L’Écon’homme: La Caisse des Québécois

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Étienne Desfossés – Chroniqueur économique

L’Écon’homme, c’est une dose hebdomadaire d’économie, souvent tirée de l’actualité ou de vos recommandations. Cette semaine, Michael Sabia, directeur de la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec (CDPQ), a remis sa démission. Mais qu’est-ce que la caisse de dépôt? Ça mange quoi en hiver? Qu’est-ce que ça a comme lien avec les banques connues comme la RBC, la Banque Nationale ou la Caisse Desjardins?

Le rôle des banques

Pour débuter, il faut savoir que les banques connues de ce monde œuvrent principalement comme institutions de dépôts; une banque qui accepte les dépôts et prête de l’argent, c’est vraiment la banque stéréotype à laquelle on pense tou.te.s.

Dans un autre ordre d’idées, les banques centrales ont un rôle majeur et global. Le rôle de la banque centrale est celui «d’alpha»: elle dicte les taux d’intérêts aux autres banques et leur impose des normes de conduite. C’est cette dernière catégorie de banque que l’on met en vedette dans La Casa de Papel, chose que j’ai expliquée de long en large dans une autre chronique.

La Caisse a deux rôles: gérer les fonds des Québécois.es et agir comme moteur de développement économique.

La Caisse de Dépôt et de Placement du Québec

Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec est une institution québécoise faisant office de fonds souverain. La mission de la CDPQ est d’administrer les dépôts des épargnants, c’est-à-dire des fonds de retraites et d’assurances venant de plus de 40 organismes publics et parapublics québécois.

Ainsi, la Caisse effectue la gestion de plus de 325 millions de dollars de Québécois et Québécoises dans le but d’assurer leur avenir, tout en permettant une présence de capitaux au sein du Québec pour des projets porteurs pour notre économie (développement de projets majeurs, investissement dans nos fleurons québécois). La Caisse a donc deux rôles: gérer les fonds de plus de six millions de Québécois.es, et agir comme moteur de développement économique du même coup.

La Caisse doit trouver quelqu’un ayant une bonne connaissance des marchés financiers internationaux et du tissu économique québécois.

Il est important de noter que la Caisse est indépendante du gouvernement, sauf en ce qui a trait à la nomination de sa direction générale. À la suite de la démission de Sabia, la banque se doit de proposer un ou une successeur.e au gouvernement pour nomination. Or, ce n’est pas chose faite, car plusieurs défis se présentent pour le prochain directeur ou la prochaine directrice de l’institution.

Un.e prochain.e directeur.rice

En effet, effectuer des rendements financiers intéressants pour les Québécois.es en période de marchés baissiers est un défi en soi, mais la Caisse doit aussi trouver quelqu’un ayant une bonne connaissance des marchés financiers internationaux et du tissu économique québécois. À ce titre, plusieurs noms ont été énoncés jusqu’à maintenant: Sophie Brochu, présidente et chef de la direction d’Énergir; Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale; et André Bourbonnais, président et directeur général chez BlackRock.

Les deux premiers ont rapidement clarifié que ce n’était pas dans leurs intentions. Toutefois, il n’en est pas de même pour M. Bourbonnais, qui a répondu aux entrevues des journalistes et confirmé qu’il «[était] conscient que son profil est celui recherché». Le candidat, s’il est retenu, devra toutefois être entériné par François Legault.

Des millions de Québécois.es prendront retraite grâce à cet homme et à son ou sa successeur.e.

L’héritage de Michael Sabia

Ce qu’il faut savoir, c’est que l’héritage de Michael Sabia est énorme. Après plus de 11 ans à la tête de la Caisse, Michael Sabia a opéré de grands changements. Malgré les critiques, Sabia a assuré un rendement annuel moyen de 9,2%. Toutefois, c’est au niveau du volume géré par la Caisse que les chiffres impressionnent: la Caisse a passé de 118 à 325 M$ sous gestion depuis 2009, soit la première nomination de M. Sabia sous le gouvernement Charest.

La principale critique qui est portée au «régime Sabia» est sa diversification internationale du portefeuille de la Caisse. Michael Sabia était un défendeur de la diversification de portefeuille, soit diversifier ce dans quoi on investit pour minimiser le risque. Toutefois, cette minimisation a mené à une diminution du poids de l’industrie québécoise dans les placements de la Caisse. Un mal nécessaire pour certain.e.s et une perte pour d’autres. De plus, cette diversification a amené son lot de défis, notamment avec les paradis fiscaux (Luxembourg, Îles Caïmans, Île de Mans) dans lesquels la Caisse se retrouve de plus en plus exposée ; plutôt ironique pour une institution publique!

Quittant la Caisse de dépôt et de placement pour rejoindre la direction de la Munk School of Global Affairs and Public Policy, Michael Sabia met fin à son troisième mandat auprès de la Caisse avec un an d’avance. Son apport est grand, mais comme tout.e politicien.ne teinté.e d’ombre, citons le cas de la filiale de la Caisse: Otera Capital, où un réseau de conflits d’intérêts a émergé sous Sabia. Mais au-delà de tout cela, ce sont des millions de Québécois.es qui prendront retraite grâce à cet homme et à son ou sa successeur.e que nous attendrons avec impatience!

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