Jeunes dragons: Enfants Sauvages, fleurs et abeilles

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L’entrepreneuse Alice Berthe. Crédit: Gracieuseté Crédit illustration: Sarah Gardner

La beauté, la passion, le parfum, le romantisme, le design, une visite dans une ferme de fleurs au Québec, une bonne occasion d’aller en Estrie?  C’est ce que nous propose Enfants Sauvages fleurs et abeilles. Enfants Sauvages, ce sont aussi des fleurs cultivées de façon écologique dans les Cantons-de-l’Est par des fleuristes inspirés par la nature.

Il s’agit d’une initiative d’Alice Berthe, 32 ans, étudiante au baccalauréat en pratique sage-femme à l’UQTR. Elle a su voir dans l’œil du dragon qui est en elle.

ZC : Super intéressant ton projet, Alice. Pourquoi avoir choisi l’Estrie?

Alice Berthe : Je ne pense pas avoir choisi l’Estrie, c’est plutôt l’Estrie qui m’a choisie. En fait, un jour comme un autre, j’ouvre mon ordinateur et j’ai une amie de Facebook qui me dit: «J’ai quelqu’un qui vend une terre en Estrie avec un verger à une bouchée de pain.» J’ai tout de suite saisi l’opportunité.

ZC: Pourquoi le programme de sage-femme?

AB : En fait, c’est un bon défi, car je ne viens pas du tout du milieu des sciences, car j’ai une mère peintre et j’ai moi-même des prédispositions pour le design. J’avais décidé de rajouter une corde à mon arc en 2016 et présenter une demande d’admission en pratique sage-femme où j’ai été admise. Un bon défi qui m’a pris quand même 6 ans et j’ai fait des stages dans toutes les régions imaginables.

ZC : Alice, quand on achète une maison, elle est généralement destiné à la vie familiale, traditionnelle, avec un petit jardin, mais pourquoi choisir de démarrer une ferme florale?

AB :  Je dois cela principalement à mon âme entrepreneuriale. Pour la petite histoire, quand j’étais enceinte, je me suis acheté une machine à coudre pas chère de 100$ et j’ai commencé à faire du tricot pour mon enfant, et puis je me suis dit: « Ça serait le fun d’avoir une marque de vêtement pour bébé, et là j’ai commencé une boutique en ligne sur Etsy pour lancer ma marque Lili cantaloup. De plus, quand on est arrivés sur le terrain, la maison était déjà là, donc on est passés à un autre projet. C’est ça pour moi, l’âme entrepreneuriale: tenter de voir la vie d’un prisme de développement.

ZC : Quelles sont les besoins comblés par Enfants Sauvages fleurs et abeilles?

AB : En effet, on produit des fleurs écologiques et des fleurs écoresponsables, et on a aussi un studio de design floral comme un fleuriste. On s’adresse à deux publics en particulier: aux fleuristes, avec lesquels on joue un rôle de grossiste, et aux particuliers, à qui on offre des abonnements de fleurs. On offre une réconciliation avec la nature aux abonnéEs, c’est une offre qui est très pertinente en temps de pandémie. C’est-à-dire, les gens peuvent s’abonner à l’avance en hiver où on leur fera participer dans la ferme, et au cours de la saison ils vont recevoir 10 bouquets, chaque bouquet par semaine. On encourage ainsi une agriculture soutenue par la communauté. De plus, avec notre studio de design floral, on offre du service de design pour des événements comme les mariages.

ZC: Génial comme approche, que voulais-tu dire par fleurs écologiques et écoresponsables?

AB :  Ce qu’il faut savoir dans la fleuristerie au Québec, c’est que plus de 90% des fleurs qu’on retrouve sur le marché viennent de l’extérieur et il existe très peu de personnes éduquées sur les conditions dans lesquelles ces fleurs sont produites. Si les gens le savaient, ils n’achèteraient pas de fleurs. En fait, la majorité des fleurs qu’on retrouve dans les grandes surfaces, sont des fleurs cultivées avec beaucoup d’engrais chimique, ce qui les dote d’une empreinte écologique catastrophique. La dose de pesticides utilisée dépasse même souvent mille fois les normes établies au Québec. Aussi, la santé des travailleurs qui participent à la production de ces fleurs est déplorable.

Ainsi, chez Enfants Sauvages fleurs et abeilles, on s’est donné pour objectif de ne jamais utiliser de pesticides de synthèse, aucun engrais chimique et le fait qu’on soit local donne une occasion aux amoureux des fleurs et de l’environnement de s’impliquer pour leur environnement, ce qui permet de sensibiliser par le fait même l’achat local et encourager l’économie locale de nos régions. L’un de nos défis aussi, est de nous séparer le plus possible des énergies fossiles. C’est ainsi qu’on envisage faire de la livraison porte-à-porte à vélo très prochainement.

ZC : Une ferme florale, ou tout autre projet agricole sur une ferme, demande quand même d’avoir du capital pour se lancer et surtout pour se développer, comment as-tu relevé ce défi?

AB : C’est vrai que cela n’est pas évident quand on y pense, car on se retrouve déjà à environ 150,000$ au niveau investissement. Cependant, j’ai de l’expérience en stratégie développement, et dans le domaine de l’agriculture, il existe beaucoup de subventions pour ce qu’on appelle la relève agricole. C’est ainsi qu’on a pu avoir la prime à l’établissement de la Financière Agricole qui aide la relève agricole à s’établir et le programme Territoire du MAPAQ. On envisage de lancer une campagne de financement participative le premier mars avec la plateforme La Ruche, en partenariat avec le fond Mille et Un pour la jeunesse qui s’est engagé à doubler notre objectif de 21 000$ à 42 000$ pour le financement participatif.

ZC : Comment réconcilier une carrière entrepreneuriale et une carrière en pratique de sage-femme?

AB : Normalement, sage-femme, ce sont des horaires qui sont atypiques, on est souvent sur appel, et on est obligées d’être de garde, soit la nuit, le jour ou le soir, et moi je crois beaucoup au développement de la pratique en espérant que le modèle de pratique puisse évoluer. J’aspire à ce que le modèle de pratique change et de pouvoir travailler à mi-temps dans un groupe de médecins de famille.

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