En constante évolution, le système éducatif québécois fait aujourd’hui face à de nouveaux défis liés à l’immigration et à la diversité ethnoculturelle. Ces mutations exigent une plus grande considération des enseignants spécialisés, dont la contribution au processus d’intégration des personnes immigrantes est indéniable. C’est ce qui a été souligné lors de la 2ème édition du Colloque des enseignants en spécialités, qui s’est tenu les 27 et 28 octobre au Centre intégré en pâte et papier de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Les défis de l’enseignement des spécialités
Des experts du secteur appellent à une réflexion approfondie pour mieux appréhender ces enjeux et mettre en lumière le rôle essentiel des enseignants en spécialités, souvent confrontés à des défis dans leurs interactions avec les élèves issus de l’immigration. En effet, depuis deux ans, les experts de la communauté trifluvienne, regroupant professeurs, experts, superviseurs de stages et futurs enseignants, mènent des réflexions dans le cadre du « Colloque des enseignants des spécialités » sur les défis liés à l’enseignement des spécialités dans le contexte de l’immigration et de la diversité ethnoculturelle.
Ces réflexions mettent en évidence, entre autres, l’importance cruciale des enseignants des spécialités dans le parcours éducatif des élèves issus de la première et de la deuxième génération d’immigration, en mettant l’accent sur leur contribution au curriculum des élèves. Toutefois, pour que cette contribution puisse pleinement s’exprimer, il est essentiel de valoriser le rôle des enseignants des spécialités, comme l’a souligné la professeure Mariane Gazaille, organisatrice du colloque.
Selon elle, « les enseignants en spécialités, en particulier à l’école primaire, se sentent souvent isolés ». C’est pourquoi ce colloque vise à les rassembler et à favoriser un sentiment d’appartenance à la communauté éducative. Mme Gazaille a également insisté sur la nécessité de soutenir et de former les enseignants pour mieux répondre aux besoins éducatifs d’une société de plus en plus diversifiée. C’est dans cette optique que Mme Mariane Gazaille, en tant que future formatrice des futurs enseignants en spécialités, a mis en place un cadre de concertation regroupant des professeurs spécialisés, notamment en art, éducation physique et langues secondes. L’objectif est de créer une synergie entre les différents acteurs de ce secteur, afin de se rencontrer, de susciter la passion et de favoriser la communication.
Des agents-pivots
Afin de mieux comprendre les défis liés à l’enseignement des spécialités, l’ouverture du colloque a été immédiatement suivie de la conférence donnée par la professeure Corina Borri-Anadon, qui a abordé les enjeux de l’enseignement des spécialités aux élèves issus de l’immigration. Elle a mis en avant les caractéristiques de cette catégorie d’élèves. Selon elle, ces élèves se distinguent par leur statut générationnel et le processus ayant conduit à leur arrivée au Québec, ce qui ouvre la voie à la prise en compte de la diversité ethnoculturelle dans le système éducatif québécois, avait-elle estimé.
Mme Borri-Anadon a souligné le rôle crucial des enseignants en spécialités en tant qu’agents-pivots tout au long du processus d’intégration des élèves issus de l’immigration. Elle a rappelé que les enseignants en spécialités interviennent souvent dans plusieurs écoles, enseignant à un grand nombre d’élèves, y compris ceux issus de l’immigration. Ces enseignants, a-t-elle expliqué, jouent un rôle essentiel en facilitant l’apprentissage de la langue d’enseignement et d’autres matières, contribuant ainsi à la socialisation des élèves, à leur motivation et à leur engagement. La professeure en a profité pour appeler à une reconnaissance accrue du rôle des enseignants des spécialités.
Collaboration entre enseignants
Si les l’enseignants des spécialités sont confrontés aux défis liés à l’immigration, les enseignants en spécialités connaissent des difficultés internes en matière de collaboration au sein de leur profession. Lors d’un panel sur la collaboration organisé dans le cadre du colloque, des enseignants stagiaires en spécialités ont évoqué le climat parfois « tendu » dans leur milieu de travail. Il leur faut parfois du temps pour s’adapter aux écoles où ils débutent leur carrière en tant que stagiaires, sous la médiation et le suivi des superviseurs de stage.
Des ateliers de formation
Faisant d’une pierre deux coups, les organisateurs du colloque avaient également prévu des ateliers de formation visant à renforcer les compétences des étudiants et futurs enseignants des spécialités. C’est le cas notamment de celui portant sur « la création de l’amorce motivationnelle ».
Il convient de noter que le Colloque sur l’enseignement des spécialités a été instauré en 2020, avec la première édition portant sur les enjeux des spécialistes au 21e siècle. Satisfaite du succès de cette édition, tout laisse à penser que la troisième édition sera encore plus significative que les précédentes, a prédit l’organisatrice, le sourire aux lèvres.