Le Kid du Bronx : Récit d’une génération entre excès et espoir

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L’équipe de rédaction du journal Zone Campus vous présente la série Nos Critiques Littéraires portant sur les livres québécois récemment parus. Crédits : Zone Campus

Louis Legault signe avec Le Kid du Bronx un récit autobiographique qui plonge le lecteur au cœur d’une jeunesse québécoise des années 1990, entre banlieue populaire, musique alternative, premiers émois et turbulences familiales. Plus qu’un simple témoignage, ce roman est une fresque vivante et sensible d’une génération en quête de soi, entre rébellions et espoirs, entre errance et construction. Il y a des livres qui cherchent à nous ramener à l’adolescence comme on ouvrirait un vieil album photos, Le Kid du Bronx ne fait pas ça.

Une vie en son et en mots

Louis Legault était un ingénieur de son, arrangeur, mixeur, réalisateur et écrivain québécois. Il a travaillé pendant longtemps dans les coulisses de la musique d’ici. Les artistes le décrivent comme un artisan clé : discret, rigoureux, essentiel à la qualité de leurs disques. Il affronta le cancer pendant plusieurs années. Malgré la maladie, il a continué à travailler et à créer. C’est dans ce contexte qu’il produit son premier roman, Le Kid du Bronx. Le livre parait en 2025 chez les éditions Leméac, peu après sa mort à 47 ans.

Une voix singulière au service d’un récit générationnel

D’emblée, le ton de Legault frappe par son authenticité et sa fraicheur. La narration à la première personne, souvent familière, parfois crue, est un puissant vecteur d’immersion. On suit le narrateur, jeune garçon de douze ans, qui quitte Le Plateau-Mont-Royal pour la banlieue de ville LaSalle. C’est en référence à cette ville qu’il fait usage de mot « Bronx ». Ce quartier populaire et multiculturel où il va grandir, se confronter à la réalité sociale. Il va découvrir la musique, la drogue, l’amitié, l’amour et la politique.


Ce qui rend ce récit captivant, c’est la capacité à mêler le personnel et le collectif, le vécu intime et le contexte social. Le lecteur est invité à partager les joies, les peines, les rêves d’un adolescent qui se cherche dans un Québec en pleine mutation. Cette dernière est marquée par le référendum de 1995, la montée du hip-hop, la scène grunge et les tensions identitaires.

Désir adolescent : ni idéaliser ni aseptiser

Il faut aussi souligner le traitement du désir sexuel, qui est central dans le roman. Le Kid du Bronx n’essaie pas de rendre ce désir élégant ou poétique. Il est brut, envahissant, parfois gênant, souvent obsédant. On est loin des récits édulcorés où les premières expériences sont toujours tendres et bien calibrées.


Certaines scènes sont longues, insistantes, presque inconfortables à lire. Et c’est précisément là que le roman divise. Parfois on peut trouver que l’auteur insiste trop, qu’il revient souvent sur les mêmes sensations, les mêmes obsessions. Personnellement, j’ai parfois eu cette impression. Mais en même temps, je me suis demandé : est-ce que l’adolescence, vécue de l’intérieur, n’est pas justement envahissante, circulaire ou même répétitive?

L’œuvre ne cherche pas à condenser ou à « nettoyer » cette expérience pour la rendre plus acceptable. Elle la laisse déborder. Le narrateur ne cache rien de ses doutes, de ses peurs, de ses maladresses, ce qui rend l’œuvre profondément humaine et attachante. On n’a pas affaire avec un héros, mais un jeune homme qui cherche sa place, parfois à tâtons, parfois avec éclat.

Un portrait social et culturel ancré dans la réalité québécoise

L’exploration de cette œuvre m’a permis de voir dans le « Kid du Bronx », un excellent document sur la vie dans les quartiers populaires de Montréal et sa banlieue dans les années 1990. Le récit évoque avec précision les lieux, les personnages, les écoles, les bars, les terrains de sport, les fêtes, etc.
Cette dimension donne au livre une saveur particulière, qui parlera aux lecteurs de la Mauricie et du Québec, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent aux réalités urbaines et sociales.
Ce livre est une invitation à plonger dans une adolescence québécoise authentique, loin des clichés et des stéréotypes.
Pour consulter la fiche produit du livre ou l’acheter en librairie québécoise, le lien se trouve ici.

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