Bien que j’ai horreur de l’avouer, j’ai lu la dernière chronique de Richard Martineau publiée au Journal de Montréal. Intitulée En quoi discriminer peut-il être positif?, le texte de notre très humble chroniqueur portait sur une situation de discrimination liée à la création de nouvelles Chaires de recherche à l’Université Laval.
Cette chronique, écrite en réponse à une publication faite par le politicien déchu/humoriste Guy Nantel, partageait l’opinion défavorable de Martineau face à la décision de l’établissement postsecondaire d’empêcher les hommes blancs non-handicapés de soumettre leurs candidatures pour le poste. Et pour une rare fois, il faut dire que je suis en accord avec certains points de son texte, notamment ceux qui cherchaient à montrer en quoi il est insensé de combattre la discrimination de cette manière.
Depuis la publication de Martineau, la majorité, si ce n’est l’ensemble, des partis politiques de l’Assemblée nationale se sont prononcé contre cette exclusion systématique des hommes blancs non-handicapés. Or, il ne faudrait pas oublier que cette dernière dépend du Programme des chaires de recherche du Canada. Autrement dit, cette décision découle plus des critères émis par le fédéral que des volontés de l’Université Laval.
Oui à la diversité
Si vous lisez mes chroniques depuis quelque temps, vous savez déjà qu’il ne serait pas exagéré de me qualifier de féministe. Ainsi, si je suis radicalement contre la discrimination envers les femmes, il est logique et cohérent que je le sois également pour celle qui touche les hommes. Toutefois, je pense qu’il faille trouver une manière plus efficace et moins agressive de favoriser l’égalité des chances et l’inclusion des femmes, des personnes autochtones, des personnes handicapées et/ou de celles appartenant à une minorité visible. Pour moi, cela signifie que oui, il faut absolument inclure d’autres types d’êtres humains au sein de postes plus prestigieux. Mais, à mes yeux, la finalité ne saurait justifier les moyens employés.
Non à la généralisation
Bien qu’il soit vrai que les hommes blancs sont souvent ceux qui sont en position d’autorité dans les institutions sociales, je ne pense pas qu’il soit progressiste de commencer à les exclure d’emblée. Peut-être faudrait-il trouver un juste milieu? Par exemple, certains domaines universitaires, soit ceux liés aux sciences humaines, sont majoritairement composés de femmes. Cependant, cela n’est pas le cas pour les sciences naturelles et les STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) où il y a encore plus d’hommes que de femmes.
la finalité ne saurait justifier les moyens employés.
Ainsi, il serait possible de rendre certains départements plus diversifiés grâce à des démarches plus réfléchies et significatives. Entre autres, il serait possible d’ouvrir 50% des postes universitaires à tous et à toutes et réserver l’autre 50% aux groupes marginalisés. Pourquoi ne pas chercher une solution semblable plutôt que d’exclure, dans une généralisation plus que douteuse, un groupe en se basant sur des facteurs physiologiques?
Une politique pas assez nuancée?
Si l’Université Laval a décidé de publier cet appel de candidatures discriminatoire, c’est parce que cette dernière se devait de respecter la politique d’équité, de diversité et d’inclusion du Programme des chaires de recherche du Canada. Follow the money, qu’ils disent. En somme, pour recevoir des subventions du gouvernement fédéral, il faut répondre aux exigences. Dans ce cas-ci, il faut nécessairement que les universités bénéficiant de ce programme atteignent certains quotas en matière d’équité.
Comme l’explique la politique, « Un établissement qui n’aura pas atteint ses cibles en matière d’équité aux dates limites prévues en décembre 2022, décembre 2025 et décembre 2027 ne pourra soumettre une nouvelle candidature au Programme que si le candidat ou la candidate déclare faire partie d’un ou de plusieurs des quatre groupes désignés et que l’établissement doit atteindre sa cible pour ce ou ces groupes. » Autrement dit, les universités sont contraintes de prouver qu’elles sont équitables sans quoi elles perdent des financements importants.
Selon moi, cette politique ne devrait pas, à la base, imposer des limites temporelles aussi serrées. Que se passera-t-il si en décembre 2022 les universités ne sont pas complètement équitables? Oui, ce sera vraiment dommage et fâchant que certains groupes soient encore marginalisés. Mais, ne devrait-on pas prendre le temps de bien faire les choses plutôt que de les précipiter?
Pour une prise de décision juste, équitable et éclairée
Je pense sincèrement qu’établir des cibles en matière d’équité n’est pas du tout la meilleure façon de procéder. Si l’on désire réellement changer le paradigme universitaire, il faudrait trouver une façon d’évaluer les candidatures d’une façon qui est vraiment non discriminatoire. Bien que les êtres humains soient rarement subjectifs, il serait possible de mettre sur pied un processus, un peu comme celui du voile de l’ignorance, qui permettrait d’embaucher le ou la meilleurE candidatE, et ce, sans perpétuer le cycle de la violence et de la discrimination. Mais bon, c’est probablement juste moi qui est encore trop utopiste.