Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: Vive la désobéissance civile

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Le 29 novembre dernier, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue malgré la froide température, et surtout au-delà des intérêts partisans et des idéologies (gauche/droite), pour manifester leur mécontentement contre un gouvernement qui agit sans écouter la population. J’étais parmi eux, voici ma réflexion sur cette journée.

Histoire d’un concept

La «désobéissance civile» est une notion héritée de l’œuvre tant littéraire qu’existentielle du philosophe transcendantaliste américain Henry-David Thoreau (1817-1862). Auteur et poète, il fut emprisonné en juillet 1846 pour avoir refusé de payer ses impôts. Henry considérait moral de ne pas appuyer les entreprises humaines de son État considérant qu’il admettait l’esclavage et faisait une guerre de conquête au Mexique.

En 1849, Thoreau publie Résistance au gouvernement civil – mieux connu sous le nom de Désobéissance civile à cause d’une réédition ultérieure. Dans ce texte célèbre, il proclame l’existence de lois injustes d’où la nécessité de résister. «Par contre, si une loi, de par sa nature même, vous oblige à commettre des injustices envers autrui, alors, je vous le dis, enfreignez-la. […] Mon devoir est de veiller à tout prix à ne pas être moi-même complice du mal que je condamne.»

Deux ans plus tard, Thoreau met sa théorie politique en pratique et proteste contre les lois esclavagistes en plus d’aider fréquemment des esclaves à s’enfuir vers le Canada. Père de l’écologisme et de la simplicité volontaire, il est aussi parmi les pionniers d’une nouvelle littérature racontant le pays américain et ses paysages, prenant tout autant la défense des activistes abolitionnistes de son temps. Pour ces diverses raisons, son héritage littéraire, philosophique et politique sera toujours présent, un peu partout sur la planète, là où la résistance, la rébellion et l’indignation, face à l’injustice, sont toujours parmi les premiers devoirs du citoyen.

Par la suite, plusieurs militants à travers le monde et activistes pacifistes vont s’inspirer de Thoreau, de Gandhi à Martin Luther King, malheureusement tous deux assassinés. Lors des grandes manifestations étatsuniennes contre la guerre du Viêt-Nam à la fin des années 1960, plusieurs contribuables vont protester contre la participation de leur pays à cette guerre en refusant de payer leurs impôts. Dans certains cas, au lieu de leur déclaration fiscale, les citoyens envoyèrent une copie de La désobéissance civile au gouvernement!

Le régime de Pinocchio

Ce qui est fascinant dans notre mode pseudo-démocratique de représentation, c’est que la campagne électorale semble finalement être une période où une personne peut dire à peu près n’importe quoi pour se faire élire, comme la promesse de créer 250 000 emplois.

Par exemple, lors des élections, Philippe Couillard se vantait d’avoir le monopole des «vraies affaires» et multipliait les engagements. Pourtant, le 20 février 2014, il associait l’augmentation de 1$ des frais de garde par le PQ à «un choc tarifaire important pour les contribuables, surtout de la classe moyenne». En mai, Couillard rejeta la hausse de 2$ pour les CPE proposée par le PQ et préconisa l’indexation. Puis, le 5 novembre dernier, son augmentation allant jusqu’à 12$ devient, par magie, «une mesure juste et équitable». Qu’on ne soit plus étonné si François Legault se permettait récemment de traiter le Premier ministre du Québec de «visage à deux faces» à l’Assemblée nationale.

Le 10 mars 2014, Philippe Couillard affirmait notamment que «l’éducation est le meilleur investissement pour le futur de nos enfants». Pourtant, dès le 27 septembre, il y coupe tout de même un milliard de dollars, notamment dans l’aide au devoir et les collations! Entretemps, le 21 juillet dernier, Couillard avait proposé d’augmenter le salaire des députés de 54,2% passant de 88 136$ à 136 000$… Pendant ce temps, les banques canadiennes accumulent les profits record (39 milliards uniquement pour l’année 2013).

