La zone grise: Pour un système de l’utopie

0
Publicité
métavers, zone grise, bock-côté, grossophobie
La zone grise est l’éditorial bimensuel du Zone Campus. Dans ce dernier, Laura Lafrance y partage ses opinions et pensées du moment, et ce, sur une variété de sujets.

Depuis la publication de La République de Platon, dialogue où le philosophe présente une société idéalisée, le genre littéraire de l’utopie a permis à de nombreux penseurs et à de nombreuses penseuses, qu’il s’agisse d’écrivainEs ou de philosophes, d’imaginer d’autres possibles que ceux mis de l’avant dans nos sociétés contemporaines.

Bien que le terme « utopie » découle de l’ouvrage du même nom publié en 1516 par Thomas More, la pensée utopiste a pris diverses formes à travers le temps et demeure toujours aussi pertinente aujourd’hui, à cette ère de grandes tensions sociales. Pour Platon, notamment, le système politique le plus adéquat en serait un qui promeut la paix et un environnement de coopération entre les différents groupes sociaux. Il argumente également que la meilleure forme de gouvernance en serait une d’aristocratie philosophie. Que l’on soit en accord ou non avec ce dernier, il reste que l’expérience de pensée utopique est intéressante à effectuer, surtout dans un contexte où l’on est soi-même amené à choisir, dans notre cas par le biais d’un vote, le projet de société auquel nous adhérons le plus.

Pour un Québec uni par un réel projet de société

Si la société parfaite de Platon n’est plus tout à fait au goût du jour, elle nous incite, par le fait même, à redéfinir celle-ci en fonction des réalités de notre époque et de notre emplacement géographique. Si l’on se permet de rêver réalistiquement, à quoi pourrait ressembler le Québec d’aujourd’hui? À mes yeux, l’un des problèmes actuels de la société québécoise est que nous n’avons justement pas de projet de société. Les mandats des politicienNEs s’enchaînent, mais ces individus ne semblent pas considérer que la vie continue après ces quatre ans et que la société, elle, ne fait que foncer encore plus vite vers son annihilation. Parce que oui, si nous continuons ainsi, je ne suis pas certaine qu’il nous restera encore quelque chose sur lequel nous pourrons nous appuyer pour exister en tant que société.

Ainsi, face à cet enchaînement décousu de mandats qui ne permettent pas réellement de croire au progrès social, il faut impérativement prendre un moment d’arrêt pour déterminer ce que nous désirons pour le Québec. Comment peut-on espérer vivre dans une société meilleure si nous ne savons pas à quoi celle-ci ressemblerait?

Les limites de notre système de gouvernance actuel

À quelques jours avant les élections qui détermineront les personnes qui siègeront à l’Assemblée nationale pour les quatre prochaines années, il est impératif de prendre conscience que, bien que notre situation pourrait être pire, elle pourrait également être bien meilleure. Il est plutôt fréquent, lorsque je discute de ce sujet avec des personnes de mon entourage de me faire répondre: « Regarde la Corée du Nord (ou les États-Unis, ou n’importe quel autre pays où le climat politique est misérable), ça pourrait être pas mal pire. » Et moi, de rétorquer que c’est inutile de se comparer aux pays où le système de gouvernance est loin d’être enviable; ce qui serait plutôt productif, ce serait plutôt de se comparer aux endroits où les choses sont différentes, et ce, pour le mieux.

À l’heure actuelle, le Québec se situe dans une démocratie représentative, mais aussi dans une monarchie constitutionnelle. Notre démocratie étant ainsi indirecte, il serait faux de penser que la population a réellement son mot à dire dans les décisions prises par les personnes éluEs. Si on lit les programmes électoraux des partis qui se présentent aux prochaines élections, il n’est pas trop difficile de comprendre que, dans la quasi-totalité des cas, aucune solution réelle n’est proposée. On se contente plutôt de proposer des solutions temporaires qui semblent souvent peu ancrées dans la réalité. C’est un peu comme se faire offrir un pansement pour soigner une blessure par balle.

Les dernières élections

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que cela est franchement insultant pour le peuple québécois. Les débats des chefFEs, qui devraient plutôt s’appeler « Les coups bas des chefFEs », ne sont pas réellement des débats d’idées intellectuelles; il s’agit plutôt de combats de coq qui ne permettent pas d’avoir des conversations réfléchies. Peut-être sommes-nous un peuple du divertissement, mais il me semble que nous méritons d’être traitéEs comme des êtres sensés qui sont en mesure de comprendre les enjeux de la société dans laquelle nous vivons.

Si le Québec n’est pas une utopie, ce n’est pas parce que cela relève de l’impossible, mais bien parce que nous continuons de mettre entre les mains d’autrui ce qui relèvent de notre propre autorité. Cela fait déjà longtemps que j’ai cessé de croire aux pouvoirs magiques de « papa gouvernement » pour réaliser que la collaboration citoyenne demeure le premier pas vers un monde idéal. Si mon utopie se concrétisait, les élections du 3 octobre seraient bel et bien nos dernières. Parce qu’un jour ou l’autre, nous réaliserons que personne n’est mieux placé que nous-mêmes pour faire apparaitre le monde que nous avons tant espéré.

Dans ma prochaine chronique, qui fera aussi office de commentaires « post-élections », je développerai davantage cette idée amenée par les dernières élections et soulignerai d’autant plus ma vision utopiste de la non-gouvernance.

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici