Le vendredi 8 mars dernier sortait au Cinéma Le Tapis Rouge Le Consentement, une adaptation cinématographique du roman autobiographique du même nom.
Une dénonciation sans filtre
Le film met en images les mots du livre choc de Vanessa Springora. Il y a quelques années, elle a publié un roman autobiographique où elle raconte la relation d’abus mentaux, physiques et sexuels que lui a fait subir l’auteur acclamé Gabriel Matzneff. À l’époque, elle n’avait que 13 ans ; lui, 49. Son livre, et maintenant le film, sont ses moyens de dénonciation et de sensibilisation sur les relations de pédophilie.
Ce long-métrage débute lors d’une soirée dans un petit salon. Plusieurs personnes du monde littéraire y sont, dont Matzneff. Vanessa y est également, amenée par sa mère. Dès ce moment, le célèbre auteur décide de la choisir comme prochaine cible et commence à lui envoyer des lettres d’amour assez troublantes. Le cadre familial de Vanessa n’était pas apte à la protéger, ce qui faisait d’elle la victime parfaite : un père absent et une mère alcoolique définitivement en manque d’amour propre. De fil en aiguille, Vanessa se retrouve sous la complète emprise de Matzneff.
Avertissement : le film n’est pas pour les âmes sensibles. D’emblée, l’histoire est bouleversante. Lors de chaque action déroutante, il est encore plus difficile de se rappeler qu’elle s’est bel et bien déroulée dans la vraie vie. De plus, rien n’est caché. Les scènes d’abus sont explicites, autant celles d’abus mentaux que sexuels. L’emprise et la manipulation de Matzneff sur Vanessa, mais également sur son entourage et le monde littéraire, voire social, sont dépeintes dans toutes leurs couleurs. Le film est excellent. Le jeu des acteurs et la réalisation sont d’une grande justesse, en particulier pour un sujet si délicat.
Un pédophile a-t-il réellement été acclamé?
Aussi perturbant que cela puisse paraître, la réponse est oui. Il faut savoir qu’autour des années 1970, il y a eu un grand mouvement de libération sexuelle. Plusieurs intellectuels encourageaient les relations sexuelles entre adultes et enfants. Matzneff ne s’est jamais caché d’avoir des relations avec des mineurs. Les livres qu’il a écrits sont très transparents à ce sujet. La littérature lui permettait de mettre en scène ses pulsions sexuelles en détail sans qu’on ne lui en tienne rigueur dans la réalité.
Sa réputation lui permettait de s’en sortir lorsque des personnes voulaient le dénoncer. Il était en position de pouvoir dans toutes les sphères de sa vie. Il est difficile de prendre la parole contre une personne qui possède la notoriété et la protection absolue.
Voyez Denise Bombardier, cette autrice québécoise qui l’a accusé publiquement de pédophilie. Cela lui a valu une énorme vague de mépris et la perte de plusieurs opportunités professionnelles. Au final, cette femme si longtemps critiquée pour cette accusation s’est avérée être la seule personnalité publique à avoir eu le courage de dire la vérité. Un extrait de la véritable entrevue où Bombardier accuse Matzneff est présenté dans le film. Un hommage que les personnes derrière celui-ci ont tenu à lui rendre.
Le Consentement est un film pour éveiller les consciences. L’art ne devrait en aucun cas être un alibi aux crimes, la notoriété non plus.