La zone grise: Le projet de loi « Don’t Say Gay », une fausse bonne idée?

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métavers, zone grise, bock-côtéMardi dernier, le Sénat de Floride a voté en faveur d’un projet de loi, surnommé «Don’t Say Gay » par ses opposantEs, visant à restreindre les enseignements portant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles primaires publiques de l’État.

Celui-ci aurait pour objectif d’interdire les discussions portant sur les enjeux liés à la diversité sexuelle auprès des élèves âgéEs de cinq à neuf ans. Tandis que les unEs soutiennent que le projet « Don’t Say Gay » visent simplement à baliser certaines discussions, les autres avancent que ce dernier met en danger les enfants appartenant à la communauté LGBTQ+.

Un projet de loi à saveur discriminatoire

Le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, avait déjà appuyé le projet de loi bien avant qu’il soit voté au Sénat. Mais, de quoi s’agit-il plus précisément? Le « Don’t Say Gay » consisterait à interdire les écoles publiques de la Floride d’enseigner formellement tout sujet qui touche à l’orientation sexuelle et/ou à l’identité de genre, et ce, de la maternelle jusqu’à la troisième année. De façon plus inquiétante, cette loi empêcherait également les enseignantEs d’aborder ces sujets « d’une manière qui n’est pas appropriée pour l’âge ou pour le niveau de développement des élèves ». Cette formulation, qui ne pourrait être plus imprécise, laisse suggérer que cette interdiction pourrait aussi être étendue aux étudiantEs plus âgéEs.

Joe Harding, l’un des membres de la Chambre des représentants de Floride, a argumenté que le projet de loi n’avait pour intention que de garder les parents informéEs de ce qui se déroule dans les classes. Or, ne serait-il pas possible d’avancer que ce dernier, en plus d’être teinté par les pensées discriminatoires de ses adhérantES, brime la liberté d’expression des enfants et des enseignantEs?

Les enfants et la liberté d’expression

Bien que je sois d’accord pour dire qu’il vaut mieux attendre que les enfants soient prêtEs à parler de certains sujets, surtout ceux liés à la sexualité, avant de les mettre en lumière, je suis surtout d’avis qu’il est plus que néfaste d’empêcher des étudiantEs d’avoir des échanges sains avec les adultes qu’ils et elles côtoient.

Tandis que plusieurs enfants ne correspondent pas aux normes binaires et hétéronormatives de ce monde, plusieurs autres ont des proches parents qui s’identifient à la communauté LGBTQ+. Ces enfants étant déjà plus marginaliséEs que certainEs de leurs pairs, il serait dommage de les empêcher de pouvoir réfléchir sur ces enjeux en raison des préjugés de quelques sénateurs et sénatrices.

Restreindre la diversité sexuelle, mais pas le reste?

Comme je l’ai mentionné plus tôt, je ne pense pas qu’il soit une bonne idée de forcer les enfants à parler de sexualité si ils et elles ne sont pas prêtEs à le faire. Toutefois, il semble insensé de dire que les élèves en bas âge n’ont aucune idée de ce dont il s’agit. De plus, certainEs élèves ont besoin de parler de ces choses-là, de les comprendre, mais surtout, de pouvoir le faire dans un milieu scolaire sécuritaire et accueillant.

Sinon, je trouve tristement ironique que la Floride cherche à interdire l’enseignement de certains sujets tout en continuant de permettre  sa jeunesse d’avoir accès à du contenu violent et dégradant sur Internet. Détrompez-vous, je ne passe pas du coq à l’âne: si l’on veut réellement que les enfants deviennent des adultes avec une vie sexuelle saine et épanouie, ne serait-il pas préférable de les éduquer adéquatement par rapport à l’usage de l’Internet? Ou encore mieux, ne serait-il pas préférable de mieux encadrer leur utilisation des médias sociaux? Parce que l’on pourra dire ce que l’on veut, si l’on refuse de répondre aux questionnements des enfants, ils et elles iront chercher la réponse d’eux et d’elle-même, et ce, même si cela pourrait laisser des séquelles sur leur développement à long terme.

Le projet de loi « Don’t Say Gay » n’est qu’une preuve supplémentaire que la société occidentale préfère trop souvent l’intolérance à l’accueil et l’écoute.

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