Le monde en questions: À la recherche du sens perdu (partie 2)

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ksodoke

Avant de poursuivre la réflexion entamée dans l’article précédent, une petite mise en contexte s’impose. La question était la suivante: d’où vient notre soif de sens et peut-on la satisfaire? Pour y répondre, nous avons entamé notre réflexion en prenant comme point de départ la prémisse matérialiste. Selon ce point de vue, la soif de sens qui nous tenaille serait une illusion, possiblement due à l’évolution — tout comme, à plus forte raison, la notion de sens elle-même.

La soif de sens: simple illusion?

Or, nous avons vu qu’éluder la question du sens en affirmant que sa recherche n’est qu’un contrecoup de l’évolution, c’est abattre du même coup toute certitude. Car en affirmant qu’un besoin aussi viscéral que celui du sens n’est qu’une fabulation cérébrale résultant d’un processus évolutionnaire, on remet en question la fiabilité du cerveau humain et, par conséquent, celle de la réflexion humaine. Plus encore, le principe même de la logique en est ébranlé. En effet, comment peut-on prouver que le principe de la logique est au diapason avec la réalité, si le cerveau qui sert à établir ce parallèle n’est pas fiable? Après tout, peut-être la raison est-elle tout aussi absurde que les soi-disant incohérences qu’elle condamne.

Bref, j’en étais arrivé à la conclusion que le point de vue matérialiste n’est satisfaisant ni sur le plan intellectuel ni sur le plan psychologique. Il n’offre pas de réponse à mes questionnements. En réalité, tout ce qu’il m’offre avec certitude, c’est une dose d’incertitudes supplémentaires.

Je vous propose de rebrousser chemin, et d’envisager la question sous un angle bien différent, cette fois-ci: supposons pour un moment que la soif de sens que nous ressentons est bel et bien réelle, et qu’elle est l’écho d’un objet qui peut la combler.

Ne serait-il pas logique que nous ayons soif de sens pour la simple et bonne raison que le monde a un sens?

Point de départ 2: La soif de sens est réelle

Dans un de ses ouvrages sur le christianisme, C. S. Lewis écrit: «Si tout l’univers n’avait aucun sens, nous n’aurions jamais découvert qu’il n’en avait aucun.» Il fait ensuite une comparaison que je trouve très intéressante: il dit que si la lumière (le sens du monde) n’existait pas et qu’aucune créature n’était dotée d’yeux (la capacité d’attribuer un sens au monde), le concept de la «nuit» ou du noir (l’idée que le monde est dépourvu de sens) serait dénué de signification.

Ne serait-il pas logique*, en effet, que nous ayons soif de sens pour la simple et bonne raison que le monde a un sens?

La nécessité d’un élément extérieur

Je ne pense pas avoir besoin de vous confesser que mes vues divergent grandement de celles de Nietzsche. Pourtant, je suis presque entièrement d’accord avec lui, lorsqu’il affirme: «La valeur de la vie ne saurait être évaluée. Pas par un vivant, car il est partie, et même objet de litige; pas davantage par un mort, pour une tout autre raison.»

Bien que je crois que la «valeur» et le sens de la vie puissent être évalués, je suis pleinement d’accord pour dire que nous ne sommes pas capables de le faire par nous-mêmes, puisque dans cette affaire, «[nous sommes] partie, et même objet de litige.»

Or, si nous admettons l’existence d’un cadre, d’un Être supérieur et créateur**, il est tout à fait logique de croire que le monde ait un sens et que nous puissions le connaître. Toutefois, nous ne pourrions en aucun cas le connaître par nous-mêmes: il faudrait que cet Être créateur nous le révèle.

En réalité, sans le principe de «révélation», nous sommes laissés à nous-mêmes, prisonniers d’un monde que nous ne comprenons pas et qui n’a peut-être aucun sens. Mais si Dieu existe, il est on ne peut plus plausible que le monde ait un sens, et il est très probable que nous puissions le connaître, dans le cas où Dieu voudrait le nous révéler.

Le mot de la (presque) fin

La session tire à sa fin et mes mots sont comptés. J’aurais aimé aborder beaucoup d’autres sujets dans le cadre de cette chronique. Mais ce sera pour une prochaine fois. Que vous ayez été en parfait accord avec mes dires ou qu’ils vous aient fait grincer des dents, j’espère que cette chronique aura su vous faire réfléchir.

Comme je l’écrivais dans les premiers articles, je crois qu’il existe une «vraie» vérité, mais je suis certainement partisane de l’ouverture et de la tolérance. Malgré les malaises et les débats que le sujet de la religion en général, et de Dieu en particulier, peut provoquer dans les rencontres de familles et ailleurs, je suis persuadée que nous et nos enfants gagnerons à les remettre sur la table.

*Rappelons que dans une perspective théiste, la logique est un instrument qui peut s’avérer efficace. 

**La prémisse théiste, je tiens à le souligner une fois de plus, n’est pas moins «scientifique» que celle qui soutient le matérialisme (voir les articles précédents).

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