La p’tite vite: Connaissez-vous vraiment le clitoris?

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Selon une vaste étude américaine réalisée en 2017, les femmes hétérosexuelles auraient davantage de difficultés à atteindre l’orgasme que leurs partenaires masculins. En effet, à la question «Au cours du dernier mois, à quelle fréquence avez-vous [vous]/[votre partenaire] atteint l’orgasme?», c’est 95% des hommes hétérosexuels disant l’avoir atteint «régulièrement ou toujours», comparativement à 65% des femmes hétérosexuelles. L’écart est considérable.

Si cela vous surprend, j’ai la malheureuse tâche de vous annoncer que non, l’épanouissement sexuel des femmes n’est pas encore tout à fait gagné, même après la révolution sexuelle. Le plaisir sexuel féminin est d’ailleurs encore aujourd’hui mal compris, et ce, pour plusieurs raisons.

Le fameux clitoris et sa méconnaissance perpétuée

Vous avez peut-être déjà entendu qu’il y a des femmes clitoridiennes ou vaginales. En fait, c’est une mauvaise représentation du plaisir sexuel féminin. Il est primordial de présenter le clitoris comme la zone érogène par excellence chez la femme. On situe souvent cet organe du plaisir sexuel féminin en haut de l’ouverture du vagin, mais ce n’est que la partie visible.

Le mythe qu’il est aussi petit qu’une bille est faux, puisque le clitoris détient une partie interne très importante au point de vue biologique. En fait, il se prolonge en deux branches entourant le vagin et l’urètre, faisant environ dix centimètres chacun. C’est donc un organe complexe, mais encore très mal représenté.

Le mythe que le clitoris est aussi petit qu’une bille est faux, puisqu’il détient une partie interne très importante.

En 2017, les éditions Magnard sont les premières en France à représenter le clitoris comme il se doit dans ses manuels scolaires, en présentant également l’aspect interne de cet organe. Je suis allée dans le manuel de mon cours de biologie humaine que j’ai suivi en 2018 au cégep pour vérifier la manière dont celui-ci était figuré.

Sans grande surprise, il est seulement présenté comme une petite boule de chair, sans la proportion interne. Il est donc important de prendre conscience qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance au sujet du clitoris, pouvant être expliqué par l’absence de certains aspects dans notre propre manière d’enseigner l’anatomie. L’impact est encore plus grand pour les jeunes filles qui n’apprennent pas souvent à quoi ressemble complètement leur organe sexuel.

Les sources d’informations souvent inadéquates

Une étude sur ce sujet a été réalisée en 2002 auprès d’étudiant.e.s de l’Université du Wisconsin à Madison. Celle-ci a révélé qu’il y a des liens entre les sources d’informations utilisées pour s’éduquer sexuellement, les connaissances des étudiantes sur leur propre anatomie et le plaisir sexuel. Ainsi, l’école et les parents étaient les sources d’informations les plus utilisées, mais également celles les moins adéquates pour en apprendre sur la sexualité féminine.

Cette ignorance biologique et de l’importance du clitoris dans la sexualité féminine peut amener des difficultés à atteindre l’orgasme pour certaines femmes. En effet, une bonne connaissance de notre anatomie et de son fonctionnement est primordiale pour l’atteinte de celui-ci. Effectivement, pour reprendre l’étude américaine présentée précédemment, le meilleur moyen pour connaître sa propre anatomie est l’exploration de celle-ci, que l’on peut donc associer à la masturbation.

Dans un monde où la pénétration vaginale est de mise, le clitoris est nettement oublié.

La pénétration vaginale

Un autre point important dans cette difficulté à atteindre l’orgasme chez les femmes est le rapport que nous avons avec certaines pratiques sexuelles. En effet, dans un monde où la pénétration vaginale est de mise pour une supposée sexualité réussie, le clitoris peut être négligé puisque ce n’est pas l’activité la plus efficace pour sa stimulation.

Ainsi, la pénétration est un aspect de l’activité sexuel parmi tant d’autres que certains peuvent ne pas aimer, tout comme ceux qui n’aiment pas le sexe anal. Cependant, il y a encore un tabou à dire que l’on n’aime pas la pénétration vaginale dans notre société actuelle.

Par exemple, Louis T dans son nouveau spectacle affirme que pour lui, la pénétration n’est pas son activité sexuelle préférée. Cette affirmation a amené un malaise assez pesant, devenant ainsi la continuation de sa blague. Ce malaise généralisé dans la salle exprime bien l’importance que nous accordons à la pénétration vaginale.

L’épanouissement sexuel des femmes commence par l’apprentissage de leur anatomie.

Alors pourquoi accordons-nous tant d’importance à la pénétration vaginale, alors que tant d’autres pratiques sexuelles existent? Nos vies sexuelles ne devraient pas se résumer seulement à cela, surtout si une personne dans le couple ne l’apprécie pas autant que l’autre.

Une part également culturelle

Enfin, il y a également une part de notre culture qui réside dans cet écart aussi important du plaisir sexuel. Il y a encore une certaine stigmatisation par rapport aux femmes et à leur désir sexuel, et cela peut donc être difficile pour certaines d’affirmer ce qu’elles aiment par peur d’être jugées. Avec cela s’ajoute la difficulté de tout simplement apprendre le fonctionnement de leur corps et d’ainsi découvrir quelles activités sont les plus favorables à leur plaisir.

L’épanouissement sexuel des femmes commence donc par l’apprentissage de leur anatomie, mais également à admettre et comprendre ce qu’elles aiment, pour ainsi arrêter de jouer le rôle passif qu’on leur accorde beaucoup trop souvent dans la sexualité.

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