L’Écon’homme: Les spéculateurs, ces acteurs méconnus des marchés financiers

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L'Écon'homme
Crédit image: Sarah Gardner

Les événements financiers de la dernière semaine ont remis sur la table les vieilles critiques de la spéculation boursière. Or, il n’y a pas que critiques à la spéculation boursière, bien loin de là! La spéculation boursière a ses avantages.

La spéculation est souvent vue comme péjorative, mais il s’agit en fait de l’huile du moteur financier. La saga Game Stop de la semaine dernière a fait réagir de nombreux investisseurs, car elle a montré l’impact d’une coordination des petits investisseurs. Elle a montré que les «daytraders» peuvent dépasser l’influence des fonds institutionnels lorsqu’ils coopèrent. Outre la notion de vente à découvert et de short squeeze, que je laisserai à d’autres, cette aventure a soulevé passions et il convenait d’y dédier une chronique. Bien que cette saga puisse sembler négative, il convient de se remémorer les points importants de la spéculation.

Financement d’entreprises

D’entrée de jeu, le rôle des marché financiers, c’est de financer les entreprises. Les entreprises y vendent des actions, des parts de leur propriété, en échange de fonds. Pour une entreprise, l’entrée en bourse, c’est l’accès à des capitaux jusque-là inaccessibles! Prenons le cas le plus flagrant : Tesla. Tesla, sous le sigle TSLA, cumule plus de 752 milliards de dollars en capitalisation boursière. De ce nombre, 21 milliards est du financement direct à l’entreprise. Ce financement permet des développements majeurs, dans le cas présent le développement de véhicules électriques.

Certes, ce type de financement est plus coûteux que la dette bancaire, en raison d’un risque plus grand des prêteurs. Dans le cas de la bourse, les actions sont totalement perdues si l’entreprise fait faillite. Il en est tout autrement pour une dette bancaire, qui sera remboursée lors de la liquidation de faillite.

Une liquidité nécessaire

Face à ce risque accru, il est normal que les investisseurs cherchent un moyen de sortir en cas de problèmes. À l’inverse, une entreprise en croissance rapide attirera de nombreux investisseurs qui souhaites y adhérer et profiter de cette croissance. La liquidité du marché est donc nécessaire, afin de permettre ces va-et-vient. Cette liquidité est entre autres possible grâce à la spéculation.

En opposition, on trouve les petites entreprises à capital fermé. Prenons par exemple le cas de Pierre Fitzgibbons, ministre de l’économie du Québec, qui a fait l’objet d’une mention de blâme concernant sa détention de société par actions. Autrement dit, il a été blâmé pour avoir possédé des entreprises et ne pas les avoir vendues depuis son entrée en poste. Sa défense face à ce blâme? Le manque de liquidités! Il soutient que ces sociétés n’ont pas pu trouver acheteur à un prix raisonnable. Il soutien qu’il n’y a pas de marché pour ce type d’entreprise. Pour une société cotée en bourse, il n’y a pas de tel problème, car il y a une multitude de vendeurs et acheteurs pour chaque entreprise. Ainsi, la valorisation de l’entreprise en bourse est meilleure et plus juste, grâce à l’équilibre des marchés.

La quête du bon prix

Cette liquidité et ce lot de transactions, parfois à la microseconde, mène à un effet intéressant. Elle mène à la détermination d’un prix unique. Ainsi, chaque action d’entreprise a un prix unique, que l’on peut évaluer comme le «juste prix».

Parfois, certaines actions sont jugées surévaluées (donc à prime), cela mènera donc à la vente de l’action, car on ne souhaite pas garder une action qui vaut plus que sa vraie valeur, car on anticipe une baisse du prix, on empoche donc généralement le profit afin de cristalliser notre gain. À l’inverse, une action sous-évaluée (donc à rabais) sera achetée massivement, car on anticipe une hausse du prix. Ainsi, les prix auront tendance, grâce au grand volume, à tendre vers le juste prix. La spéculation permet donc une juste valorisation de l’entreprise, l’évaluant à une valeur juste. Cette qualité étant toutefois parfois sujette à distorsion…

C’est comme des épices, mettez-en trop et c’est un mauvais mélange!

La spéculation est importante, créant un financement des entreprises, générant une liquidité sur les marchés financiers et menant à un prix unique. Toutefois, trop de spéculation n’est pas positif pour autant. L’être humain étant émotif, la flambée de la spéculation n’est rien de positif, ce qui préoccupe d’ailleurs l’Autorité des Marchés Financiers. Il est possible que la spéculation mène à la création de bulles, de distorsions ou encore de crises boursières. Ce fut d’ailleurs le cas avec la bulle des datcoms (les années 2000). Toutefois, cette crise a aussi permis l’avènement de Google, Amazon et plusieurs entreprises technologiques.

Pour résumer, la spéculation boursière a lieu depuis des siècles, Émile Zola l’a d’ailleurs présentée formellement dans son livre L’Argent, que je recommande grandement à tout mordu d’économie, de finance et d’argent! On y comprend bien les avantages et inconvénients de la spéculation, que j’ai tenté de décrire en ces lignes.

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