Lecture intime de Stéphanie Boulay, une installation sensible

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Crédit: Stéphanie Boulay

C’est ce lundi 13 décembre que l’artiste Stéphanie Boulay présentait son installation Lecture intime. Contrastant avec l’aspect moribond du campus, l’œuvre présentait un environnement chaleureux, mais néanmoins touchant et envoûtant. Expérience multisensorielle, l’installation état située dans le local 1006 du pavillon Benjamin-Sulte, tout prêt de la Galerie R3.

Stéphanie nous présente ici une expérience d’intersubjectivité à travers cette œuvre immersive. Les adeptes d’art n’ont d’autre choix que de s’impliquer avec l’artiste qui ouvre une tranche de vie à travers cette installation. Se réclamant d’une approche autobiographique, autoethnographie et phénoménologique, Stéphanie explore l’interaction entre elle-même et les autres, à travers l’intime.

L’œuvre était située dans une pièce assez petite. Ce choix, qualifié de stratégique, permet une immersion complète. Le pari est ambitieux : l’œuvre révèle l’intime de l’artiste, mais tente à la fois de révéler celui du spectateur ou de la spectatrice. « Sans l’autre, l’œuvre n’existe tout simplement pas », explique-t-elle.

crédit: Stéphanie Boulay

Endroit chaleureux, intersubjectivité touchante

Une fois à l’intérieur, les gens sont confrontés à plusieurs objets. Sur un ordinateur joue une trame sonore. Cette dernière fait écho au journal intime de l’artiste, posé sur le bureau. Tenu spécialement pour l’exposition, le journal permet à celui ou celle qui le lit de se retrouver dans les propos qui y sont évoqués. Partie intégrante de la recherche-création, le journal est une stratégie de « communication, d’unification, de réflexion et d’introspection». L’œuvre peut se définir en deux temps : en premier lieu, l’écriture du journal, et ensuite l’installation elle-même. « Tout ce qu’il y a de plus banale, mais c’est ma vie », explique l’artiste dans le journal.  « Je n’ai jamais pris le temps avant […] D’écrire, des fois qu’on est triste ça permet de vidanger d’une certaine façon. En même temps, ça m’aide à repenser les choses. Il y a un côté positif d’un point de vue émotionnel ». Le journal vogue à la fois sur des thématiques très personnelles, mais tente parfois de rester à la limite de l’impersonnel, afin que les gens puissent s’y reconnaître.

À côté du bureau, on retrouve aussi un divan, un cellulaire et quelques objets appartenant à l’artiste. Le cellulaire permet aux gens de discuter de façon anonyme avec l’artiste, que ce soit pour des félicitations ou des confessions. Bien que l’endroit soit sécuritaire, les thématiques abordées sont parfois difficiles, car elle traite de sujet comme le suicide, deuil, absence, la maladie mentale, l’homosexualité et l’identité.

Un voyage pour soi à travers l’autre

L’atmosphère, les mots et les émotions immanentes de l’installation rappelle la houle et de fait, la couleur bleue et les références aquatiques sont omniprésentes, que ce soit les objets bleus ou, de façon plus flagrante, des photos de la mer. Cette dernière tient une place décisive dans l’œuvre de Stéphanie : « C’est plus que dans mon œuvre, c’est vraiment dans ma démarche de recherche-création. Pour moi, la mer, c’est vraiment symbolique. […] Par la mer, je parle souvent de mon père. La mer a aussi rapport avec le côté identitaire, je parle souvent des genres. Je l’effleure toujours un peu. Jouer avec les couleurs pastel c’est un peu aller chercher ce côté identitaire là, ce côté enfant. »

À la fin du journal, on retrouve la phrase « Vais-je voyager ? » faisait écho au parcours artistique de l’autrice. «  Est-ce que je vais être satisfaite de mon œuvre, et, est-ce que mon expérience va continuer ? Ou le projet va être fini ? Par fois ça arrive, on est déçu. »

Lecture intime est le premier pas d’une expérience personnelle et interpersonnelle. Pour la prochaine étape, l’artiste sera présente et lira en direct des pages du journal, afin de pousser l’interaction à un autre niveau. Parcours émouvant et dévastant dans une véritable extension émotionnelle de sa créatrice, Lecture intime réussi grandement son pari initial, celui d’établir un dialogue et une réflexion sur soi à travers les autres, via l’intimité perçue.

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