Alors que février est bien entamé, au temps du redoux qui vient nous agacer avant de s’en retourner; au moment où la chaleur du soleil m’atteint un peu plus profondément, lorsque celui-ci sort la tête des nuages l’espace d’un instant; lors de ces moments langoureux qui m’accablent et me clouent au lit, comme si j’attendais quelque chose… Je me dis qu’il est temps que l’hiver finisse. Il est temps de renaitre.
J’écris cette chronique en pensant à tous ces gens qui n’arrivent pas à dormir, à tous ceux qui connaissent trop de tourments à un point tel qu’ils ne peuvent plus les contrôler. Que ce soit par accablement professionnel ou personnel, le surmenage émotionnel que cela peut provoquer en chacun de nous est terrible à vivre.
Le roman que je vous présente cette semaine est du même auteur que celui dont j’avais fait la recommandation dans ma première chronique en janvier. Marie-Renée Lavoie est une jeune auteure avec très peu d’œuvres à son actif, mais dont les lignes sont si puissantes de vérité et de précision sur les petits riens de la vie qu’on ne peut pas lui en vouloir de ne pas avoir écrit plus de titres encore.
Ce roman, Le Syndrome de la Vis, digne de l’univers Lavoie, raconte l’histoire de Josée, jeune femme dans la trentaine et victime d’insomnie chronique. Elle a de plus en plus de difficultés à fonctionner en société. Professeure au cégep, elle n’arrive plus à contrôler ses accès de colère. Elle a sérieusement besoin de dormir. Et vite.
Elle offre à son lecteur le ravissement des petits riens de la vie.
C’est avec ses yeux et ses mots que Josée nous montre son univers, son petit monde où cohabitent des personnages tous plus différents et originaux les uns que les autres. Un peu comme dans La petite et le vieux, c’est cette originalité, cette disparité de personnalités, qui créent l’attachement que l’on ressent envers ces personnages. On ne peut que les aimer. Ou à tout le moins y être sensible.
L’auteur possède un don d’écriture qui permet de décrire un microcosme social dans ses plus petits détails, sans se perdre dans la description futile des choses et des gens. Tout un chacun à sa place dans cet univers. Et l’on peut difficilement y résister.
Que ce soit Joseph, le jeune garçon serviable et candide vivant dans un autre des condos de l’immeuble avec son père, ou Margot, dont seuls les doigts voletant sur son piano ont encore un peu de mémoire, ou même Trois, le chat estropié ayant survécu au passage d’une moissonneuse-batteuse; chacun des personnages joue un rôle important dans la vie de l’héroïne.
Ainsi, après un problème survenu au travail, la jeune femme doit prendre congé, afin de reprendre des forces. Elle se rend compte que les problèmes se sont beaucoup trop accumulés dans sa vie. Et qu’elle n’arrivera pas à en reprendre le contrôle si elle ne prend pas une pause.
Son couple vogue à la dérive et elle n’arrive pas à redresser la barre. Son père, mort subitement d’un cancer, continue de venir la visiter, comme si elle n’avait pas encore assumé pleinement son deuil et accepté son départ. Sa mère, toujours là pour elle, seule personne comprenant réellement son problème de vis, tente tant bien que mal de lui venir en aide, sans résultat.
Tout ce beau monde contribue à montrer qu’il existe une possibilité de s’en sortir. Josée voudrait tant changer de rôle, être quelqu’un d’autre, disparaitre dans le plancher, arrêter de ressentir cette vis qui lui martèle le crâne sans arrêt, l’empêchant de dormir et, en fin de compte, de fonctionner normalement en société. Elle voudrait être capable de sourire à la vie. Et ceux qui l’entourent participeront à cet espoir d’un jour nouveau.
L’auteure possède un don d’écriture qui permet de décrire un microcosme social dans ses plus petits détails, sans se perdre dans la description futile des choses et des gens.
Voilà le talent particulier de Marie-Renée Lavoie: celui d’offrir à ses romans une finalité pleine d’espoir et de bonheur simple. Elle offre à son lecteur le ravissement des petits riens de la vie. Elle nous offre, grâce à la lecture, une pause de notre quotidien chargé et compliqué que nous vivons tous. Et l’on voudrait presque que Josée puisse connaitre la même chose.
C’est d’ailleurs grâce à ses amis Joseph et Marco, l’invitant à faire la tournée à leur cabane à sucre afin de recueillir l’eau d’érable, que Josée connaitra une trêve à l’acharnement de la vis. C’est avec la chaleur nouvelle du soleil et le travail physique, faisant d’elle une agricultrice d’un jour, qu’elle profitera d’un certain répit émotionnel. Lequel reviendra la visiter avec le temps.
Alors, à tous ceux qui désespèrent de voir la neige disparaitre, courage. Le printemps arrive.