«Un peuple comme le nôtre doit se servir des instruments de libération économique dont il peut disposer. […] Le moment est venu de nous attaquer à fond, sans délais et sans hésitation, à l’oeuvre exaltante de la libération économique du Québec […] Pour la première fois dans son histoire, le peuple du Québec peut devenir maître chez lui! L’époque du colonialisme économique est révolue. Nous marchons vers la libération.»

C’est avec le slogan «Maintenant ou jamais maîtres chez nous!» que Jean Lesage et son équipe du tonnerre se font (ré)élire aux élections provinciales de 1962. Ils entendent redonner aux Québécois le contrôle sur leurs ressources naturelles, trop longtemps monopolisées par l’industrie privée. C’est ainsi que la plupart des rivières et barrages hydroélectriques du Québec passent sous l’administration publique.
Si à cette époque, les cours d’eau font figure de levier économique et d’instrument de libération économique pour les Québécois, aujourd’hui, on privilégie surtout leur fonction récréative. Durant la saison chaude, l’ouverture des réservoirs et des barrages hydroélectriques fournissent l’eau nécessaire aux activités de plaisance et de villégiature. Dans notre société du loisir, être maître chez nous, c’est revendiquer le droit de se tremper le gros orteil. Plutôt que de faire des cours d’eau un outil d’affirmation nationale, les Québécois préfèrent s’en servir comme d’une pataugeoire.
Accrochons-nous à notre bouée de sauvetage pour éviter de nous noyer dans le ridicule.