L’Écon’homme: Quand le trône fait réagir!

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Crédit: Sarah Gardner

Jeudi après-midi, le huissier frappe à la porte appelant les députés à la chambre. Détrompez-vous, il n’est pas venu saisir les biens du Canada comme le ferait un huissier standard pour une personne en problèmes financiers. Il s’agit plutôt du huissier du parlement qui appelle les parlementaires à venir écouter le discours du trône. Rédigé par le bureau du premier ministre et lu par la gouverneure générale Julie Payette, le discours du trône met la table en énonçant clairement les priorités du gouvernement, à l’aube de la rentrée parlementaire.

Le plat à bonbon du fédéral était déjà large ce printemps, mais il semble grandir à vue d’œil…

D’entrée de jeu le budget est très dépensier, faisant rougir le part Néo-Démocrate (NPD), tellement les mesures y tendent vers le socialisme. Or, le gouvernement n’a pas trop le choix, car il faut maintenir l’économie à flot en période incertaine. Dans ces 15 pages de discours, le retour à l’équilibre budgétaire se fait attendre, rien de surprenant considérant la méconnaissance de la date d’arrivée d’un futur vaccin. Futur vaccin qui en plus d’immuniser les canadienNEs, sera un réel vaccin pour l’activité économique également. Dès lors, la promesse d’une mise-à-jour économique cet automne est futile, car elle reposera sur des estimations très arbitraires. Impossible de dresser un budget ou même un aperçu économique sans vaccin.

Intervenir… à tout prix

Malgré tout, le discours du trône est fortement interventionniste, ce qui n’aidera pas la dette au pays. Le plat à bonbon du fédéral était déjà large ce printemps, mais il semble grandir à vue d’œil. Au menu: assurance médicament, subvention salariale jusqu’à l’été, création de 1M d’emplois… Les mesures sont assez nombreuses pour satisfaire un peu tout le monde. Enfin. Presque tout le monde. Les agences de crédits pourraient bien voir ce discours comme une seconde hémorragie de la dette canadienne.

«Le temps n’est pas à l’austérité.»

– Julie Payette, Gouverneure générale (dans le discours du trône)

Ce qu’il faut savoir, c’est que les mesures ne sont pas toutes des mesures de soutien à l’économie, certaines étant plutôt de nature purement politique. Soutenir les travailleurEs et les entreprises est essentiel actuellement. Toutefois il ne faut pas oublier certaines interventions comme la création de nouveaux emplois, surpasser les objectifs climatiques (fixés pour 2030), réinvestir en infrastructures, création de services de garde fédéraux. Sans compter les dépenses en santé qui grimperont: appui fédéral au dépistage provincial et réinvestissement en santé. Le plan du gouvernement Trudeau expose des largesses de dépenses que j’oserais dire historiques.

La bataille des compétences

Parmi les interventions qui ont fait réagir, le respect des champs de compétences est au sommet. En effet, le discours du trône faisait allusion à l’imposition de normes nationales sur les soins de santé de longue durée, ce qui n’a pas plu aux provinces. Il faut savoir que la santé est un domaine de juridiction provinciale, en vertu de la constitution canadienne. Toutefois, les gouvernements provinciaux sortaient plus tôt cette semaine afin de demander davantage de transferts fédéraux en la matière, pour un montant approximatif de 28 milliards de dollars. Ainsi, les provinces veulent des chèques, mais pas de normes d’utilisation des fonds alloués, ce qui cadre peu avec la vision du gouvernement libéral.

Intervention de François Legault au discours du trône sur Twitter

À cette dernière confrontation, le Bloc québécois n’a pas manqué l’occasion de s’offusquer, tandis que le NPD réclame des congés-maladie payés pour les travailleurEs. Du côté des Conservateurs, on dénonce plutôt le niveau actuel de dépenses et le risque que cela représente pour la dette. C’est donc à se questionner: y aura-t-il un gouvernement libéral cet automne? Est-ce que le discours du trône attirera assez confiance pour permettre au gouvernement minoritaire de continuer son mandat?

Comme le dit le dicton, qui embrasse trop mal étreint. Le gouvernement fédéral dépense trop, mais tire-t-il un peu partout en espérant rassembler la population québécoise en vue d’une élection? Trop financer nuit à une relance! Un oisillon qu’on soigne trop ne sortira jamais du nid. Voyons où cela nous mènera…

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