jetables?!
L’échec du capitalisme
Le 20 aout dernier, selon des chiffres compilés par Global Footprint Network, l’humanité vient d’épuiser les ressources que la Terre était en mesure de produire en 2013 pour soutenir notre consommation de plus en plus effrénée. Ainsi, pour le reste de l’année, les sept milliards d’individus continueront de creuser un déficit écologique malsain.
Au rythme actuel, le regroupement évalue que «la demande de l’humanité en ressources et services écologiques exigerait une fois et demie la capacité de la Terre pour être satisfaite». Selon ces mêmes calculs, «nous aurons besoin de deux planètes d’ici 2050 si les tendances actuelles persistent». Selon l’article d’Alexandre Shields, «si tous les Terriens consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance».
Dans le dernier siècle, selon le fils d’Hubert Reeves lors d’une conférence à l’UQTR en 2008, la population s’est multipliée par quatre et la technologie par vingt. En à peine 100 ans, on aurait épuisé la moitié de toutes les ressources créées en 100 millions d’années!
J’ai réalisé à quel point l’occident régnait à l’ère du gaspillage et excelle dans les comportements stupides. Ce sont des insultes pour le tiers-monde: transformer du maïs en essence, faire une collection de voitures, inventer les casinos et la loterie, faire une collection de monnaie ou de bouteilles de bière pleines, avoir des psychologues pour chiens, détruire la beauté naturelle du corps dans la chirurgie dite «esthétique», gaspiller des millions pour faire un film ou même la guerre…!
La morale de l’histoire
Non seulement l’Homme devient dépendant des objets qu’il invente, mais son individualisme forcené le pousse parfois à s’autodétruire. Shields affirme que le jour du dépassement arrive chaque année un peu plus tôt. En 1993, il est survenu le 21 octobre. En 2003, il est arrivé le 22 septembre. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), «aujourd’hui, plus de 80% de la population mondiale vivent dans des pays qui utilisent plus que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler». La tortue a 300 millions d’années, on devrait peut-être lui demander des conseils, car en s’occupant des autres espèces, on s’occupe aussi de nous-mêmes.
Mais pour l’instant, nous ne savons que creuser notre propre tombe. Oui, la planète EST épuisable et il est temps d’en prendre conscience, sans oublier ce potentiel de notre propre extinction. J’aime bien la pensée anarchiste «le pire n’est pas d’avoir des chaines, mais de ne plus en sentir le poids».
Si tous les Terriens consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance.
Or, nous sommes tous les témoins passifs de la décadence du capitalisme occidental qui fabrique des objets, on dirait, avec la plus courte date d’expiration possible! Et nous participons tous à cette Amérique qui jette 50% de sa nourriture plutôt que de la DONNER aux démunis, qui tarit les rivières pour nettoyer de l’asphalte ou remplir les toilettes, qui médicamente sa population et la gave de fast food télévisuel pour la tenir ignorante. Aurions-nous perdu le contrôle de notre créature comme le docteur Frankenstein?
Écoutons le proverbe: «Quand vous êtes dans un trou, la meilleure chose à faire est d’arrêter de creuser». Alors pensez-y bien à l’avenir avant d’acheter une nouvelle bébelle jetable, en avez-vous vraiment besoin ou voulez-vous contribuer à la mort de l’espèce en soutenant ce fiasco écologique?
Vous saviez qu’au Sénégal, les femmes utilisent une crème blanchissante en vente libre pour blanchir leur peau afin de trouver un mari? Interdit de vente sans prescription au Canada et en Europe, ce produit représentait en 2009 la majeure partie des ventes dans les magasins de cosmétiques là-bas. Cependant, au fil du temps d’utilisation, ce produit finit par brûler et détruire la peau!