L’amour ne se termine pas toujours bien
Depuis le 7 décembre dernier, le Théâtre des Gens de la Place présente La Mouette de Tchekhov, et ce, jusqu’au samedi 16 décembre. Dans une mise en scène soignée et une direction d’acteurs convaincante, ce classique anime les planches de la salle Louis-Philippe-Poisson pour notre plus grand bonheur.
Triangles amoureux et mécontentement
La Mouette, c’est surtout une histoire d’amour et d’ambition déçus, une histoire de difficiles affrontements avec la réalité. Alors qu’un jeune dramaturge orgueilleux présente ses premiers écrits devant sa mère actrice et sa famille, il ne reçoit pas les acclamations tant espérées. Pire, la femme qu’il aime passionnément, et qui elle-même ambitionne de devenir actrice (comme la mère du premier), s’amourache d’un autre écrivain : plus vieux, plus célèbre, plus talentueux. Et ce n’est là que l’une des histoires des romances compliquées présentent dans la pièce
Ce n’est pas pour rien que la pièce de Tchekhov est désormais érigée au rang des classiques de la dramaturgie mondiale ; elle est universelle. Toutes et tous pourront se reconnaître dans les passions de cette jeunesse rêveuse ou dans les regrets de l’âge vénérable. Ce sentiment d’identification était d’ailleurs palpable dans la salle, à travers les yeux du public, et les regards béats qui mordaient les comédiens et buvaient leurs paroles.

Ars gratia artis
Mais La Mouette est également – et peut-être d’abord et avant tout – une pièce de théâtre qui parle de théâtre. « Il faut des formes nouvelles. Et si cela n’est pas possible, vaut mieux ne rien écrire », s’exclame le jeune dramaturge. Le résultat n’est pas toujours au rendez-vous, mais c’est l’audace qui fait tout le sel de ses écrits.
Les spectateurs de ce classique de Tchekhov assisteront donc à une représentation artistique qui les questionnera sur la place de l’art dans nos vies. Sur la place de l’amour, également bien sûr, mais surtout sur tout ce qui nous anime et nous donne la rage de vivre.
Une mise en scène captivante
Pour cette représentation, Stéphane Bélanger et Isabel Marchand (mise en scène et scénographie) ont décidé de placer les planches (littéralement) au beau milieu de la salle Louis-Philippe-Poisson. Intéressant, car ce choix permet à chaque personne du public d’avoir un point de vue privilégié sur l’action, selon les moments de la pièce ; elles sont directement en contact avec les acteurs, alors que ceux-ci effectuent des tours autour de la scène, grimpent des escaliers où se vautrent dans une chaise côté cour ou jardin (lequel est lequel, car tout dépend de la perspective). Qui a dit que le théâtre était ennuyeux?
Les acteurs sont également très vraisemblables dans leur rôle, malgré certain écarts de ton que nous mettrons sur le dos de la première représentation devant public. Elles sont tantôt des comédiennes excentriques, des vieillards amers ou de jeunes prodiges suaves. Certaines lignes permettent d’ailleurs de rire un bon coup. Somme toute, soyez assuré que vous ne ressortirez pas de la salle indifférent.
Quelle meilleur occasion de se rendre au théâtre que l’attente ardue tout juste avant le temps des fêtes. La rédaction vous recommande chaudement d’aller voir ce classique du théâtre dans une représentation toute trifluvienne!
La Mouette
Texte Anton Tchekhov
Traduction Antoine Vitez
Mise en scène et scénographie Stéphane Bélanger et Isabel Marchand
Éclairage et son Jérémy Carrier-Lévesque
Coiffure Patrice Visage
Costumes Le Costumier Chavigny
Avec Stéphane Bélanger, Frédéric Bordeleau, Jeremy-Alejandro Bouchard-Flores, Ysée Camirand-Long, Gabriel Lacoursière, Dany Lavoie, Luc Martel, Alice Pellerin, Roxanne Pellerin, Chantale Rivard