Rédaction et illustration: Hubert Samson, étudiant à la maîtrise en Études québécoises
«Ce fut un grand vaisseau taillé dans l’or massif: ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues» – Émile Nelligan
Guidé par le chant des sirènes qui s’élève dans la brume maritime, l’épave de l’humanité dérive vers des horizons incertains. Ce fut pourtant un grand vaisseau d’or, dont la proue pointait vers l’océan des possibles. Mais les écueils se dressèrent nombreux, mettant à l’épreuve un jeune équipage qui devait encore tout à apprendre. Quelques-uns se jetèrent par-dessus bord dans l’espoir de retrouver le rivage perdu, mais d’autres s’accrochaient désespérément à la barre, manœuvrant entre les récifs innombrables.
Confronté aux périls du grand large, peut-être l’Homme doit-il trouver son salut dans le sol. Trop souvent, il a enjambé la clôture de perches, et laissé derrière lui la terre ferme. Il est temps de jeter l’ancre dans les labours qui ondulent comme des vagues gracieuses. L’automne de l’humanité assombrit l’azur, mais la terre sait se montrer patiente sous son manteau de feuilles. Elle attendra le printemps pour révéler ses trésors enfouis aux pieds des granges.