Le gouvernement de François Legault (CAQ) a annoncé, en septembre 2023, l’augmentation des frais de scolarités pour les étudiants hors Québec dans les universités québécoises dès l’automne 2024. L’appréhension de cette annonce nous impose de facto de savoir qui est concerné par cette mesure, la dynamique politico-économique et linguistique.
Qui est touché par cette mesure ?
Tous les étudiants hors Québec du reste du Canada ou de l’étranger qui étudient, au premier cycle, dans une université au Québec. En effet, les étudiants au certificat ou au baccalauréat sont touchés per cette mesure. Les étudiants au deuxième cycle professionnel qui ne sont pas en rédaction d’un mémoire en administration des affaires et (MBA) en orthophonie ne sont pas concernés par ladite mesure.
Les étudiants à la maîtrise, au doctorat (2e et 3e cycles universitaires) et les étudiants canadiens ou étrangers déjà inscrits dans un programme d’étude ne seront pas concernés par cette mesure. De plus, les étudiants Français et Belges, en vertu des ententes internationales, ne verront pas, eux aussi, de différence dans leurs droits de scolarité.
La dynamique politico-économique
« Est-ce normal qu’un étudiant de Toronto vienne étudier à Montréal parce que c’est moins cher, mais qu’un étudiant de Montréal qui va étudier à Toronto, il paie quatre fois le prix ? ». C’est une question rhétorique du premier ministre François Legault, à un journaliste qui présentait en toile de fond un manque de réciprocité entre les universités du Québec qui sont moins coûteuses que celles du reste du Canada.
En effet, dès l’automne 2024 les étudiants étrangers et canadiens hors Québec vont se voir imposer des frais supplémentaires de scolarité. Au regard des éléments fournis par Statistique Canada, nous observons, par exemple, que les étudiants des cycles supérieures ont payé en moyenne 9385 dollars en Ontario et 3582 dollars au Québec. Cette illustration statistique atteste ainsi du manque de réciprocité entre les provinces du Canada sur la question des droits de scolarités.
La correction d’une « injustice sociale »
De plus, l’un des objectifs majeurs de cette décision est la correction d’une « injustice sociale » qui a longtemps durée. Le gouvernement du Québec va donc ainsi mettre fin à une politique qui subventionnait à perte des étudiants qui venaient d’autres provinces. Ainsi, les droits de scolarité annuels pour les étudiants canadiens non-résidents du Québec passeront d’environ 8.900 à 17.000 dollars. Pour les étudiants internationaux, un tarif plancher de 20.000 dollars sera imposé.
En outre, ces mesures prises par le gouvernement visent à rééquilibrer à terme le réseau universitaire. Elle permettra au Québec, de pouvoir récupérer un montant forfaitaire pour chaque étudiant non Québécois qui fréquente une université anglophone ou francophone. Ces ressources devront très probablement être réinvesties dans le réseau francophone et participer de ce fait à la croissance économique universitaire du Québec.
Il est important de rappeler que cette hausse des frais de scolarité, ne s’appliquerons pas d’une part aux étudiants Belges ou Français qui bénéficient déjà d’une exemption ni aux étudiants qui sont déjà dans les universités du Québec.
La dynamique linguistique
Le rééquilibre du français au Québec, est l’une des motivations fondamentales de la hausse des frais de scolarité. En effet, selon le gouvernement, la nouvelle grille tarifaire devrait permettre d’arrêter le déclin du français qui est de plus en plus menacé par les étudiants venant des provinces anglophones. Il est donc question pour Québec de mettre tout en œuvre pour que la vitalité de la langue française ne puisse pas perdre son éclat.
De plus, être cohérent avec sa politique d’immigration et faire face au besoin criard de main d’œuvre qualifiée « ralentir, arrêter et inverser le déclin de la langue française » est une mesure vitale. Elle s’inscrit dans une logique d’anticipation, car il demeure important pour Québec d’avoir une grande ressource humaine d’expression française dans ses universités.
En outre, la présence des dizaines de milliers de personnes et d’étudiants venant des zones anglophones, sans maîtriser le français entrainerait, à long terme, un effet anglicisant de la grande province.
Au demeurant, il semble évident que la hausse des frais de scolarité obéit à deux perspectives centrales: politico-économique et linguistique. Ces perspectives sont inhérentes à la survie de la province en ce sens qu’elle est très sensible, à la promotion du français qui est l’essence vitale et culturelle de celle-ci.
Références
https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220907/dq220907b-fra.htm
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2017687/frais-scolarite-quebec-etudiants-etrangers
https://www.educanada.ca/programs-programmes/education_cost-cout_education.aspx?lang=fra
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