La Lady bimensuelle: Les Gibson Girls ⎯ Avant Kardashian, il y avait Gibson

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Gibson Girl : The social ladder. Photo: Charles Dana Gibson
Gibson Girl : The social ladder. Photo: Charles Dana Gibson

S’il y a des femmes qui ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, ce sont les plus que fameuses sœurs Kardashian. Vous me direz que ce n’est pas une bonne chose puisqu’elles incarnent ce qu’il y a de plus superficiel chez nos voisins du sud. Elles personnifient envers et contre tous, l’idéal américain moderne, tant par leur style vestimentaire que par leur mode de vie. Les Kardashian ne sont cependant pas les premières à inspirer autant, puisqu’avant, il y avait Irene, Evelyn et Camille, les Gibson Girls.

Idéal imaginaire

Contrairement à leurs homologues modernes, les Gibson Girls n’étaient pas des sœurs. En fait, elles ne se connaissaient même pas, et ne se sont jamais rencontrées. Avant de présenter leur vie, élaborons un peu le concept de la Gibson Girl. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, et la société vit l’industrialisation. Le rôle de la femme tend à changer, lui donnant une place plus proéminente en société. En 1887, Charles Dana Gibson, illustrateur américain connu à l’époque, décidera de créer la Gibson Girl, soit la personnification de l’idéal féminin américain.

La Gibson Girl est une grande femme, mince à la taille, mais avec des formes généreuses. Elle a le cou élancé, des cheveux en chignon de type pompadour et aime beaucoup la mode. Elle fait du sport, est très moqueuse et aime bien plaisanter. Elle est égale à l’homme sans pour autant être du mouvement des suffragettes. Elle a une opinion sur les sujets tels que la politique et la culture, mais ne militera pas pour eux.

Loin de se transposer à toutes les couches sociales, cette description de la femme parfaite de 1900 pouvait difficilement être atteinte par toutes les femmes. C’est au sein de la bourgeoisie et de la noblesse que l’on retrouve celles qui veulent atteindre cet idéal. Le travail est d’ailleurs multiple puisque non seulement il faut suivre des standards de beauté, mais aussi d’esprit et de personnalité.

D’ailleurs, pour compléter correctement la Gibson Girl, il a fallu trois femmes différentes: Evelyn Nesbit, Camille Clifford et Irene Langhorn. Si les trois ont vécu États-Unis, leurs parcours sont des plus différents et opposés.

Les trois muses

La première Gibson Girls que je présente est Evelyn Nesbit. Elle arrive à New York en 1901 où elle débuta une carrière de modèle. Seulement âgée de 16 ans, elle impressionne par sa grande beauté naturelle et ses longs cheveux roux. Sa chevelure inspirera d’ailleurs un des croquis les plus connus de Charles Dana Gibson, L’éternelle question. Avec sa carrière de modèle, elle deviendra très vite populaire et c’est à travers les journaux et les photographies d’elle que Gibson la découvrira. Fougueuse et frivole, sa carrière est cependant teintée par le meurtre de son amant par son mari, qui la mènera dans l’alcoolisme.

Vient par la suite l’actrice américano-belge Camille Clifford. En 1900, elle participe à un concours d’un magazine qui veut trouver la femme qui ressemble le plus à la Gibson Girl, et le gagne haut la main. Avec sa taille de guêpe et ses hauts chignons, elle est considérée comme la plus connue des Gibson Girls. Après le tremplin que lui a offert le concours, elle va jouer sur Broadway et finalement dans plusieurs films. Cependant, elle n’est pas vraiment reconnue pour son talent d’actrice, mais bien plus pour sa beauté frappante.

Et finalement, la dernière des Gibson Girls est Irene Langhorn. Alors qu’elle est la moins connue, c’est surement elle fut la première puisqu’elle est la femme de Charles Dana Gibson. Si Evelyn et Camille étaient surtout connus pour incarner le corps de la Gibson Girl parfaite, Irene représentait l’esprit et la personnalité du personnage. Venant d’une famille distinguée, elle s’intéressera très tôt à la politique progressive, à la philanthropie, et sera reconnue pour ses talents dans différents sports.

Elle utilisera particulièrement ses connexions mondaines pour faire le changement. Elle-même bien placé en société, son mari attirera lui aussi plusieurs cercles sociaux par sa popularité en tant qu’artiste. C’est la cause des femmes et des enfants qui la touchera le plus. Elle est d’ailleurs la fondatrice de Big Sister Inc à New York, un organisme qui promouvait le parrainage de jeunes filles démunies. Et contrairement à l’idéal de la Gibson Girl, elle prendra part au mouvement suffragette pour les droits des femmes.

Chaque époque a son cercle d’influence, et les Gibson Girls en ont inspiré plusieurs au tournant du XXe siècle. Oui, il y avait un idéal corporel, mais aussi un idéal d’esprit, de présence qui va au-delà de la beauté et qui encourageait la femme à s’affirmer en société.

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