Le monde en questions: Réflexions d’un étudiant international

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ksodoke

Eh oui! Notre quête de réponses quant à quelques grandes questions existentielles prend malheureusement fin aujourd’hui. Pour clôturer cette session, j’aimerais (Fabrice Sodoke), en tant qu’étudiant international d’origine africaine, partager mes réflexions et ma perception envers le malaise qui semble exister chez ma culture d’accueil quand vient le temps de parler du sens de la vie.

Je n’ai pu m’empêcher de constater que ces questions profondes semblent avoir été reléguées aux oubliettes. Les sujets de l’au-delà et du divin, qui sont souvent rattachés aux questions existentielles, sont souvent gérés comme des «dossiers très délicats», voire tabous.

J’ai visionné récemment le documentaire québécois L’heureux Naufrage, l’ère du vide dans une société postchrétienne (à paraître en décembre aux ondes de la télé de Radio-Canada) et cela m’a grandement aidé à comprendre les raisons du rejet de masse des institutions religieuses traditionnelles et du malaise qui persistent envers les valeurs héritées du christianisme. Il y a des blessures profondes qui n’ont pas été guéries: un bris de confiance suite à un abus spirituel. Il y a une forme de déni, un «black-out», envers les questionnements sur le sens de la vie, mais il est difficile d’éluder le vide intérieur. Le documentaire présentait Éric-Emmanuel Schmitt, le dramaturge et romancier belge qui apportait une remarque perspicace. «On est quand même dans la seule époque où, quand un garçon de 15 ans demande à son père quel est le sens de la vie, le père se tait!»

Ce documentaire raconte comment les Québécois ont reçu des valeurs chrétiennes de partage, de générosité, de justice et d’amour du prochain. Toutefois, graduellement, ces valeurs finissent par s’effriter et la société s’est tournée en bloc vers une vision du monde matérialiste selon laquelle l’existence est le fruit d’un processus évolutif chimique, naturel et inéluctable au cours duquel les briques de la vie se seraient assemblées petit à petit au gré du hasard.

Les Québécois ont donné un sens à leur vie par le moyen de la consommation effrénée, de la recherche du confort, du plaisir et de la réussite sociale. Mais l’idéologie du néo-libéralisme, la recherche du plaisir immédiat et le consumérisme parviennent difficilement à combler ce vide lancinant que l’on cherche à étouffer.

Ce documentaire du cinéaste Guillaume Tremblay indique également que les belles valeurs québécoises de tolérance, de charité et d’équité avaient des racines chrétiennes. En se dissociant de cet héritage judéo-chrétien, ces valeurs disparaitront comme des fleurs coupées que l’on met dans un vase finissent immanquablement par se faner trois jours plus tard.

Avec mon regard extérieur d’étudiant venu d’outre-mer, il me semble que les Québécois, au dire même de ce documentaire, n’ont pas fini de régler ce «dossier très délicat» de la recherche du sens de la vie.

J’étais content d’entendre Denise Bombardier, la journaliste et animatrice de télévision, parfois controversée, s’exprimer avec vigueur au début du film pour dire que «les Québécois avaient besoin d’une révolution spirituelle». Pierre Maisonneuve, également journaliste et animateur de télévision, admettait qu’il avait rejeté les institutions religieuses, mais qu’il ne voulait pas perdre les valeurs que ces institutions étaient censées représenter.

Je suis tombé un jour sur un énoncé de Léon Tolstoï qui m’a un peu bouleversé. «J’ai compris que la foi n’était pas seulement le dévoilement des choses invisibles, ni une révélation […], ni la relation de l’homme à Dieu […], mais que la foi était une connaissance du sens de la vie humaine, grâce à laquelle l’homme vivait plutôt que de se tuer. La foi était la force de la vie. Tant que l’homme vit, il doit croire à quelque chose. S’il ne croyait pas qu’il faut vivre pour quelque chose, il ne vivrait pas.»

Avec mon regard extérieur d’étudiant venu d’outre-mer, il me semble que les Québécois, au dire même de ce documentaire, n’ont pas fini de régler ce «dossier très délicat» de la recherche du sens de la vie. Ils hésitent à se réconcilier avec cette tâche ardue si fondamentale à la nature humaine.

Je crois que c’est un «heureux naufrage» que d’avoir délaissé les repères spirituels de la religion d’antan qui avaient perdu sa vitalité et sa vocation, mais il ne faut pas se contenter de voguer à la dérive du matérialisme et du néo-libéralisme. Je pense qu’il est important de reprendre les recherches d’un sens à la vie satisfaisant qui va au-delà du matérialisme, car on ne vit pleinement que lorsque l’on sait pourquoi l’on vit et pourquoi l’on meurt.

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