
Une explosion de couleurs, un film en noir et blanc…
La Passion Van Gogh
« Je veux faire quelque chose de bien pour Vincent »
La Passion Van Gogh, c’est un film à voir au cinéma pendant qu’il y est. Animation entièrement peinte à la main, dans l’esthétique du peintre néerlandais, l’œuvre procure un voyage apaisant où s’entremêlent la vivacité des couleurs et la douceur du trait. En une heure et demie, le spectateur se voit amené à (re)visiter plusieurs toiles du peintre auxquelles un nombre hallucinant d’artistes ont prêté vie, d’une manière exceptionnelle.
Pour justifier la succession des scènes, Dorota Kobiela, Hugh Welchman et Jacek Dehnel ont opté pour un scénario simple: Armand Roulin, fils du postier Joseph Roulin, se voit confier une lettre du défunt Van Gogh à l’intention de son frère, Théo Van Gogh. Rapidement, la recherche se transforme en une enquête où se succèdent les témoignages des dernières personnes ayant côtoyé le peintre avant sa mort. Le film prend alors la forme d’une présentation (un peu linéaire) des différentes hypothèses pouvant être soumises pour expliquer les dernières heures de vie de Van Gogh.
Même si le scénario finit de ce fait par inévitablement se répéter (on rencontre un nouveau personnage → flashback → on rencontre un nouveau personnage → flashback, etc.), le spectateur pardonnera facilement le tout; d’une certaine façon, l’histoire dans le film reste d’abord un prétexte pour l’image.
C’est donc vraiment une belle petite œuvre d’art que cette Passion Van Gogh. Un pari bien rempli ayant presque des vertus thérapeutiques, puisqu’on en ressort l’esprit et le cœur légers. Pas étonnant: il a été rare dans ma vie d’assister à un visionnement où les spectateurs se sentaient aussi libres d’échapper des «wow» face à certains plans. Et je les comprends.
Plus fondamentalement, La Passion Van Gogh nous réapprend à apprécier l’image en rangeant directement une œuvre cinématographique parmi les œuvres picturales: une leçon à conserver pour l’appréciation de tout film en général, où l’on tend de nos jours à concentrer notre attention seulement sur le travail des acteurs ou de la réalisation.
La petite fille qui aimait trop les allumettes
« T’as tout défait. »
Tiré du roman homonyme de Gaétan Soucy, La petite fille qui aimait trop les allumettes est un film qui se veut venimeux, mais dont on peut à la fin y sortir en se demandant pourquoi on s’est imposé une telle expérience. Pas que le film ne soit pas réussi: le visuel est bien construit, les ambiances sont bien menées, le jeu des acteurs est adéquat. Sauf qu’à la fin des 111 minutes qui semblent servir essentiellement à crisper les nerfs, par la succession de segments de plus en plus pesants, on ressort avec la question: qu’est-ce que cela m’a apporté?
Peut-être est-ce parce que le film fournit trop d’indices au sujet du dénouement que l’on peut finir par décrocher: si le spectateur devine trop tôt l’explication des éléments de mystère que tente d’entretenir le scénario, il risque par défaut de se lasser de la succession des épisodes sanglants/choquants qui lui sont présentés, en vérité, un peu gratuitement. On pourrait dire qu’il manque, comme justification au glauque, un message.
La petite fille qui aimait trop les allumettes est ainsi une séance de défouloir où le spectateur satisfait sera probablement celui qui aime être dérangé pour être dérangé, à la manière des films Décadence. De ce point de vue, le film atteint son objectif, en sollicitant au final presque tous les thèmes envisageables: suicide, inceste, délire religieux, violence envers les enfants, sadisme, cruauté animale, nudité, profanation de dépouille. Tout y est. Dans cet univers où la majorité des scènes semble être pensée pour faire serrer les dents, on profitera malgré tout de quelques moments à tangente poétique «pour respirer», dont l’appui musical reste toutefois selon moi, encore une semaine après le visionnement, quelque peu discutable.
Je ne veux toutefois pas que ma critique sonne comme un rejet total de cette œuvre qui n’est pas, en soi, exempte d’intérêt. Il y a un travail esthétique dans le film de Simon Lavoie qui est d’une grande qualité et qui justifie à lui seul son visionnement. Il faut cependant, pour bien l’apprécier, concevoir le film plus comme une expérience sensorielle que comme une œuvre, c’est-à-dire comme quelque chose qui assomme les sens plus qu’elle ne marque.
À voir au cinéma Le Tapis Rouge
Barbara, de Mathieu Almaric
Drame biographique français – Présenté en ouverture de la catégorie «Un certain regard» au Festival de Cannes 2017
Petit paysan, d’Hubert Charuel
Drame français mettant en vedette Swann Arlaud et relatant la crise de la vache folle en France