L’Écon’homme, c’est une dose bi-hebdomadaire d’économie, souvent tirée de l’actualité, comme c’est le cas aujourd’hui. Le 27 novembre 2019 avait lieu une conférence de M. Jonathan Durocher, Président de Banque Nationale Investissement. M. Durocher a connu une progression de carrière qui a de quoi en intéresser plus d’un : finissant son baccalauréat en 2001, celui-ci enchaine les postes au sein d’institutions financières pour devenir Vice-Président en 2008, puis Président de la société en 2014. Récipiendaire de la première place du TOP25 de l’industrie financière des personnes influentes et membre des 25 personnalités du Québec de demain par Les Affaires, la conférence s’annonçait intéressante.
L’incertitude toujours présente
Lors de cette conférence, M. Durocher exposait les erreurs communes des investisseurs, tous ces préjugés concernant la finance qui s’avèrent complètement faux en réalité. Parmi ces préjugés siègent la présence d’incertitude, la place des récessions dans le temps et l’importance du moment de l’investissement sur le rendement.
Pour débuter la conférence, il y a eu rappel d’un concept bien simple : l’incertitude est toujours présente. Celui qui patiente le moment où l’incertitude sera nulle ne réalisera jamais de rendement, mais aussi n’investira jamais dans rien. En effet, l’incertitude est partout et tout le temps. Cette omniprésence de l’incertitude s’explique en partie par l’interrelation de toutes sortes de variables économico-financières, parfois connues, et même parfois pas encore découvertes. L’environnement économique et financier est un écosystème complexe dans lequel interagissent différents paramètres allant des comportements individuels aux décisions diplomatiques, ce qui donne place à une incertitude complexe et infinie, mais c’est ce risque qui paie. En effet, le rendement n’est qu’un paiement en contrepartie d’un risque pris, n’attendons-nous pas un plus haut taux d’intérêt quand le risque est plus grand?
Toutefois, le conférencier a aussi rappelé l’emplacement des récessions dans l’histoire des marchés financiers. En effet, si l’on s’y arrête, les récessions n’ont pas lieu la majorité du temps, pourtant on annoncerait en moyenne une récession par an. Dans les faits, on parle plutôt d’une année sur huit. Aussi, les récessions sont généralement suivies de rendements forts et soutenus, appelés effets de rattrapage. Ainsi, s’appuyer sur les cycles et essayer de ‘timer’ l’économie est dès lors fort inutile, ce qui prouve sa troisième affirmation : le moment d’investissement a peu d’importance! Ainsi, M. Durocher a synthétisé le tout en disant : « Le meilleur moment pour investir est lors de la réception du chèque de paie! » On sous-estime souvent le facteur temps en matière d’investissement. Un investissement à long terme paiera toujours lorsqu’il est investi dans les marchés financiers (que ce soit boursiers, monétaires ou obligataires).
Décembre ou janvier ?
Un article du journal Les Affaires m’a fait réagir dernièrement en matière de marchés boursiers. En théorie de gestion de portefeuille, on parle souvent de filtres, des effets temporels et tendances affectant les valeurs mobilières. L’article dont il était question parlait d’une tendance selon laquelle le mois de décembre serait caractérisé par une baisse générale des titres cotés en bourse. Rappelons-nous la baisse des indices boursiers présente l’an dernier à même période. Celle-ci fût déclarée historique et représente en fait la 11e plus grande dépression des marchés, pas très loin derrière 2008. On parle ainsi de l’apparition d’un nouveau filtre financier.
Mais est-ce donc mieux de placer maintenant ou en janvier ? Maintenant! Qui pense savoir mesurer les marchés au point d’entrer au bon moment? Pas moi! De plus, l’effet de rattrapage saura ‘annuler’ cet effet baissier. Alors à bat les filtres et investissons dès le jour de paie, comme le disait si bien notre éminent conférencier!
Investir du temps
Sur une autre ordre d’idée, M. Durocher s’est fait questionner sur son parcours ma foi impressionnant : quelle est la recette pour un tel succès? Question à laquelle il a répondu avec sourire qu’il faut faire ce que l’on aime, mais y mettre des heures, beaucoup d’heures. Rien de quoi surprendre quand on sait que Jonathan Durocher est connu comme une boule d’énergie et même décrit comme tel par ses collègues. La conférence de M. Durocher avait comme ambition de vulgariser la finance au grand public et mettre à mal les théories complexes souvent remplies de préjugés faussés et négativistes. Loin de la prétention, celle-ci a rempli ses objectifs avec brio, tout en mettant de l’avant un homme plein de dynamisme et de passion. Certainement que nous entendrons parler de Jonathan Durocher dans le futur, mais d’ici là, investissez dès votre jour de paie!