La p’tite vite: Empathie et pédophilie

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Les pédophiles attirent rarement la sympathie de la population et pour cause. Mais si une fois, juste une fois, vous et moi, au travers d’une chronique, nous essayions d’avoir un peu d’empathie.

Ne frappez pas sur le messager

Avant que vous ne me lapidiez sur la place publique, lisez ces quelques phrases. Je condamne sans aucune réserve les agressions ou quelconques actes pédophiles, peu importe leurs natures. Pour moi, il n’y a pas de petits délits en ce qui concerne les enfants. Par ailleurs, si l’ombre d’une personne osait s’attaquer ne serait-ce qu’à une cellule de mes enfants, je les pourfendrais jusqu’à annihilation complète, et ce, sans remords. Avis aux intéressés! Alors comment puis-je écrire sur l’empathie? Par la distinction objective des faits. Simple? Peut-être… Malgré tout, plus facile à écrire qu’à faire.

Distinction entre pédophile et agresseur

Tous les pédophiles ne sont pas systématiquement des agresseurs. Du moins, c’est ce qu’avance le Dr James Cantor, sommité mondiale en matière de pédophilie et autres paraphilies associées. Dans une entrevue accordée à la CBC, celui-ci suggère que la majorité des pédophiles n’ont jamais agressé sexuellement d’enfants et qu’à l’inverse, ce ne sont pas tous les agresseurs d’enfants qui seraient pédophiles, mais plutôt des pervers opportunistes ayant choisi leurs victimes pour leur vulnérabilité plutôt que leur âge. Je ne sais pas pour vous, mais mes propres préjugés viennent d’en prendre pour leur rhume. En écrivant ces lignes, votre fidèle serviteur doit rafistoler sa mâchoire tant il est pantois!

Toujours selon le Dr Cantor, sur le site Sexology Today, la pédophilie serait une orientation sexuelle innée et immuable. En gros, l’attirance envers les enfants serait l’équivalent de l’hétérosexualité ou l’homosexualité, c’est-à-dire que l’on naît ainsi sans que rien dans le développement postnatal ne puisse y changer quelque chose. Par conséquent, au même titre que moi avec les jolies femmes rousses, on ne pourrait guérir un pédophile de son attirance. Malgré tout, des thérapies spécialisées peuvent s’avérer utiles afin de mieux contenir les pulsions des pédophiles. Autrement dit, à mieux vivre avec la réalité de leur orientation sexuelle et d’en accepter les contraintes, autrement dit, l’abstinence totale. Toutefois, une question s’impose: malgré tout leur bon vouloir, ces pédophiles latents représentent-ils une menace potentielle pour les enfants?

Une question de pulsion

Selon le Dr Cantor, on ne peut pas choisir d’être pédophile, mais on peut choisir d’être un agresseur d’enfants (CNN, 21 juin 2012). C’est un peu ce que suggère le projet pilote Dunkenfield, en Allemagne. Ce projet consiste en une thérapie préventive afin que les pédophiles latents soient conscientisés au fait que «personne ne peut en blâmer une autre pour ses préférences sexuelles, mais tous sont responsables de leurs comportements» (dont-ofend.org, traduction libre). J’aime cette approche, mais à mon sens, elle a d’importantes lacunes, notamment l’obstacle des pulsions et celle de la désirabilité sociale.

Comme tout le monde le sait, la testostérone joue un grand rôle sur la libido et sur l’agressivité. Selon le Dr Cantor, la libido masculine serait une puissante source de motivation pour beaucoup de mauvaises décisions. Une approche que le Dr Pierre Mailloux semblait particulièrement soutenir avec la castration chimique ou physique. Toutefois, comme le soulève le psychiatre belge Pierre Oswald, ces solutions ne sont que peu efficaces chez les multirécidivistes puisque les agressions sexuelles pourraient survenir même en étant castré. Pour les agresseurs endurcis ou les pédophiles latents, la réussite d’un traitement repose sur le désir de changement. L’un et l’autre ne peuvent assurer une efficacité au-delà de la simple volonté humaine. Nous tous, qui avons déjà fait une résolution du Nouvel An, savons que la volonté humaine est très souvent défaillante. Imaginez maintenant répudier votre propre orientation sexuelle et vous y tenir, en seriez-vous capable. Que faire alors? Les petits comiques ironiseront que la chaise électrique, ou d’autres méthodes radicales du genre, seraient plus efficace. Toutefois, trêve de plaisanteries malsaines, soyons inventifs!

La pédophilie serait une orientation sexuelle innée et immuable.

Une approche différente

Et si, juste comme ça, on essayait l’empathie. S’il est possible de postuler que la pédophilie est innée et immuable. Peut-être alors serait-il pertinent de mettre au point un test précoce de dépistage, et ce, dès l’adolescence. Et si l’on éduquait les jeunes et moins jeunes au principe simple de «sans oui, c’est non!» et qu’un être humain n’est pas une chose que l’on peut prendre en toute impunité. Si, pour un court instant, on se plaçait dans la peau d’un de ces jeunes qui découvre l’horreur de sa réalité sexuelle. Aimerions-nous être aidés avant d’être jugés pour un crime que l’on n’a pas encore commis? Et si nous instaurions des services pour leur venir en aide et les soutenir avant que leurs pulsions ne les mènent à des choix tragiques et destructeurs. Au-delà de la seule justice, le but ultime n’est-il pas de sauver des vies? Poser la question, c’est du moins un peu y répondre. Plus d’humanité pour plus d’enfances préservées… Si, juste comme ça, on essayait.

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