Le Plongeur : Joue fort, travaille fort

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Devenu un classique instantané de la littérature contemporaine québécoise, le roman Le plongeur de Stéphane Larue est porté à l’écran sous l’œil du réalisateur Francis Leclerc avec une scénarisation en partenariat avec Éric K. Boulianne. Le film sortira en salle le 24 février prochain.

Hiver 2002 à Montréal, Stéphane (Henri Picard) a 19 ans et étudie le design graphique au Cégep du Vieux-Montréal. En parallèle, il souffre d’une dépendance au jeux qui infecte tous les aspects de sa vie. Entre la fuite, les dettes et le mensonge, Stéphane doit trouver un moyen de se reprendre en main. Croyant voir dans le travail à outrance une rédemption, Stéphane est engagé chez La Trattoria, un chic restaurant italien du Plateau Mont-Royal. Il fait l’expérience d’une réalité cachée : celle de l’envers du décor des restaurants. Au son des cris se mélangent le stress et la musique dans cet univers où l’alcool et les amphétamines sont pratiquement des impératifs. Il n’en reste que c’est dans ce chaos – mais aussi grâce à l’amitié et à la musique – que Stéphane arrivera à lutter contre ses afflictions les plus profondes.

Tous unis dans la misère

Peu importe le restaurant, les cuisines sont rarement glamour. Ce n’est pas différent pour La Trattoria. C’est ce que le film rappelle, comme un leitmotiv, tout au long du film. Autant sur la forme que sur le fond : le montage joue sur la dichotomie et alterne entre un restaurant chic, où les clients vivent dans la tranquillité et l’harmonie et l’atmosphère anxiogène et criarde des cuisines. Du côté restaurant, les clients sont à l’aise, les serveuses souriantes.

Mais dans les cuisines, on assiste à la vie d’une classe ouvrière qui doit se démener aux services des clients. Stéphane, en tant que plongeur, est au bas de la hiérarchie culinaire. C’est l’époque où l’égalité est loin de régner dans les restaurants, le pourboire n’est pas divisé comme dans les établissements d’avant-garde d’aujourd’hui. Ce qui ne manque pas d’exacerber les commentaires entre le service et la cuisine. Stéphane et ses collègues s’occupent des tâches les plus ingrates. Malgré cette hiérarchie, le plancher comprend assez bien que sa tranquillité repose sur le fonctionnement des cuisines. Quand la plonge est morte ou que les employés décident que c’est assez, le restaurant vire à l’enfer.

La cuisine : un chaos où naît la camaraderie. Gracieuseté d’Immina Films

Il n’en reste que c’est dans la chaleur brûlante des cuisines et dans l’humidité de la plonge que naît la camaraderie. Stéphane la partage surtout avec Bébert (Charles-Aubrey Houde). Véritable mentor, homme ravagé par la vie, Bébert rappelle souvent à Stéphane d’apprécier les bons moments : ils sont justement bons, car ils sont éphémères.

Une œuvre profondément musicale

Un aspect que le médium littéraire pouvait difficilement rendre est celui de l’aspect musical. Pour le film, la production n’a pas lésiné à sortir des grands succès musicaux de l’époque. Se mélange alors une intéressante playlist, qui va du rap au métal en passant par l’industriel et la musique québécoise. Tout au long de l’histoire, certains des moments les plus touchants tournent autour de la musique, notamment de compilations de cassettes échangées, mais aussi des souvenirs de spectacle.

Lors de l’introduction d’un personnage à l’opulence princière et empreinte de toxicomanie, les personnages entrent dans un énorme club. En arrière-fond, on entend la chanson Smack my bitch up du groupe The Prodigy. Cette chanson, qui a joué dans tout les raves party depuis 1997, rappelle l’ambiance qui plane sur tout le film : celle de la dépendance, aux jeux de hasard, mais aussi, pour d’autres personnages que le protagoniste, à la cocaïne, à l’alcool et aux amphétamines.

À l’inverse, le classique Fade to Black de Metallica est utilisé pratiquement dans son intégralité, en remémorant des expériences de deuil et de vide existentiel dans un des points culminants du film. Émotionnellement poignante, la musique souligne les moments les plus difficiles de Stéphane, ceux durant lesquels la dépendance aux jeux lui fait tout perdre, sauf la honte.

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