L’Écon’homme : Décroissance, quand l’économie a le cœur sur la flotte

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Décroissance. La décroissance tant demandée par les écologistes pourrait être des nôtres dès maintenant et pour l’année à venir. En effet, l’Organisation de Coopération et Développement Économique (OCDE) a sorti de nouvelles prévisions le 19 septembre dernier qui laissaient présager le pire. Dans Le Monde, on peut même lire: décroissance comparable à 2008. Mais qu’en est-il?

Devant tel scénario, il est pertinent de se questionner sur les causes de ce ralentissement économique. En effet, un des grands déterminants de ce ralentissement est hors de tout doute le niveau d’incertitude dépassant toutes attentes. Face à cette perte de confiance des entreprises et des ménages, on ne peut demander une économie qui survit à toute turbulence. Ces turbulences sont de sources variées : protectionnisme commercial, marchés financiers instables et dettes souveraines au bord du précipice.

Alors que l’incertitude des politiques économiques a augmenté de 207% depuis l’arrivée de 2019 et le Président des États-Unis, Donald Trump n’en dérougit pas, c’est à coup de tweet que l’on voit l’économie réagir. Ce n’est pas pour rien que la volatilité boursière a augmenté de plus de 33% depuis l’élection de M. Donald Trump. Et c’est sans oublier la guerre commerciale avec la Chine, tant par ses tarifs sur l’acier qu’avec les barrières tarifaires imposées par M. Trump. Et le président chinois M. Jinping n’aide pas à améliorer le tableau.

Ce qu’il faut notamment savoir des barrières tarifaires, c’est qu’elles ont un effet de retour. En effet, une étudiante de l’Oregon, Mme Woan Foong Wong, que j’ai rencontrée récemment, a su démontrer avec simplicité et intuition que ces tarifs, peu importe la forme qu’ils ont, influent les prix de livraison par bateaux. On nomme ce phénomène le Round Trip Effect. Ce round trip effect, est dû au fait qu’aucun bateau ne repart vide d’un port, ainsi il est normal que si un bateau part plus léger, pour raison de protectionnisme, il va couter plus cher de transporter les produits restants sur le bateau. De même, si un bateau ne part pas, car celui-ci est vide, il va en couter plus cher au 2e pays, qui, lui, a un bateau plein, car il s’en retrouvera à payer pour l’aller-retour. À cela, il ne faut pas oublier d’ajouter les impacts plus standards du protectionnisme, soit l’impact sur la monnaie du pays protecteur et les doléances, qui à terme mèneront à un déclin du commerce extérieur du pays protecteur.

L’incertitude des politiques économiques a augmenté de 207% depuis l’arrivée de 2019 et Donald Trump n’en dérougit pas.

La guerre commerciale augmente inévitablement l’incertitude dans l’environnement des entreprises, ce qui reste loin d’aider la croissance économique qui bat de l’aile. Il faut comprendre : investirions-nous des capitaux dans un contexte de risques accrus, achèterions-nous de nouvelles machines sans même savoir si les ventes ne cesseront pas demain? Je ne crois pas. Ainsi, les entreprises agissent comme tel, n’investissant plus dans leurs productions et diminuant les dépenses au maximum. En réduisant ses dépenses, l’entreprise réduit le revenu disponible de la population par la bande, créant une spirale de réduction de revenus et de dépenses, menant inévitablement à une décroissance.

Au-delà des biens produits ici et envoyés à l’international, l’incertitude s’est aussi propagée aux instruments financiers (actions, obligations et produits dérivés), la volatilité (la variation du prix sur une période donnée) augmentant et les taux d’intérêt faisant des leurs, s’inversant par endroits. La volatilité a grandement augmenté, les cotes des produits financiers varient grandement, augmentant le risque pour les investisseurs, qui, bien souvent, se retirent. Pour ce qui est de l’inversion des taux, certains pays sont déjà touchés par la chose, notamment le Danemark, qui a, par endroits, des taux négatifs.

Ce n’est pas sans conséquence; les investisseurs quittent le  marché des actions pour investir dans des valeurs refuges, plus sûres : or, Franc suisse, Yens… C’est le financement des entreprises et des ménages qui, en jeu, nuisent encore une fois à leur revenu disponible et les empêchant par le fait même de dépenser plus. En économie, tout est interrelié, un monde connecté dans lequel les dépenses de l’un sont les revenus des autres, dans lequel rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

L’économie a réellement le cœur sur la flotte, mais doit-on s’en inquiéter?

D’un autre côté, il y a un concept économique fort simple qui est l’auto réalisation. C’est parce qu’on y croit que cela va arriver. En effet, la confiance énoncée préalablement ne relève-t-elle pas des individus? N’avons-nous pas un contrôle sur notre confiance comme groupe? En parler mine la confiance, ce qui inévitablement nous y mènera. Ainsi, il faut prendre l’information économique avec un grain de sel : on est maitre de notre destin, même si tous les indicateurs passent au rouge. Pour résumer, tant l’incertitude politique que le commerce international et les marchés financiers pointent une période de remous. L’économie a réellement le cœur sur la flotte, mais doit-on s’en inquiéter? Je ne crois pas!

Sources:

Incertitude des politiques économiques :

https://www.policyuncertainty.com/

The road trip effect:

Présentation au Colloque CIREQ – Macroeconomics: Trade and Networks, 20 septembre 2019

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