«La nature abhorre les lignes droites» – Horace Walpole
Prise en charge par l’Homme, la nature se transmute en un genre de papier peint terne recouvrant l’intérieur des maisons de banlieue. Les fleurs épinglées sur les murs arborent des couleurs froides comme le givre. En pleine décrépitude, ce jardin intérieur n’est autre qu’une nature morte, du pop art reproductible à loisir pour les masses. Il renvoie le reflet glacial de notre société de consommation.
Ce sont des gens peu versés dans le domaine des arts qui couchent la nature sur papier. À l’aide de calculs scientifiques, ils recréent la vie en éprouvette. Ils produisent à la chaîne comme en usine. Les distorsions génétiques menées en laboratoire rendent la nature aussi rectiligne et symétrique que les motifs figés qui s’entassent sur le papier peint bon marché.
C’est dans cette perspective de rationalisation de l’environnement que l’Homme aménage la nature pour en faire un espace propre et rangé. La banlieue participe à cette mise en ordre en faisant table-rase des milieux naturels. Le papier peint se substitue ainsi à la nature, qui n’existe plus que sur papier.