Le 30 janvier avait lieu la Nuit des idées 2020. À l’occasion de cette cinquième édition, elle avait pour thème « Être vivant[.e] ». Sur les cinq continents, des intervenant.e.s de tous horizons – intellectuel.le.s, chercheur.euse.s, artistes – étaient invité.e.s à débattre autour de cette thématique. Cet événement s’est déroulé dans 90 pays, 187 villes et a réuni 200 000 participant.e.s.
Dans le cadre de cette édition, la Galerie R3 et le Groupe URAV, en collaboration avec le Consulat Général de France, ont axé leurs réflexions sur les questions environnementales et leurs incidences sur les modes de création. Qu’est-ce qu’être vivant.e à l’ère de l’éco-anxiété? Les invité.e.s ont su, à leur façon, y répondre en nous proposant leur vision.
Une nuit pour échanger
Initiée par le Ministère des affaires étrangères de France et l’Institut français, La Nuit des idées se tient une fois par an. Il s’agit d’une nuit pour échanger, mettre nos activités individuelles sur pause, se réunir et réfléchir ensemble. « Une nuit pour partager ses cultures, exprimer ses inquiétudes, débattre de sa vision du monde, alerter sur l’avenir des générations futures, éveiller les consciences, échanger sur des solutions aux défis d’aujourd’hui et de demain. Une nuit pour être et rester vivant » (La Nuit des idées, 2020).
Commissarié par Lorraine Beaulieu, directrice de la Galerie R3, et Philippe Boissonnet, directeur du Groupe URAV, la première Nuit des idées de Trois-Rivères accueilli Paul Ardenne, Michael La Chance, Evaldo Becker, The Two Gullivers, Hortense Gauthier, Sylvie Tourangeau, Joliane Dufresne et Christine Ouellet. La revue Inter, art actuel a, par la même occasion, lancé son 134e numéro intitulé « Sérendipité : l’intelligence accidentelle ».
« Être vivant[.e] » : sous quelles conditions?
Paul Ardenne, historien de l’art, commissaire et écrivain français, a débuté la soirée par une conférence en nous proposant une réflexion sur « être vivant[.e] » à l’ère de l’éco-anxiété. Tout au long de la conférence, il proposa différentes descriptions. Le temps où les micro-gestes écologiques auraient peut-être pu être suffisants est révolu.
Le désastre est annoncé depuis longtemps, nous rappelle l’historien de l’art. Il a fait référence au « sublime » tel qu’entendu par le philosophe Edmund Burke face à ce désastre. La crise environnementale est ancienne, et ce, bien qu’elle n’ait pas suscité de réplique majeure auparavant. Paul Ardenne nous affirme qu’il y a cependant eu plusieurs mises en garde, dont la création de la Journée de la Terre en 1970 en commémoration de la création du mouvement environnementaliste créé par Gaylord Nelson. « Est-ce qu’on en a pris conscience comme il en aurait fallu ? », demande l’historien de l’art. Bien sûr que non.
Lorsqu’il est venu pour la première fois en Amérique, il se souvient qu’il pouvait percevoir la banquise de la fenêtre de l’avion. Or, aujourd’hui, elle est presque entièrement fondue. Comment être vivant.e au temps des extinctions ? Comment désormais concevoir l’éternité ? C’est quoi, « appartenir au parti de la mort » ? Comment concevoir l’individu désormais ? « Le sujet est prié de sortir de la scène, de se taire, de faire profil bas » (Ardenne, 2020).
Performer : la fin du monde
La thématique a été réfléchie de plusieurs manières. Les artistes Sylvie Tourangeau, Hortense Gauthier, Joliane Dufresne et The Two Gullivers ont performé. Les quatre performances ont permis d’envisager le fait d’« être vivant[.e] » sous plusieurs points de vue. Les spectateur.trice.s étaient confronté.e.s à un chaos. Ils et elles étaient amené.e.s à réfléchir leur propre présence dans le monde face à l’urgence climatique. Les artistes nous ont alarmé.e.s., nous ont demandé d’imaginer la mer, mais nous ont surtout rappelé qu’on ne pouvait plus faire marche arrière. La fin du monde est bien réelle.
Réfléchir l’écologie par l’art
Entre les performances, un table ronde a eu lieu où Paul Ardenne, Michael La Chance, Evaldo Becker et Christine Ouellet ont échangé.Il a d’ailleurs été question de l’ouvrage Un art écologique. Création plasticienne et anthropocène (2018) de Paul Ardenne. Une pluralité de points de vue était à l’honneur où chacun.e a parlé de leur posture (historien de l’art, écrivain, philosophe ou d’artiste). Être vivant.e à l’ère de l’éco-anxiété, c’est, entre autres, se questionner, être sensible, oser critiquer, se tenir debout.
Bibliographie :
La Nuit des idées. (2020, 30 janvier). LA NUIT DES IDÉES « ÊTRE VIVANT », 5E ÉDITION, 30 JANVIER 2020 [dossier de presse]. Repéré à https://www.lanuitdesidees.com/public/pdf/Dossier_de_presse.pdf