Le budget provincial sera déposé le 25 mars prochain. Annoté à l’encre rouge, espérons que celui-ci ne nous fera pas entrer dans l’austérité. Mais qu’est-ce que l’austérité et que devrions nous souhaiter pour le budget 2021-2022? Quelles seront les nouvelles priorités du gouvernement Legault?
Le dernier budget Girard avait été à quelques jours seulement de l’arrivée de la pandémie au Québec. Comme le veut la coutume, journalistes et fonctionnaires se sont réuniEs pour la grande messe économique qu’est l’énoncé du budget. Une telle scène n’est cette année pas envisageable, ainsi les présentations seront vraisemblablement en ligne.
Déjà, les cordons de la bourse se resserrent à vue d’œil.
Un budget pandémique
La dernière mise à jour économique dresse un bon portrait de la situation économique sur laquelle reposera possiblement le budget. À cette époque, le gouvernement prévoyait un retour à la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2021. Ainsi, la dépression économique ne serait que passagère et chose du passé; reste à voir si cette prédiction sera révisée. Étant à la base des revenus de l’État, le PIB influera grandement sur le budget, c’est donc à surveiller. D’un autre côté, le gouvernement Legault prévoit un retour de l’emploi, en concordance avec ces prédictions du PIB, conjugué avec un retour des exportations. Cette diverse prévision pourrait selon moi s’avérer précoce alors que la reprise débute lentement mais surement. Toutefois, la prédiction du coût de la dette gouvernementale me semble juste, en accord avec les mesures prises par la Banque Centrale.
Dans un contexte aussi incertain, il est clair que la contraction des dépenses peut être une approche tentante pour les dirigeantEs d’État; ce que certains appellent l’austérité. Selon Luc Godbout, titulaire de la Chaire de recherche sur la Fiscalité et les Finances Publiques (CFFP), l’austérité est une impulsion budgétaire, donc une variation, équivalente à un pour cent. Bien peu d’années se qualifient à cette définition, il est fort à parier que cela reviendra tôt ou tard, lorsqu’il faudra payer cette crise. Déjà, les cordons de la bourse se resserrent à vue d’œil et les deniers publics se font plus hésitants.
Quand la ceinture est serrée, il faut justifier ses dépenses!
Alors que l’exercice de consultation budgétaire n’a pas dû être de tout repos, le gouvernement Legault se devra de bien se justifier. En effet, le déficit se promet profond et celui-ci devra justifier chaque dépense encourue menant à ce déficit. C’est lorsque l’on a plus de difficulté à arriver que l’on scrute plus intensément nos dépenses, il en est de même pour un gouvernement. Nous pouvons donc nous attendre à un budget fortement justifié et défendu. Toutefois, il faut souligner que le fait d’avoir un budget est déjà un très bon exercice, alors que celui du fédéral dépasse déjà les deux ans d’âge.
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Investir ou dépenser?
Dans ce budget, il faudra départager les dépenses d’investissement des dépenses courantes. Décaisser un million de dollars pour construire une route ou pour payer une subvention salariale est fort différent. La route aura un effet bénéfique des années durant, tandis que l’effet de la subvention est plutôt limité dans le temps. Ainsi, on verra les dépenses d’investissement d’un très bon œil, tandis que les dépenses courantes sont un peu moins intéressantes. Dans le cadre d’une relance comme actuellement, il peut être tentant d’aller dans le courant, tandis que ce sont les investissements qui sont porteurs.
Quel ministère remportera la loterie?
Toutefois, toutes les dépenses courantes ne sont pas mauvaises. De bonnes dépenses courantes seraient celles permettant un progrès technique, une innovation. Financer l’innovation via l’État est quelque chose qui a été abandonné après la seconde guerre mondiale, mais qui pourrait être fort porteur. Financer le virage numérique des PME serait aussi fort intéressant. En bref, investir pour le progrès de la société de manière durable et non dépenser ponctuellement. Au dernier budget, l’argent avait été en environnement, en éducation et en innovation. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure ce budget s’inscrira en continuité ou en rupture avec celui de l’an dernier.
Le budget du gouvernement Legault sera fort probablement à surveiller le 25 mars prochain. Je serai scotché à mon écran afin de voir de quoi il en retourne, comme de nombreux économistes et médias. Pourtant, c’est un exercice qui est souvent oublié du public, car jugé complexe. Dans les faits, le budget du Québec, c’est de voir d’où vient l’argent et où celui-ci ira. Et vous, suivrez-vous le budget Girard 2021-2022?