Au cours des derniers mois, les BRICS (entendu Brasil, Russia, India, China, South Africa) ont généré un intérêt soudain et particulier. Plusieurs pays émergents tels que l’Argentine, la Turquie, l’Iran, l’Arabie Saoudite veulent désormais rejoindre le bloc. Tout ceci dans un conteste internationale extrêmement turbulent où les grandes puissances se livrent à un jeu d’échec.
Si certains experts voient en les BRICS une alternative à l’organisation de coopération économique (OCDE), d’autres pensent que le bloc est tout simplement un attelage disparate, car ses acteurs ont des intérêts extrêmement divergents. Il y en a même qui y voient une extension de l’influence chinoise dans les pays émergents. Bref, la dynamique des BRICS mérite qu’on s’y intéresse pour comprendre leur évolution, leur influence et leurs perspectives.
D’où viennent les BRICS
L’idée des BRICS vient d’une formule de l’économiste en chef de Goldman Sachs, Jim O’Neill, dans une étude de 2001 intitulée « Building Better Global Economic BRICS ». Très rapidement, elle devient une catégorie analytique dans les milieux économiques, financiers, commerciaux, universitaires et médiatiques. En 2006, le concept lui-même donne naissance au groupement, incorporé dans la politique étrangère du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. En 2011, à l’occasion du troisième sommet, l’Afrique du Sud rejoint le groupe, qui adopte l’acronyme BRICS.
Jusqu’en 2006, les BRIC n’étaient pas rassemblés au sein d’un mécanisme permettant leur articulation. Le concept exprime l’existence de quatre pays individuels qui ont des caractéristiques qui leur permettent d’être regroupés, mais pas en tant que mécanisme. Cela a changé lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, des quatre pays, organisée en marge de la 61e Assemblée générale des Nations Unies le 23 septembre 2006. Il s’agissait d’une première étape pour que le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine commencent à travailler collectivement. On peut alors dire que parallèlement au concept de « BRICS », un groupe a vu le jour qui a commencé à agir sur la scène internationale, les BRIC. En 2011, après l’entrée de l’Afrique du Sud, le mécanisme est devenu BRICS (avec le « s » majuscule à la fin).
Influence économique des BRICS
Le poids économique des BRICS est certainement considérable. Entre 2003 et 2007, la croissance des quatre pays représentait 65% de l’expansion du PIB mondial. En termes de parité de pouvoir d’achat, le PIB des BRICS dépasse déjà aujourd’hui celui des États-Unis ou de l’Union européenne. Pour donner une idée du rythme de croissance dans ces pays, en 2003, les BRIC représentaient 9% du PIB mondial agrégé, et en 2009, ce chiffre est passé à 14%. En 2021, le PIB agrégé des cinq pays (y compris l’Afrique du Sud) était de 25 498 milliards de dollars. La Chine qui représente 72,54%, est largement leader au sein de cette organisation. Au total, les BRICS représentent 45% de la population de la planète et près du quart de sa richesse.
En 2014, avec 50 milliards de dollars (environ 46 milliards d’euros) de capitaux d’amorçage, les pays BRICS lançaient la Nouvelle Banque de développement comme alternative à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. L’ancienne présidente du Brésil Dilma Rousseff dirige cette institution depuis le 17 mars 2023. En outre, les BRICS ont créé un mécanisme de liquidité appelé Arrangement de réserve conditionnelle pour soutenir les membres aux prises avec difficultés de paiement.
Ces offres n’étaient pas seulement attrayantes pour les pays BRICS eux-mêmes, mais aussi pour de nombreuses autres économies en développement et émergentes qui avaient eu des expériences douloureuses avec les programmes d’ajustement structurel et les mesures d’austérité du FMI. C’est pourquoi de nombreux pays ont déclaré qu’ils pourraient être intéressés à rejoindre le groupe BRICS.
Les perspectives des BRICS
Pour aller de l’avant, le collectif des BRICS réfléchit actuellement à la création d’une nouvelle monnaie pour faciliter le commerce. On rapporte que le nouvel accord financier pourrait être intervenir dès le mois d’août de 2023, lors du prochain sommet annuel prévu en Afrique du Sud. Certaines sources révèlent que la Russie serait derrière cette idée, car elle a fait face à des sanctions économiques de l’Occident pour l’invasion de l’Ukraine.
Si l’esprit des groupes des BRICS devient aujourd’hui inspirant pour de nombreuses régions du monde, il est évident qu’il faudra faire preuve d’adaptation à leurs besoins, le tout dans l’objectif de reformater l’économie mondiale dans un cadre réellement inclusif, juste et durable. En cela les BRICS peuvent devenir les initiateurs de processus d’interaction avec à terme une grande plateforme de coopération regroupant tous les pays du Sud. La Chine peut d’ailleurs donner une impulsion à toutes ces initiatives.
En ce qui concerne les grandes puissances non-occidentales, il est évident qu’il faut dès maintenant construire ces mécanismes qui à terme tourneront définitivement la page du système libéral occidental. Dans cette optique, l’Occident pourra choisir de rester isolé en poursuivant ses fameuses références à un système international qu’il contrôlait – révolu, ou d’ici là s’adapter aux nouvelles règles. Bien que cette question ne soit pas prioritaire. La priorité est représentée par la majorité de la population du globe terrestre.
Références
https://www.goldmansachs.com/insights/archive/brics-dream.html
https://www.weforum.org/agenda/2016/04/what-is-the-state-of-the-brics-economies/