Quand c’est rendu que même l’ACFAS (Association francophone pour le savoir) doit présenter un mémoire afin de défendre la recherche comme un «investissement pour la prospérité», s’agenouillant pratiquement pour préserver la politique nationale de la recherche et de l’innovation, on voit bien à quel point nous sommes désormais dirigés par des clowns plus proches des contributeurs au parti que des intérêts de la population.

De toute façon, avec moins de 40% du vote des électeurs (tant au provincial qu’au fédéral), on se demande encore comment ils osent affirmer qu’ils ont la légitimité d’agir ainsi, à l’encontre de tous et de toutes, qu’on parle d’austérité ou encore d’oléoduc. Mais comme le souhaite une certaine tradition, s’appuyant sur le peuple comme source véritable du pouvoir et seule autorité, «lorsqu’une loi est injuste, lui résister est un devoir».

Ce dont sera fait le Québec de demain, dépend de notre solidarité aujourd’hui.

Refusons l’austérité!

Comme nous sommes dirigés par une armée de Pinocchio, il faut combattre sans cesse les mensonges intolérables de ces petits politicailleux. Notre avenir est en jeu et l’intérêt collectif est en danger. Nous devons comprendre que le bien commun est prioritaire, car il englobe tout le monde et que la justice sociale doit être davantage qu’une parole creuse.

En conséquence, nous devons agir intelligemment, bruyamment et massivement, être présents partout, tout le temps. Faudra-t-il bloquer des autoroutes ou bien des ponts pour se faire entendre? J’y pense tous les jours. Pour l’instant, contentons-nous de manifester dans les rues et d’inonder les journaux et les tribunes libres (radio/télé) de notre indignation. La récente levée de fonds de GND (386 000$ en une semaine) pour l’organisme citoyen Coule pas chez-nous.com est un bon exemple de résistance active, mais pacifique.

Espérons que l’année 2015 sera meilleure que 2014, qu’elle puisse nous offrir des politiciens à la hauteur de nos attentes envers ceux qui nous représentent plutôt que des individus déconnectés de la réalité. Pour rétablir la confiance des citoyens envers leurs institutions politiques, il serait temps que nos élus innovent davantage que des commissions-bidons pour non seulement entendre les alternatives, mais aussi avoir le courage de les appliquer. À ce sujet, il faut absolument visiter le site nonauxhausses.org de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics qui a déjà chiffré 18 solutions fiscales pour un total de dix milliards de dollars! Écoutons-les.

Le gouvernement libéral doit se sortir la tête du banc de neige et orienter ses actions en faveur du plus grand nombre, c’est-à-dire le contraire de ce qu’il fait actuellement en attaquant les pauvres, les garderies, les écoles publiques, les organismes communautaires et les associations environnementalistes, les régimes de retraite, les syndiqués, les centres de développement locaux, bref tout ce qui nous permettait depuis vingt ans de traverser la tête haute la tourmente économique créée par les banquiers et les requins de la finance.

En attendant, il faut impérativement continuer de manière inlassable de consolider notre cohésion sociale. C’est tous ensemble que nous pourrons défendre nos acquis sociaux et tout l’héritage de la Révolution tranquille afin d’assurer aux générations futures, une qualité de vie encore meilleure que nous avons pu avoir au lieu du contraire.

La société du futur, ce dont sera fait le Québec de demain, dépend de notre solidarité aujourd’hui. Ne laissons pas le gouvernement Couillard détruire notre social-démocratie et le modèle de l’État-providence que nous avons su bâtir au fil des générations.

Agissons avec audace, ténacité, détermination et persévérance. Le degré de collaboration du peuple québécois déterminera l’issue de cette lutte. Seul un peuple uni, par la force de sa résistance, peut vaincre les nombreux démons du capitalisme sauvage et le poison de l’austérité néolibérale qu’on tente de nous enfoncer au fond de la gorge comme un canard gavé pour en faire du foie gras. Ah oui, joyeux Noël quand même et bon temps des Fêtes!

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