L’Écon’homme: les SPVS, prochains subprimes?

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éconhommeAcheter des actions de Lion Électrique avant même qu’elle ne soit en bourse. C’est le titre d’un article paru la semaine passée dans Les AffairesDe quoi rêver, alors que le gouvernement vient de leur annoncer une grosse subvention pour l’électrification des transports. Cet article parle en fait des Sociétés de Placements à Vocation Spécifique (SPVS). Toutefois, il vaut mieux en comprendre les fondements avant de sauter sur l’occasion, au risque d’y perdre des plumes!

Qu’est-ce qu’une SPVS?

Les Sociétés de Placements à Vocation Spécifique (SPVS), mieux connu sous leur nom anglais; les SPAC (Special Purpose Acquisition Company), sont des sociétés qui n’ont qu’une utilité. Comme leur nom l’indique en anglais, ces sociétés n’ont qu’une vocation, l’acquisition d’une firme. Ainsi, la SPVS est une entreprise mise sur pied afin d’en acquérir une autre. La SPVS étant cotée en bourse, elle fait un appel à l’épargne, vendant des actions afin de constituer un capital suffisant pour l’acquisition de l’entreprise convoitée. Par la suite, la coquille procède à la négociation et l’achat de l’entreprise, généralement non-cotée. Toutefois, lors de l’émission d’actions, l’entreprise n’est pas encore acquise et parfois même inconnue. La SPVS est alors une coquille vide, tout simplement. Ainsi, la valeur d’une SPVS ne tient alors qu’à la valeur de son équipe de gestion et la qualité de ses négociateurs en fusion-acquisition.

Un tel investissement est assez arbitraire et fait un peu penser au portrait de gain d’un contrat à terme: le profit est illimité et la perte limitée. En effet, si la société procède à l’acquisition à bon prix, l’investissement aura été rentable. À l’inverse, si la société échoue l’acquisition ou encore paie trop cher, l’investisseur peut tout perdre. Le plus inquiétant est que ce sont des investissements qui se démocratisent. Malgré leur complexité, ces produits séduisent la majorité, notamment les spéculateurs les plus téméraires. Or, ceux-ci ne saisissent peut-être pas l’étendue des risques.

La situation a un vrai potentiel de crise.

Fruit d’ingénierie financière

De tels produits sont le fruit de l’ingénierie financière récente. On invente de nouveaux produits, mais souvent, la législation ne peut malheureusement pas suivre le rythme de cette innovation financière. Dans le cas présent, les SPVS sont relativement bien encadrés par le gendarme de la bourse (l’AMF), mais seulement du côté de l’émission des titres. En effet, il n’y a pas de limitation à la vente au public, comme l’on retrouve pour les options et autres produits dérivés actuellement. Ce sera surement à venir, d’autant plus qu’on attend un projet de développement législatif important dans les prochains mois et prochaines années.

Subprimes 2.0

En fait, cette situation me fait bien penser aux subprimes de 2008: des produits très risqués mais vendus à rabais. À l’époque, ces prêts immobiliers titrisés (transformés en produits financiers et offert aux investisseurs) étant en fait une méthode des banques afin de refiler les prêts immobiliers à haut risque. On les regroupait pour créer un portefeuille de prêts, puis on en vendait des parts aux plus offrants. Or, quand les prêts ont arrêté de payer, les banques et les individus qui en possédaient ont déclaré faillite, eux-mêmes rendant les clés à la banque, ce qui a créé un effet de domino. Les banques ont alors resserré drastiquement la ceinture, ce qui a créé la crise financière de 2008 comme on la connait.

La recette parfaite pour une crise: un produit risqué, présenté comme tendance et vendu aux masses. Cela me fait un peu penser à la vague qui commence avec les SPAC. En effet, depuis la première vague de la COVID-19, les appels publics à l’épargne (connu sous le nom de IPO; entrés sur les marchés standards pour les entreprises), semblent laisser place aux SPAC. Cette nouvelle approche étant dans le but de rassembler plus facilement le montant de capital nécessaire à l’entrée en bourse. Ainsi, les IPO (Initial Public Offering) sont de plus en plus rares et les SPVS sont de plus en plus fréquentes. Ainsi, on assiste à l’essor d’un produit risqué, peu connu, mais prisé des investisseurs de tous horizons. La situation a un vrai potentiel de crise et ce sera assurément à surveiller!

Sur une autre note

Je tiens à prendre quelques lignes pour vous remercier de me lire. Cette chronique est la dernière avant la pause estivale et je tiens à vous exprimer ma gratitude, de me permettre par votre lecture de cultiver cet intérêt pour l’économie et la finance. -L’Écon’homme

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