La p’tite vite: Sexuellement libre

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Marie-Lou Denis. Photo: David Ferron
Marie-Lou Denis. Photo: David Ferron

Quelques minutes après avoir entendu cette chanson à la radio, on se surprend à la fredonner: «du plaisir, c’est bien tout ce que je veux, du plaisir […] et laisser dans un soupir, quelques gouttes de plaisir.» Cette chanson, interprétée par Jean-François Breau, remet en scène la pièce Dom Juan et le Festin de Pierre écrite par Molière au XVIIe siècle. Qui a pris le temps d’en comprendre le sens?

Le siècle des libertins

Pendant le XVIIe siècle, plusieurs philosophes et écrivains ont abordé le sujet du libertinage, dont Molière, qui raconte l’histoire d’un homme libertin qui séduisait et courtisait les femmes les unes après les autres en leur promettant mer et monde.  Cette pièce évoque une révolte morale des obligations monogamiques de l’époque et fait preuve d’une grande ouverture au monde sexuel.

Michel Delon, professeur de littérature à l’université de Paris-IV-Sorbonne, explique dans l’Encyclopaedia Universalis que le terme libertin prenait un sens négatif à cette époque et pointait cruellement du doigt ceux qui s’éloignaient du dogme religieux. Le poète Théophile de Viau en est un bon exemple, il avait une soif de liberté individuelle et laissait fleurir son imagination érotique dans plusieurs de ses textes considérés obscènes. Par contre, la liberté et l’érotisme le conduisirent à la mort, comme beaucoup d’autres qui se laissaient tenter par les libertés de pensée et sexuelle. La controverse est que le roi Louis XIV côtoyait lui-même des libertins aristocratiques et d’autres érudits dont Théophile de Viau, d’après le livre d’Antoine Adam Théophile de Viau et la libre pensée française de 1620.

L’hédonisme de la chose

On retrouve dans le libertinage un certain plaisir idéalisé par l’intelligence de la séduction, l’art du charmeur, du beau parleur ayant le désir de caresser, toucher, déguster, goûter, ressentir et s’imprégner, etc. Si vous croyez que le libertinage est une débauche corporelle composée d’orgies et excusant les tromperies et les mensonges, détrompez-vous! vous êtes loin du compte!

Au contraire, l’acte libertin est un partage de sensations jouissives, jubilatoires qui provoquent un plaisir intense ainsi qu’un ou plusieurs orgasmes en plus d’une sensation d’entière satisfaction. Ce n’est pas l’accumulation multiple d’histoires d’un soir dans le but d’apaiser une douleur émotionnelle, comme certains thérapeutes bien-pensants pourraient prétendre.

Voyez plutôt le côté hédoniste au sens large, où il y a échange dans le plaisir de l’acte, et du besoin physiquement urgent d’assouvir une pulsion.

Ensemble dans le libertinage

En soi, ce n’est pas malsain, le libertin doit une totale transparence envers sa ou ses partenaire(s) (tout dépend de la nature de la relation) s’il souhaite que sa pratique perdure dans de bonnes conditions.

La personne sexuellement libre peut être en couple. Il est possible d’aimer sans désir et de désirer sans aimer, ce qui est fondamentalement important lors de l’application du libertinage. En d’autres termes, le libertin s’éprend amoureusement que d’une personne, mais se surprend à en désirer d’autres. Il y a alors, une fidélité sentimentale qui s’installe, sans une fidélité physique.

Il est possible d’aimer sans désir et de désirer sans aimer.

En étant en couple, il faut reconsidérer le concept de liberté. Marie Lise Labonté explique dans son livre Faire l’amour avec amour que les êtres humains ont la tendance à s’approprier un territoire sexuel, celui du corps de son partenaire. Ce corps est associé à une énergie sexuelle, la libido, qui se fait ressentir au niveau du bas-ventre, du bassin. La force de l’action le fait balancer de l’avant à l’arrière. Ce bouillonnement interne, l’envie du corps de l’autre est difficilement agencée avec le partage. La possession de l’autre n’est pas envisageable lorsqu’il est question d’ouverture à la sexualité. Avant d’introduire l’acte libre au sein de votre relation, il est primordial d’avoir déjà une grande complicité, une facilité à communiquer et une transparence indéfectible.

Les émotions fourbes

Dans le libertinage, c’est facile d’être libre de son corps: ce qui est le plus difficile, c’est d’accepter la liberté du corps de l’autre. Les normes dans la société veulent que l’individu s’amourache d’une personne, crée des projets d’avenir, se marie, passe sa vie auprès de cette personne, qu’il ait des enfants et des rapports sexuels, toujours avec cette même personne.

D’un point de vue biologique, ce n’est peut-être pas les bonnes règles à suivre. Dans le livre d’Arthur Vernon La Vie, L’Amour, le Sexe, l’auteur nuance désir et amour. L’auteur déclare que le cerveau, plus précisément l’hypothalamus, sécrète l’hormone de la passion, la lulibérine. Elle va créer ce sentiment de passion vis-à-vis d’une personne, et même faire ressentir l’envie de passer le reste de notre vie avec elle. C’est trompeur, parce que cette hormone ne dure pas éternellement, et lorsqu’elle cesse d’être sécrétée, le désir s’estompe. Par contre, l’hypothalamus sécrète aussi l’hormone de l’attachement, l’ocytocine. Au fur et à mesure des relations sexuelles, la lulibérine tendra à disparaître, mais l’ocytocine continuera d’être sécrétée.

C’est facile d’être libre de son corps: ce qui est le plus difficile, c’est d’accepter la liberté du corps de l’autre.

En conclusion, l’affection entre les personnes sera authentique et n’aura plus rien à voir avec la passion sexuelle, jusqu’à ce que l’ocytocine cesse à son tour d’être sécrétée.  D’autre part, les contes de fées contribuent au renforcent de l’idée d’être à la recherche de LA personne idéale «et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants». Il est donc difficile de s’ouvrir à toute autres façons d’entretenir et de conceptualiser une relation amoureuse. L’important, c’est de le vivre à votre manière.

1 commentaire

  1. Intéressant, quoique parsemé de trous dans le passage sur la biologie. Il y a bien plus que ces deux hormones qui régissent les sentiments amoureux, l’attachement et le désir. La neurobiologiste que je suis aurais souhaité plus de rigueur scientifique, l’utilisation de références et que l’on s’abstienne de vendre l’histoire des hormones comme seule et unique explication pour le comportement humain. 😉

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